Alliant assonances, allitérations, et rimes, la poésie slam a séduit de jeunes sénégalais en quête d’un moyen d’expression libérateur.
Chaque jour ils sont de plus en plus nombreux à griffonner des textes qu’ils viennent réciter en rythme sur scène. Car le slam, c’est avant tout une question de partage nous dit Bilal, artiste :
« Le slam est un art de partage où ça n’a pas de sens si tu écris ton texte mais que tu restes dans ta chambre, il ne prend pas vie. Il ne prend vie que lorsque vous vous retrouvez et que vous le partagez. Et c’est pas toujours évident d’avoir des scènes tout le temps, donc les gens s’organisent en petits collectifs où ils se voient, se corrigent et déclament leurs textes, c’est là où il y a cette vie ou cette âme dans le texte, qui fait que c’est du slam, donc il y a des collectifs partout. »
Dans le quartier de la Médina à Dakar la capitale, plusieurs collectifs de slameurs se sont créés de manière à pouvoir organiser des scènes ouvertes en nombre réduit.
Le colonialisme, le féminisme ou encore l‘amour font partie des sujets de société abordés dans les textes des poètes, ils sont divers et variés tout comme les langues adoptées pour leur rédaction.
Guilhem Sarr, sénégalais d’adoption a adopté le wolof pour s’exprimer :
« J’ai commencé à faire du slam ici au Sénégal, il y a quelques années dans différents collectifs comme « vendredi salam » et j’ai évolué. Je trouve qu’il y a une pertinence, aujourd’hui, pour partager avec les gens, de partager dans la langue des gens. Aujourd’hui ce n’est pas la même chose de raconter une histoire dans une langue qui est étrangère aux gens et le français est une langue qu n’est pas forcément la langue de la rue. La langue de la rue au Sénégal, la langue du partage, la langue du commerce, la langue de la discussion, c’est la wolof. Et il y a énormément de poésie dans cette langue, il y a énormément de profondeur et j’ai choisi cette langue pour m’exprimer. »
Un choix qui ne perturbe pas Nzengue Ulrich, coordinateur du groupe « arc en ciel slam ». Même s’il ne comprend pas toujours tout, ce qui prévaut pour lui c’est l’émotion provoquée par le rythme :
« Même si on ne comprend pas toujours ce qui est dit, mais ce qui nous emporte c’est autre chose. La rythmique que la personne met sur son texte,c’est plutôt ce truc là qui nous emporte, on ne s’intéresse pas trop à ce que la personne dit. Donc, aujourd’hui slamer en wolof ou français, ça ne pose pas de problème. »
Pour Dilaminou Theila, le slam lui permet de se libérer de ses tracas :
« Je trouve le slam comme une forme d’expression très originale. Par rapport à son origine, le slam, déjà, c’est claqué, claquer des mots. Par le slam, ça nous permet de nous exprimer et comme il est très vulgarisé au Sénégal, vraiment je suis très contente d’être venue dans ce pays et vraiment le slam, pour nous, est une forme d’expression pour nous libérer. »
Très rependu à Dakar, le slam possède aussi ses poètes dans les autres régions du Sénégal. Ces derniers ont besoin de visibilité et font parfois le trajet jusqu’à la capitale pour se produire et échanger avec d’autres artistes.
1 Commentaire