Victimes de la pandémie, des feux, de la pénurie de l’eau ou encore de l’arrêt de la machine économique et de la cherté de la vie, les Algériens se préparent à faire une rentrée sociale bien compliquée.
À quoi il faut s’attendre à la rentrée sociale? Les crises de l’été ont été nombreuses et ne vont pas manquer de se répercuter sur le quotidien des Algériens, déjà lourdement impacté par la crise sanitaire et ses retombées. C’est dire que les enjeux de la rentrée sociale vont être bien nombreux mais sept d’entre eux seront cruciaux et pourraient même être à l’origine de bien des tensions. Il y a en premier l’enjeu de la gestion pandémie dont la troisième vague a été particulièrement meurtrière, mettant à nu une gestion hasardeuse et un manque total de prévisions, en témoigne la grave crise de l’oxygène.
Les Algériens qui ont donc «étouffé» pendant l’été devront intégrer définitivement l’existence du nouveau virus dans leur quotidien et se convaincre que les gestes barrières, appris avec l’apparition de la Covid-19, seront dorénavant une seconde nature car pour l’heure, le vaccin protège certes, des complications de la maladie mais n’empêche nullement la circulation du virus. Le maintien d’un respect strict des mesures de prévention va permettre de réussir la rentrée sociale, déjà bien compliquée. L’adhésion, en masse à la plus grande opération de vaccination dans le pays lancée, samedi prochain, et jusqu’à la fin de l’année en cours, aussi.
C’est de ce premier enjeu que vont dépendre bien d’autres dont la rentrée des classes, retardée, d’ailleurs, de près d’une vingtaine de jours pour faire avancer considérablement l’opération de vaccination. Mais l’enjeu de la rentrée scolaire n’est pas seulement la vaccination, il y a aussi la colère du partenaire social qu’il faudra gérer car même si la tutelle s’est lancée assez tôt dans les négociations avec les syndicats du secteur, la plate-forme de leurs revendications est loin d’avoir été satisfaite totalement. Et les enseignants ne sont qu’un échantillon de milliers d’autres travailleurs dans différents secteurs qui risquent, eux aussi, de se manifester pour dénoncer la baisse du pouvoir d’achat et la cherté de la vie.
C’est là encore, un enjeu de la rentrée. Inscrit dans le Plan d’action du gouvernement, validé lundi en Conseil des ministres, ce volet portant sur l’augmentation et le soutien du pouvoir d’achat ainsi que l’amélioration de la prise en charge des catégories les plus vulnérables devra être pris en charge, rapidement, par le gouvernement Benabderrahmane au risque de voir les débrayages se multiplier mettant en péril la relance économique. Il faut dire que la crise sociale engendrée par le quasi-arrêt de l’économie, en raison de la pandémie, allonge jusqu’à aujourd’hui et de manière dramatique la liste des chômeurs. Encore un défi à relever à la rentrée, surtout que plusieurs grands secteurs moteurs de l’économie sont en panne pour un bon moment.
Que ce soient les services, avec une industrie touristique quasi inexistante, l’aéronautique, clouée au sol pour de nombreux mois, ou encore le Btph et l’électroménager, rien n’offre l’espoir d’une sortie de crise moins douloureuse que prévu. Aux chômeurs sont venus se greffer des milliers de familles victimes des derniers incendies de forêt. Les habitants des villages qui ont été complètement avalés par les flammes se retrouvent sans rien. Certes, la solidarité exemplaire manifestée par le peuple algérien leur a permis de surmonter le choc des premiers jours, mais ces derniers doivent reprendre le cours de leur vie. Leurs maisons doivent être reconstruites, leurs oliviers plantés et leurs enfants doivent reprendre le chemin de l’école. L’indemnisation et l’accompagnement donc de ces familles est un autre enjeu qui est fortement lié à celui de la sécurité et de la défense nationales. Car, il est maintenant établi que les incendies ont une origine criminelle et ont été fomentés par les ennemis de l’Algérie.
Les autorités doivent donc veiller à sa sécurité et à l’unité du peuple, mais aussi renforcer la diplomatie pour répondre aux hostilités répétées des pays ennemis. Enfin, le dernier enjeu crucial de la rentrée est la source de la vie: l’eau. Le problème se pose de manière cruciale et les autorités se démènent pour tenter d’atténuer, un tant soit peu, l’impact de cette crise sur les ménages car elles savent pertinemment que le robinet asséché risque de faire grogner la rue et peut-être même donner naissance à une «révolte de l’eau». C’est dire que l’eau est une question de Sécurité nationale et lorsque cette ressource vitale vient à manquer, il y a menace sur la stabilité. Ce dossier brûlant est sur la table du gouvernement qui devra, en priorité, trouver le moyen de désamorcer la «bombe» H2O.
Source: lexpression