Présidentielle : des plus sereins aux plus inquiets, où en sont les candidats dans leur quête des parrainages?

Fin janvier, la course pour obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle sera officiellement lancée. Mais les candidats s’affairent d’ores et déjà pour les récupérer.

A trois mois du premier tour de l’élection présidentielle , les candidats s’activent autour de la récolte des 500 signatures nécessaires pour se présenter. Le 30 janvier au plus tard, soit dix semaines avant le premier tour, un décret sera publié pour convoquer les électeurs et la remontée des parrainages commencera officiellement. Dans les faits, les candidats ont déjà recueilli des promesses de la part des différents élus. Alors, au 10 janvier, où en sommes-nous? Depuis quelques jours, certains affirment avoir déjà réuni leurs soutiens tandis que d’autres critiquent ce système.

Ceux qui sont sereins

Pour Anne Hidalgo, la barre est d’ores et déjà franchie. La candidate du Parti socialiste affirmait dimanche sur Europe 1 avoir recueilli ses 500 signatures. Et la maire de Paris n’a pas vraiment soutenu ses concurrents qui ont plus de mal à convaincre les élus. « La démocratie est définie par la loi. Si la loi dit que les parrainages doivent être de 500 pour chacun des candidats sur la ligne de départ, c’est la loi qui doit s’imposer », a-t-elle assuré. Avant de poursuivre : « Tant pis pour eux, ça veut dire qu’ils n’ont pas convaincu 500 maires. »

Autre candidate dans les starting-blocks : Valérie Pécresse. La championne des Républicains aurait également atteint le seuil demandé. Ce qui ne l’empêche pas d’être critique envers le système des parrainages. Interrogée sur les difficultés d’Eric Zemmour dans cette quête sur France 2, elle a confié : « Ce n’est pas possible dans une grande démocratie, quand on pèse plus de 10% des intentions de vote de ne pas pouvoir se présenter. »

Chez les écologistes, on affirme également que Yannick Jadot a atteint 500 promesses de signatures. Le candidat écologiste a profité d’une solide base d’élus constituée avec les dernières élections territoriales. L’autre candidat à miser sur son fort réservoir d’élus, c’est Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF). Si le candidat n’a pas obtenu encore tous les parrainages, il s’en approcherait.

Enfin, même s’il n’est pas encore déclaré officiellement candidat à sa réélection, Emmanuel Macron ne se fait pas vraiment de soucis pour décrocher les parrainages. Son ambition serait même de dépasser les 1.829 signatures obtenues en 2017. Pour cela, les recruteurs ont déjà reçu des consignes afin d’approcher les élus et de les cibler.

Ceux pour qui la quête est plus compliquée

Comme à chaque campagne présidentielle, le Rassemblement national monte au créneau contre ce système des parrainages. Difficultés à trouver des signatures et remise en question de la publication des soutiens : cette année, Marine Le Pen ne déroge pas à la règle. La candidate dit avoir récolté pour l’instant près de 450 engagements. Fin décembre, le porte-parole du RN Laurent Jacobelli déclarait : « Cela avance, mais c’est extrêmement compliqué » tout en plaidant pour un retour à l’anonymat des soutiens. Depuis 2017, tous les noms des signataires sont en effet visibles sur le site web du Conseil constitutionnel.

Ces critiques sont partagées par Eric Zemmour qui ne comprend pas que la liste des élus signataires ne redevienne pas anonyme. Dans le quotidien Le Monde, sa directrice de campagne Sarah Knafo explique : « Au début, les maires venaient d’eux-mêmes proposer leurs parrainages. Maintenant, les élus disent qu’ils ont peur qu’on leur enlève une subvention, d’avoir des ennuis avec la région. Et ça traîne, disons, depuis mi-décembre. » Le candidat d’extrême droite, avec 337 promesses de paraphes affichées pour l’instant, s’en est même remis à l’Association des maires de France. Cette dernière lui a répondu ne pas être compétente en la matière.

Dimanche, le directeur de la communication de Valérie Pécresse, Geoffrey Didier, a par ailleurs assuré que si un maire LR parrainait Eric Zemmour, il serait alors exclu du parti. Des propos non repris par la candidate des Républicains. A l’inverse, certains partisans LR souhaiteraient  qu’Eric Zemmour puisse se présenter afin de diviser les voix d’extrême droite.

J’ai le droit d’être présent à l’élection présidentielle, au nom de la démocratie

La récolte des signatures n’est pas une mince affaire non plus pour Jean-Luc Mélenchon, partisan également de l’anonymisation des élus signataires. Devant Le Grand Jury de RTL dimanche, le candidat des Insoumis affirme avoir « 391 promesses de parrainages ». « J’en appelle aux maires : parrainer n’est pas soutenir, c’est dire que j’ai le droit d’être présent à l’élection présidentielle, au nom de la démocratie », a tweeté le député des Bouches-du-Rhône. Lors d’une conférence de presse lundi, Jean-Luc Mélenchon, qui ne bénéficie pas dans cette campagne du vivier de parrainages issus du PCF, a demandé un « rendez-vous avec le président du Sénat, Gérard Larcher » pour qu’il « lance un appel assez vigoureux à parrainages ». 

Le candidat insoumis s’est également adressé aux « élus de la gauche traditionnelle » ne voulant pas donner leur signature tant que l’union de la gauche n’est pas réalisée. « Je leur demande amicalement et fraternellement de faire ce qu’il faut pour que l’ensemble de l’arc de ceux qui représentent le peuple soit présent. Cela ne vaut pas l’approbation de ma démarche politique, mais de la rendre possible », a-t-il indiqué. En mai dernier, Jean-Luc Mélenchon proposait par ailleurs l’instauration d’un système de parrainage citoyen. « Chaque candidat à l’élection présidentielle devra avoir été parrainé par 150.000 citoyens inscrits sur les listes électorales issus de 30 départements différents », plaidait-il alors à l’Assemblée nationale.

Ceux qui ne pourront peut-être pas refaire comme en 2017

Pour les aspirants à l’Elysée qui pèsent un peu moins dans les sondages, la multiplication des candidatures à l’extrême droite comme à gauche n’est pas une bonne nouvelle. En 2017, Jean Lassalle en avait obtenu 708, Nicolas Dupont-Aignan 707, Nathalie Artaud 637, François Asselineau 587 et Philippe Poutou 573.

Cette année, Jean Lassalle se dit déjà proche des 500 signatures. « J’ai passé les 450 sans avoir trop forcé, les maires sont plutôt enclins à me les donner », a-t-il déclaré dans Sud-Ouest. Les décomptes progressifs du Conseil constitutionnel jusqu’à la date limite de dépôt confirmeront ou infirmeront cette tendance. L’équipe de Nicolas Dupont-Aignan, elle, se montre plus inquiète. En décembre, elle confiait n’avoir que « très peu d’engagements signés ». En ajoutant François Asselineau, Florian Philippot , Marine Le Pen et Eric Zemmour à l’équation, les signatures de tous ceux se plaçant sur un créneau souverainiste risquent d’être difficiles à obtenir.

A gauche, le problème est peu ou prou le même. La multiplication des candidatures complique la vie des « petits candidats ». Fin novembre, Philippe Poutou comptait près de 170 parrainages. « Le problème que l’on a, c’est avec les parrainages, difficiles à obtenir, surtout avec les maires des petites communes. C’est moins compliqué avec un visage connu et installé », confiait alors le candidat du NPA sur France Inter. Pour Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), il s’agit « d’un vrai effort militant » mais, ajoute-t-elle auprès de Ouest-France, « nos camarades, qui font ce travail depuis toujours, ont l’habitude ».

Ceux pour qui la mission est quasi impossible

A chaque élection présidentielle, nombre de candidats déclarés se retrouvent sur la touche, faute de parrainages. En partie à cause de leur manque de visibilité et d’élus affiliés. Sur la vingtaine de ces « petits » candidats recensés par le JDD , combien relèvera cette tâche? Parmi eux, Anasse Kazib, de Révolution permanente, revendiquait 150 signatures à la mi-novembre. Florian Philippot, leader des Patriotes!, assurait pour sa part en novembre avoir grapillé près de 200 appuis. Enfin, Hélène Thouy, du Parti animaliste, s’estime capable de parvenir à se qualifier mais ne donne aucune indication.

Le système des parrainages, c’est quoi?

Créé en 1962, le système des signatures permet de filtrer les prétendants à l’élection présidentielle, notamment en évitant les candidatures les plus farfelues. Les candidats à l’Elysée doivent ainsi récupérer au moins 500 signatures sur quelques 40.000 élus (parlementaires, maires, conseillers départementaux, régionaux et territoriaux…). Ces parrainages doivent provenir d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer différents. Cette année, le Conseil constitutionnel doit recevoir toutes les signatures avant 18 heures, le 4 mars.

Journaldudimanche

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

You may like