L’interminable petit-déjeuner des policiers gambiens !

S’il existe des travailleurs qui passent toute leur matinée à prendre le petit-déjeuner, c’est bien les policiers préposés à la circulation et à la sécurisation en Gambie. Comprenez par petit-déjeuner, l’appellation que ces limiers ont donné à l’argent qu’ils demandent gentiment et poliment en guise de laisser-passer. Heureusement qu’ils ne forcent pas la main !

Oui, il y vont certes avec douceur, mais ils le réclament tout de même, en y mettant la forme. « Grand chef, vous allez où en Gambie ? », a demandé la première policière rencontrée après avoir franchi le pont de Farafenni, alors que nous avions quitté le Sénégal, pour nous rendre à Banjul, capitale gambienne. « A Banjul », avons-nous rétorqué. « Ah d’accord. Mais votre sœur n’a pas encore pris le petit-déjeuner », nous balance-t-elle, avec un petit sourire. Ce sera de gré ou de force. Nous avons préféré y aller de… gré. La main sortie de la poche, directement dans la sienne, la voie était libre.

A peine 25 autres kilomètres de parcourus, voilà un autre check-point. « D’où venez-vous monsieur ? », demande l’homme de tenue. « Du Sénégal », avons-nous répondu. « Et vous comptez vous rendre où, en Gambie ou bien vous comptez traverser pour rallier la Casamance ? », poursuit-il, avec une gentillesse déconcertante. « En Gambie, plus précisément à Banjul », avons-nous poursuivi. « Ah très bien. Puis-je voir votre laisser-passer ? », demande-t-il. Nous nous exécutons. Il conclut en demandant son petit déjeuner. Rebelote.

Quant au troisième, il a feint de nous laisser passer et nous reprocher de ne pas avoir respecté le panneau « Halte Police » dressé sur le trottoir. Il se montre furieux et nous envoie au bureau, après avoir pris le soin de nous réclamer le laisser-passer qu’il remit à son collègue de l’intérieur. Non content de ce geste, nous déclinons notre identité. « Quel est votre domaine : journaliste papier, télé radio ou web ? », demande-t-il. « Web ». Cette réponse a suffi pour que notre laisser-passer nous soit remis par celui qui nous avait imposé de nous « enregistrer » moyennant fifty dalasis (moins d’un euro). Une modique sommes certes, mais il n’a pas voulu y mettre les formes, comme les autres. Il manqua son « petit-déjeuner ».

Le suivant est lui plus diplomatique. Après les formalités d’usage, laisser-passer et assurance CEDEAO demandés et présentés, il aborde le sujet autrement. « Vous savez, le Sénégal et la Gambie sont un même pays. Les Sénégalais et les Gambiens sont des frères. Là, c’est votre frère qui vous sollicite pour prendre le petit déjeuner. Comme on dit, ‘un sac vide ne tient pas debout’. Là, je ne tient plus debout », nous lance-t-il avec un grand sourire. Moins d’un euro lui a suffi. La voie était à nouveau libre. Et c’était ainsi jusqu’à notre arrivée à Banjul. Un petit déjeuner jusqu’après le déjeuner, car il faisait 14h45 GMT.

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