L’Allemagne, grande gagnante de l’euro, a pris conscience de ses responsabilités

New German Finance Minister Christian Lindner and outgoing Finance Minister and new German Chancellor Minister Olaf Scholz attend their handing-over of office in the German Federal Ministry of Finances in Berlin, Germany, December 9, 2021. Tobias Schwarz/Pool via REUTERS

Si l’angoisse de l’inflation n’a pas disparu outre-Rhin, une nouvelle génération d’économistes plus pragmatiques a gagné en influence.

Encore un anniversaire qui tombe mal. Vingt ans après la mise en circulation de l’euro fiduciaire, l’Allemagne est précisément aux prises avec le risque le plus redouté depuis l’abandon du deutschemark : la dépréciation de la monnaie. Au mois de novembre, l’inflation a franchi outre-Rhin la barre des 5,2 % sur un mois, son plus haut niveau depuis près de trente ans.

Dans la presse populaire et conservatrice, les illustrations d’une pièce d’1 euro en train de fondre ont refait leur apparition, symbole classique de l’érosion des économies du « petit épargnant ». Les critiques contre la politique ultra-accommodante de la Banque centrale européenne, assimilée à un quasi-financement des Etats, sont devenues plus virulentes.

Les Allemands, dans leur ensemble, auraient pourtant de quoi se réjouir : ils font indéniablement partie des grands gagnants de l’euro. En 2019, une étude du Centre de politique européenne avait conclu que c’est l’Allemagne qui avait le plus profité de l’instauration de l’euro. Le pays, très dépendant du commerce extérieur, a bénéficié de la monnaie unique pour supprimer ses coûts de transaction en zone euro, et pour vendre ses produits moins cher à l’extérieur de celle-ci, grâce à un effet de change favorable. Cet effet ne se retrouve qu’aux Pays-Bas, autre grand pays d’exportation.

L’Italie et la France, à l’opposé, sont les deux pays qui ont subi les pertes de prospérité les plus importantes. Leurs économies, privées de l’instrument de la dévaluation de la monnaie, n’ont pas su trouver leur compétitivité à l’intérieur de la zone euro, expliquent les auteurs. Mais cette thèse est discutée. Une étude publiée en 2019 par l’Institut pour l’économie mondiale de Kiel conclut que l’Allemagne n’est ni le seul, ni le plus grand bénéficiaire de l’euro. « Plus un pays est petit, plus il profite de la monnaie unique », écrit Gabriel Felbermayr, coauteur du texte, qui estime que les petites économies, qui dépendent plus fortement des échanges que de leur marché intérieur, ont beaucoup profité de la baisse des coûts de transaction.

Evolution en cours

Si les controverses demeurent fortes, c’est aussi que les avis divergent sur la façon de compenser les déséquilibres, indéniables, au sein de l’Union européenne. Traditionnellement, l’Allemagne est attachée à la théorie économique de l’« ordolibéralisme », qui favorise une stricte indépendance de la banque centrale, qui se borne à assurer la stabilité des prix. Les déséquilibres devraient donc être corrigés uniquement à l’intérieur des pays, par des réformes structurelles menant à une plus forte compétitivité, et non par l’instrument monétaire ou l’endettement commun.

1 Commentaire
  1. relax 1 an ago

    relax

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