Au Burkina Faso, les autorités n’écartent plus la possibilité de discuter avec les groupes djihadistes. Le nouveau Premier ministre a ouvertement évoqué cette position lors de sa déclaration de politique générale. « Pourquoi ne pas négocier avec les ennemis », s’est interrogé Lassina Zerbo qui faisait sa déclaration de politique générale ce vendredi 7 janvier devant le parlement. Mais pour le chef du gouvernement, il faut d’abord comprendre l’ennemi et ses revendications.
De mémoire, c’est la première fois que le Burkina Faso affiche clairement sa volonté de dialoguer avec les terroristes qui déstabilisent un pan important du territoire depuis plus de cinq ans.
En Octobre 2021, le ministre de la Défense, Aimé Barthélémy avait abordé la question des négociations avec les journalistes, mais pas aussi explicitement que l’a fait l’actuel Premier ministre.
Interpellé à l’époque sur l’éventualité de discuter avec les djihadistes, le ministre de la Défense et des Anciens combattants qui a été reconduit dans la nouvelle équipe gouvernementale, avait plutôt mis l’accent sur la nécessité d’aller vers la résolution de tout ce qui est conflictualité intracommunautaire à travers des espaces de dialogue. Une évolution qui s’explique par un besoin de diversification des réponses face à la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso.
Ce pourrissement a connu son paroxysme avec l’attaque d’Inata contre un détachement de la gendarmerie. Le bilan officiel fait état de 53 victimes dont 49 militaires et 4 civils. C’est à la suite de cet assaut meurtrier que le Premier ministre a présenté sa démission et que des officiers de l’armée ont été relevés de leurs fonctions, car il a été remarqué que la mission qui consistait à réduire la violence est un échec.
Devant les parlementaires ce vendredi, Lassina Zarbo a assuré que son gouvernement « engagera diligemment des mesures d’ordre à la fois stratégique et opérationnel pour renforcer l’efficacité de l’action militaire sur le terrain ».
Toujours dans le cadre de la sécurisation du territoire, des actions seront entreprises pour améliorer la collaboration entre les renseignements, les FDS, les VDP et les populations. Selon le Premier ministre, le « gouvernement procèdera également à l’établissement de partenariats stratégiques et va poursuivre la réorganisation du dispositif de sécurité national afin d’aboutir à un meilleur maillage sécuritaire du territoire ».
« Sur le plan organisationnel, les départements en charge de la sécurité et des armées ont reçu pour mission de procéder à une coordination plus efficiente des dispositifs de renseignements, des actions des différentes unités combattantes ainsi que le renforcement de la veille stratégique au sein du commandement », soutient le Premier ministre qui annonce un renforcement des effectifs, des moyens logistiques et matériels des forces de défense et de sécurité dans le cadre de l’opérationnalisation de la Stratégie de défense nationale et de ses instruments de mise en œuvre compris dans la loi de programmation militaire 2018-2022.
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