Christiane Taubira tacle Emmanuel Macron: “Une faute inexcusable”

L’ancienne garde des Sceaux (ministre de la Justice), sous le mandat de François Hollande, a vivement critiqué la sortie d’Emmanuel Macron sur les non-vaccinés. Une frange de la population que le président français a “très envie d’emmerder”.
 
“Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie”, a déclaré sans détour Emmanuel Macron lors d’un entretien accordé ce mardi au Parisien. Il répondait à la question d’une lectrice qui soulignait que les non-vaccinés occupaient “à 85% les services de réanimation” et entraînaient dès lors “un report des opérations”. Selon le président français cette remarque “est le meilleur argument” pour la stratégie du gouvernement. “En démocratie, le pire ennemi c’est le mensonge et la bêtise. La quasi-totalité des gens, plus de 90 %, ont adhéré” à la vaccination et “c’est une toute petite minorité qui est réfractaire”, souligne-t-il. “Celle-là, comment on la réduit? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder”, a-t-il insisté.
 
“Propos choquants et violents”
Pour l’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira, ex-collègue d’Emmanuel Macron au sein du gouvernement Valls II, ces propos constituent tout simplement une “faute inexcusable”, a-t-elle rétorqué dans un communiqué publié sur Twitter: “On ne parle pas comme cela des Français. Les propos du président sortant sont choquants et violents. Ils constituent une faute inexcusable en excluant de fait une partie des citoyens de notre pays. Le président de la République est garant de la constitution et de l’égalité des citoyens. Il n’y a pas de Français qui ne sont rien dans notre République. Le caractère essentiel de la vaccination pour faire face à la pandémie n’autorise pas à insulter les Français, à les monter les uns contre les autres et à désigner des boucs émissaires. Une fois de plus, le président sortant fait le choix du mépris, le choix de la fracture permanente du pays pour masquer ses échecs répétés dans la gestion de la crise sanitaire. À l’hôpital, les fermeture de lits continuent. À l’école, les enseignants sont abandonnées et sous équipés face à la crise. Depuis deux ans, les échecs dans la lutte contre la pandémie doivent beaucoup à cette communication verticale qui, doublée de cette diversion vulgaire, infantilise le pays tout entier”, estime-t-elle . 
 
Un président habitué aux déclarations polémiques
Sorties à l’emporte-pièce, propos maladroits ou délibérément assumés, Emmanuel Macron a multiplié les déclarations polémiques depuis son accession à l’Élysée en 2017, relate l’AFP. Florilège.
 
“Jojo avec un gilet jaune”
Le 31 janvier 2019, M. Macron critique la couverture par les chaînes d’information en continu du mouvement social des “gilets jaunes” auquel il est confronté depuis l’automne 2018: sur leurs antennes, “Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu’un ministre ou un député!”, déplore-t-il, peu après avoir promis qu’il ferait désormais “très attention” aux “petites phrases” qui ont, selon lui, nourri “un procès en humiliation”.
 
Des pauvres qui “déconnent”
Le 15 janvier 2019, le chef de l’État déclare vouloir “responsabiliser” les personnes en situation de pauvreté car “il y en a qui font bien” et d’autres “qui déconnent”.
 
Chômeurs, traversez la rue
Le 15 septembre 2018, un jeune horticulteur au chômage rencontre Emmanuel Macron dans le parc de l’Élysée, ouvert au public pour les Journées du patrimoine. Le président lui suggère de chercher un emploi dans “l’hôtellerie, les cafés et la restauration” ou “le bâtiment”. Un emploi, “je traverse la rue, je vous en trouve!”, assure-t-il.
 
Gaulois réfractaires
En visite au Danemark, le 29 août 2018, le président français, élu un an plus tôt sur un programme de réformes, dit son admiration pour le modèle danois de “flexisécurité”, et déplore ironiquement, par opposition, “le Gaulois réfractaire au changement !”
 
“Tu m’appelles Monsieur d’accord ?”
En 2018, toujours, il recadre sèchement un collégien qui vient de l’apostropher après avoir entonné l’Internationale et qui lui a demandé “Ça va Manu?”, à l’issue de commémorations liées à la Seconde Guerre mondiale. “Tu m’appelles Monsieur le président de la République, ou Monsieur. D’accord?”, dit le président à l’adolescent qui s’excuse aussitôt. “Le jour où tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d’accord? Et à ce moment-là, tu iras donner des leçons aux autres”.
 
“Un pognon de dingue”
Dans une vidéo publiée le 12 juin 2018 par ses services sur son compte Twitter, il regrette qu’on mette “un pognon de dingue dans les minima sociaux” et que “les gens pauvres restent pauvres”.
 
“Foutre le bordel”
Le 4 octobre 2017, lors d’un déplacement dans le sud-ouest de la France, il ironise en s’adressant à un responsable local. “Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas”, dit-il, ciblant une délégation du syndicat CGT qui accompagnait des salariés licenciés d’un équipementier automobile.
 
“Les fainéants”
“Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes”, déclare-t-il lors d’une visite en Grèce le 8 septembre 2017, à quelques jours d’une mobilisation contre la réforme du Code du travail.
 
“Un pays pas réformable”
“La France n’est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n’y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes”, affirme-t-il le 24 août 2017 devant la communauté française de Bucarest. Mais “transformer” le pays “en profondeur pour retrouver le destin qui est le sien”, “ça c’est un combat qui fait rêver les Français”.
 
“Des gens qui ne sont rien”
“Une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien”, déclare-t-il le 29 juin 2017, à Paris.
 
“Kwassa-Kwassa”
“Le Kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent”, plaisante-t-il en référence aux frêles embarcations de Mayotte parfois utilisées par des migrants, lors d’une visite dans un centre de sauvetage de l’ouest de la France le 3 juin 2017.

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