Que sont devenus les «évaporés» du Japon ?

A photo shows a restaurant area of Shinbashi in Minato Ward, Tokyo on October 25, 2021, the first day when the request to shorten business hours was lifted. In Tokyo and Osaka, all restrictions have been lifted for the first time in about 11 months due to the number of newly infected COVID-19 is decreasing. ( The Yomiuri Shimbun via AP Images )/YOMIU/21298433471467/JAPAN OUT/2110251405

Au Japon, le phénomène des johatsu, les disparus volontaires, ne cesse de s’amplifier.

On les appelle les «johatsu», les « évaporés », selon une traduction approximative. Ce mot est apparu dans les années 60, période où un grand nombre de Japonais ont compris, que, pour échapper à une situation inextricable, il existe une alternative au suicide : la disparition pure et simple. «Au Japon, il est très facile de s’évaporer. La police n’interviendra pas sans une bonne raison, comme un crime ou un accident. Tout ce que la famille peut faire, c’est de payer très cher un détective privé. Ou juste attendre. C’est tout» résume pour la BBC le sociologue Hiroki Nakamori qui étudie le phénomène depuis des années.

La vie privée demeure dans l’archipel un tabou presque absolu

Ces disparus sont si nombreux qu’un business tout à fait légal s’est construit sur cette pratique : des sociétés proposent une assistance logistiques aux johatsu, allant jusqu’à les loger temporairement dans des lieux secrets. Des centaines de personnes feraient chaque année appel à leurs services, déboursant des sommes pouvant atteindre plusieurs milliers de dollars. Pour les moins fortunés, il existe des guides de la disparition volontaire avec des titres évocateurs comme «L’évaporation parfaite : reprenez votre vie à zéro» ou «Le manuel complet de la disparition». De plus, la vie privée demeure dans l’archipel un tabou presque absolu, si bien qu’il est possible de disparaître en pleine lumière : «Personne ne vous posera de questions embarrassantes ou intrusives si vous vous installez quelque part. Les images des caméras de surveillance sont inaccessibles aux familles et les transactions financières ne sont pas tracées» explique Hiroki Nakamori.

Une situation que beaucoup de familles ont du mal à accepter: «Je comprends qu’il y a des harceleurs et que ces informations peuvent être utilisées à mauvais escient. C’est sans doute une loi nécessaire. Mais les criminels et les parents qui ne peuvent pas rechercher leurs propres enfants sont traités de la même manière aux yeux de la loi. Ça n’a aucun sens» déplore la mère d’un johatsu de 22 ans. «Avec la législation actuelle, sans argent, tout ce que je peux faire c’est de m’assurer de temps en temps qu’un cadavre retrouvé par la police n’est pas mon fils. C’est la seule chose qui me reste.»

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