La femme sénégalaise était réputée pour sa noirceur d’ébène, mais c’était à la belle époque. Depuis quelque temps, la plupart des Sénégalaises se dépigmentent avec les produits dits « Xeesal » (nom wolof couramment utilisé pour désigner la dépigmentation), pour diverses raisons. Elles sont souvent sous l’influence de la société ou simplement des hommes, dont certains valorisent plus la femme à la peau claire. Mais, ces produits ont souvent des effets secondaires néfastes sur la peau.
Avoir la peau claire au Sénégal, comme dans certains pays d’Afrique noire, tel est souvent le souhait de nombre de Sénégalaises, qui l’affichent fièrement. Malheureusement, ces produits utilisés par la plupart des femmes ont des effets secondaires néfastes pour la santé et détruisent la mélanine. Savons, crèmes, pommades, lotions, tout y passe. Plusieurs de ces savons éclaircissant viennent de la Côte d’Ivoire ou encore du Ghana. Vendeuse de ces produits au marché Castors, Astou Faye, garde pourtant une noirceur d’ébène, comme certaines de ses compatriotes et ne pense pas une seule fois à se dépigmenter. « Nous vendons toujours les savons qui nous viennent généralement de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Bénin, du Togo ou encore du Mali. Il y a des savons qui soignent des maladies de la peau, il y en a aussi qui éclaircissent. C’est d’ailleurs les produits éclaircissant qui sont les mieux vendus… », indique-t-elle.
« Je ne sais pas trop pourquoi les femmes aiment éclaircir leur peau. En tout cas, si c’est pour les beaux yeux d’un homme, jamais je ne le ferais. Celui qui m’aime, n’a qu’à le faire tel que je suis. Dans le cas contraire, chacun prend son chemin. Je vois souvent des femmes, qui deviennent comme des monstres à force d’utiliser les produits de dépigmentation. Ce n’est pas seulement l’effet du savon, mais elles utilisent également des produits cosmétiques qui sont dangereux, car ils peuvent éclaircir une personne en moins d’une semaine », a ajouté Astou Faye, trouvée à son lieu de travail, ce mardi 28 décembre, dans l’après-midi. Mais, nos tentatives de faire réagir les autres vendeuses de ces produits cosmétiques ont été vaines. Aucune d’elles ne veut s’adresser à la presse. « C’est une publicité négative pour nous », a fait comprendre une dame, qui tient une grande boutique et qui se dépigmente elle-même.
Léa Bouba Nanga, ressortissante du Congo Brazzaville, qui réside au Sénégal depuis plus d’une décennie, trouve vraiment dommage que des Africaines détruisent leur belle peau, en voulant devenir plus claire. « Je dirai, dans un premier temps, que c’est par pur complexe. Aujourd’hui, le monde considère comme modèle la femme à la peau claire. Donc par complexe, toute femme est considérée comme belle et appréciée, dès l’instant qu’elle à la peau claire », déplore-t-elle.
Elle a même raconté une histoire vécue à Mbour, une ville du Sénégal, à environ 80 km de Dakar et limitrophe de la station balnéaire de Saly. « Certains hommes poussent leur femme à se dépigmenter. Lorsque je travaillais sur la Petite-Côte, j’ai connu une dame, qui a commencé à faire le Xeesal, juste à cause de son mari. Parce que sa rivale le faisait et son mari appréciait mieux cette dernière. Il achetait lui-même les produits pour sa femme. C’est comme ça qu’elle a débuté avec le Xeesal, malgré elle, pour sauver son mariage. Je vois que certains hommes encouragent cela et c’est vraiment dommage. Nous sommes des Africaines, nous devrions être fières de notre peau que nous devons mettre en valeur. Nous avons de très bonnes huiles qui peuvent bien entretenir notre belle peau, nous avons du beurre de karité, du beurre de cacao, de l’huile d’olive, plein de produits qui sont à notre portée », estime-t-elle.
Il faut toutefois reconnaître que les produits dépigmentant posent un véritable problème de santé publique, beaucoup de vieilles dames qui en étaient adeptes en ont fait les frais, pour la plupart défigurées. « En plus des nombreuses complications dermatologiques qu’on observe chez les utilisatrices de ces produits, on soupçonne aussi ces derniers d’être à l’origine de nombreuses affections médicales telles que l’hypertension artérielle ou le diabète », a indiqué Docteur Amadou Camara.
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