De nombreux Français estiment que l’euro a fait chuter leur pouvoir d’achat et «amplifié l’inflation». À raison ?
LA QUESTION. Pour le 20ème anniversaire de l’introduction des pièces et des billets en euro au 1er janvier 2002, la monnaie européenne joue de malchance. «Nous gardons les prix stables et votre monnaie sûre» affirme haut et fort la Banque centrale européenne dont c’est le slogan officiel et la mission fondamentale. Or l’inflation a atteint 4,9% en moyenne sur l’année écoulée dans les 19 pays de l’union monétaire européenne. Elle n’a jamais été aussi élevée depuis trente ans et la réunification allemande de 1990 ! De quoi rallumer une rancœur bien ancrée dans une large partie de l’opinion publique, particulièrement en France. Ainsi, pas moins de 51% des gens sont «tout à fait persuadés que l’euro a amplifié l’inflation », selon un sondage YouGov pour MoneyVox réalisé en ligne sur un échantillon de 1022 personnes représentatives, les 15 et 16 décembre 2021.
L’accusation qui lui est faite de contribuer à l’envolée des prix n’est certes pas nouvelle ni spécifiquement française. Dès 2002, les Allemands mécontents de devoir abandonner le Deutschemark, la clé de voûte de leur prospérité depuis 1945, l’avaient surnommé «teuro» (teuer veut dire cher en allemand). Ils redoutaient que le passage à la monnaie unique fasse valser les étiquettes. On avait tout lieu d’espérer que cette réputation disparaîtrait au fil du temps. D’autant que de 2014 à 2019, les prix à la consommation n’ont augmenté que de 0,95% l’an en moyenne dans la zone euro, au point que la BCE a même longtemps craint que l’économie européenne ne tombe en déflation !
Or la suspicion vis-à-vis l’euro demeure bel et bien, en Allemagne comme en France même si ce n’est pas pour les mêmes raisons. Simple malentendu ou défiance justifiée ?
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