Le Premier ministre du Cambodge démarre une visite diplomatique de deux jours en Birmanie, vendredi, la première d’un dirigeant étranger depuis le coup d’État du 1er février 2021. Des ONG internationales et des militants anti-junte ont conseillé à Hun Sen d’annuler sa visite. En vain.
Malgré les appels à annuler sa visite, le Premier ministre du Cambodge, Hun Sen, se rend en Birmanie, vendredi 7 janvier, pour des entretiens avec la junte. C’est la première visite d’un dirigeant étranger depuis le coup d’État mené par les militaires il y a bientôt un an.
Il a prévu d’y rester deux jours pour tenter « d’apaiser les tensions » alors que le chaos règne dans le pays depuis le coup d’État du 1er février 2021, qui a renversé Aung San Suu Kyi et mis fin à une parenthèse démocratique de dix ans. Plus de 1 400 civils ont été tués dans le cadre de la répression militaire contre les dissidents, selon une association locale de défense des droits, et de nombreuses milices anti-junte ont vu le jour à travers le pays.
Il y a « tous les ingrédients d’une guerre civile » en Birmanie, a prévenu Prak Sokhonn, le chef de la diplomatie cambodgienne, qui assure en 2022 la présidence tournante de l’Asean (Association des nations d’Asie du Sud-Est).
Hun Sen voyagera avec son ministre des Affaires étrangères et s’entretiendra avec le chef de la junte, Min Aung Hlaing, selon un communiqué du gouvernement cambodgien.
Mercredi, il a appelé à un cessez-le-feu, déclarant que « toutes les parties concernées doivent arrêter la violence ».
Une manifestation contre la visite de Hun Sen
Des ONG internationales et des militants anti-junte ont exhorté l’homme fort de Phnom Penh de renoncer à sa visite, mais il a au contraire assuré qu’il était prêt à prolonger son voyage si besoin était.
Jeudi, une manifestation contre la visite de Hun Sen, qui compte parmi les dirigeants les plus anciens de la planète, a eu lieu dans la région de Sagang, dans le nord-ouest du pays, et Amnesty International a condamné ce voyage, estimant qu’il pourrait faire plus de mal que de bien.
« Si Hun Sen veut vraiment aider, il devrait annuler ce voyage et amener l’Asean à prendre des mesures énergiques pour remédier à la situation désastreuse du pays en matière de droits humains, plutôt que de se laisser aller à des gestes vides de sens », a déclaré Emerlynne Gil, directrice adjointe de l’ONG pour l’Asie du Sud-Est, dans un communiqué.
Peu de progrès diplomatique
Les puissances internationales ont exercé une pression diplomatique sur la junte birmane, officiellement appelée Conseil d’administration de l’État (SAC), et même des alliés traditionnels des généraux, comme la Chine, leur ont apporté un soutien timide.
Souvent accusée d’immobilisme, l’Asean a tenté de hausser le ton contre les militaires birmans, en se mettant d’accord l’an dernier sur un « consensus en cinq points » accepté par la junte et supposé conduire à la restauration du dialogue.
Mais une visite de l’émissaire de l’Asean a été repoussée après que la junte a refusé de le laisser rencontrer Aung San Suu Kyi, privée de liberté.
En retour, le bloc a exclu le chef de la junte birmane d’un sommet en octobre dernier, dans un geste rare pour l’organisation souvent critiquée pour sa mollesse.
Peu de signes de progrès ont été enregistrés depuis, et les atrocités se poursuivent, avec comme dernier exemple en date le massacre de 30 personnes imputé aux militaires à la veille de Noël.