MC Solaar: «Mes albums étaient pris en otages»

Paris, France - 16 octobre 2017 - Portrait du rappeur MC SOLAAR (Claude M'BARALI) fumant une cigarette v† l'entrv©e du mv©tro Porte Dauphine. Dix ans aprv®s la sortie de son prv©cv©dent disque, il revient avec un album intitulv© "Gv©opov©tique" (P

Pendant vingt ans, à la suite d’un conflit avec Universal, ses premiers albums n’ont pu être commercialisés. Un accord ayant été trouvé, « Paradisiaque » et « Mc Solaar » ressortent en un seul volume. Interview.

Paris Match. Vos quatre premiers albums sont enfin disponibles sur les plateformes de streaming et en magasin. Comment vous sentez-vous ?
MC Solaar. Ça m’a ôté un poids. Ça faisait vingt ans que nous étions coincés dans cette situation. Ces albums étaient pris en otages. Mais c’est enfin réglé, les gens vont pouvoir les réécouter. Je suis d’autant plus content que j’ai moi-même redécouvert des pépites. Je n’arrive pas à croire que j’avais entre 20 et 26 ans au moment de les composer… J’ai écrit des choses profondes, qui n’étaient pas de mon âge.

Vous reconnaissez-vous dans ces disques, encore aujourd’hui ?
Je me reconnais sur “Paradisiaque” et sur “Prose combat”, mais sur tous il y a des choses qui me parlent. Parce que j’écris et je chante des thèmes intemporels depuis toujours. Ce n’est pas du rap de réaction, c’est du rap qui prend de la distance.

“Paradisiaque” se centrait sur le quotidien d’une cité. Ces textes vous semblent toujours d’actualité ?
“Viens dans les quartiers voir le paradis où les anges touchent le RMI.” C’est très actuel. Même s’il ne faut pas généraliser. J’ai toujours fait en sorte d’éviter les clichés en mettant du second degré et en écrivant des choses très visuelles. C’était un film – les huissiers, les mecs à scooter, les difficultés… Même si mon point de vue était tranché, mon but n’était pas de faire un constat noir mais, au contraire, de dédramatiser. Surtout que je n’ai jamais vécu dans des quartiers trop difficiles.

Les rappeurs de 2021 sont-ils vraiment différents de ceux des années 1990 ?
Il y a une grosse différence : avant, les rappeurs essayaient de changer les choses ou d’alerter, ceux d’aujourd’hui n’en ont plus besoin puisque c’est déjà fait. Le rap est beaucoup plus récréatif qu’à mes débuts, bien moins engagé. Les rappeurs actuels ont autre chose à raconter. Ceux que nous écoutions voulaient plus d’éducation, parlaient des droits civiques, de l’apartheid… Tout ça n’est plus d’actualité. Orelsan, par exemple, met son thermomètre dans la société. Il parle à une génération. C’est autre chose mais c’est très fort aussi.

Il y a les tendances passagères, mais ce qui reste est ce qui n’imite rien ni personne.

C’est aussi grâce à ça que le rap s’est démocratisé.
Effectivement. J’ai vu Orelsan en festival et j’ai réalisé que les jeunes de 14 à 23 ans connaissent ses paroles par cœur et chantent avec lui, même quand son flow est rapide. Il y a vingt ans, je n’aurais jamais cru ça possible. C’était mon souhait de le voir. Maintenant, le public comprend la métrique, la technique, il connaît les fondamentaux. Bigflo et Oli, Sexion d’assaut, Nekfeu… ils ont posé chacun leur pierre à l’édifice.

Mais on vous a beaucoup reproché d’être trop intellectuel, pas assez agressif. Vous êtes donc arrivé trop tôt ?
Je ne crois pas. Avant, il fallait être militant ou gangster. Certains, dont je faisais partie, ont été vers des choses plus poétiques, éducatives, littéraires, et n’étaient pas visibles sur MTV à cause de leur différence. Désormais, c’est le contraire : il faut se démarquer. Il y a les tendances passagères, mais ce qui reste est ce qui n’imite rien ni personne.

Si j’avais 20 ans, je sortirais certainement mes morceaux les uns après les autres, comme tout le monde

Qu’est-ce qui réunit l’ancienne et la nouvelle génération du rap ?
Le rap prend des individus qui sont dans leur chambre à se demander ce qu’ils vont faire plus tard et leur donne un moyen de communiquer. Ils existent, se mettent en valeur et se sentent valorisés. Ça les prépare à vivre mieux et autre chose que “L’enfant seul” que chantait Oxmo Puccino. Beaucoup de gens n’auraient aucune estime d’eux-mêmes sans un ego trip.

À l’ère du streaming, vous restez attaché au concept d’album ?
Si j’avais 20 ans, je sortirais certainement mes morceaux les uns après les autres, comme tout le monde, mais mon cerveau est encore aligné avec l’idée de l’œuvre complète. L’album permet d’observer le moment avec plusieurs points de vue. Il fixe une époque, une pensée. Il a été créé pour des histoires de contrats à l’origine, mais c’est une bonne idée qui pousse les artistes à proposer une cohérence intéressante.

“MC Solaar”, votre quatrième album et dernier à être réédité, sonnait comme un au revoir. Pourquoi ?
Je m’étais dit que ce serait le dernier… Maintenant on sait que ce n’était pas le cas ! [Il rit.] Avec le recul, il s’agissait quand même d’une fin de cycle, à l’image de Picasso et sa période bleue. C’était le début des théories du complot et je n’ai jamais cru à tout ça. Ce disque m’a permis de faire un constat et de conseiller les gens pour les empêcher de se brûler les ailes.

Je n’ai jamais eu le réflexe du rockeur qui casse tout dans ses chambres d’hôtel, ni celui du rappeur qui roule en grosse voiture

Dans “Galaktika”, vous chantiez “Anti-star car il y en a plein la galaxie”. Vous êtes une anti-star ?
Je n’ai jamais eu envie d’être une star et personne n’a jamais crié mon nom dans la rue. J’ai créé un équilibre en proposant des morceaux grand public comme “Obsolète”, et d’autres plus écrits comme “Armand est mort” ou “La concubine de l’hémoglobine”. Ça faisait un peu peur, on me voyait comme un professeur. Oui, un professeur de 22 ans ! Et ça aidait à mettre une distance. Les gens qui me croisaient me faisaient signe de loin ou venaient me saluer discrètement. Quand je me présente, on me dit souvent : “Ah, je ne savais pas que c’était vous !” Et franchement tant mieux ! J’ai pu étudier la société, je peux continuer à observer. Quels sont les avantages de la célébrité, finalement ? Je n’en vois aucun.

Vous n’êtes pas très bling-bling non plus.
Ah non ! Je n’ai jamais eu le réflexe du rockeur qui casse tout dans ses chambres d’hôtel, ni celui du rappeur qui roule en grosse voiture. Tu peux me croiser à Châtelet avec un sandwich. Ma vie est plutôt normale. Je fais de l’ethnologie, c’est ce que j’aime. Et j’écoute de la musique, beaucoup. Rien de très original.

Vous n’avez pas été très productif ces dernières années. Cette seconde sortie vous a donné de nouvelles envies ?
J’ai envie de refaire un album. Je me vois bien en concevoir un avec des références de l’époque. Je voudrais faire le lien entre la société de mes débuts et l’actuelle. Ça va être un troisième cycle. Sur le dernier, avec “Sonotone”, je simulais d’avoir 77 ans, maintenant, c’est le temps de la renaissance.

 

5 Commentaires
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