Les enseignants, exaspérés par la valse des protocoles sanitaires liés à l’épidémie de Covid-19, sont appelés à une grève jeudi, qui devrait entraîner la fermeture de la moitié des écoles en France. Car si les établissements scolaires restent ouverts alors que la pandémie connaît des records de contaminations, les enseignants jugent très difficile de continuer à exercer leur métier.
Ce jeudi s’annonce noir dans les écoles. Les enseignants devraient se mobiliser massivement, jeudi 13 janvier, exaspérés par la valse des protocoles sanitaires liés à l’épidémie de Covid-19.
L’ensemble des syndicats de la profession ont appelé à la grève dans les écoles, les collèges et les lycées. Ils dénoncent « une pagaille indescriptible » dans les établissements scolaires en raison de l’épidémie de Covid-19 et des protocoles sanitaires.
« Le gouvernement annonce des choses, mais on ne réfléchit pas à ce que cela signifie pour les personnels sur le terrain : c’est infernal ce qu’on nous demande et donc ça part à vau-l’eau », témoignait cette semaine Olivier Flipo, directeur d’une école dans le Val-d’Oise.
Selon les prévisions du Snuipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, 75 % des enseignants du premier degré pourraient ne pas franchir jeudi le portail des écoles, dont la moitié devraient donc être fermées. L’organisation syndicale évoque « une mobilisation historique par son ampleur sur ces vingt dernières années ». Ce « n’est pas une grève contre le virus mais cela illustre le ras-le-bol grandissant dans les écoles », dit le syndicat, en référence aux propos du ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui avait parlé d’une « grève contre le virus ».
« On ne manifeste pas contre un virus mais contre les conditions d’accueil des élèves », explique à l’AFP Anne, professeure de mathématiques dans un collège à Nice. « On compte 14 absents sur une classe de 29 élèves, en 3e. On ne peut pas assurer un enseignement correct à tout le monde au même moment », déplore cette professeure gréviste qui ira manifester.
Depuis 2000, la plus forte mobilisation dans l’éducation date du 13 mai 2003, lorsque les enseignants s’étaient mis en grève pour protester contre la réforme des retraites de François Fillon. Le taux de grévistes avait alors atteint 74 % dans le premier degré, 70,5 % au collège, 65 % en lycée général et technologique et 62,2 % en lycée professionnel.
« Depuis de nombreuses années, nous n’avons pas vu un ensemble aussi compact et unitaire de syndicats, à la fois du premier, du second degré, mais aussi de l’encadrement », explique l’historien de l’éducation Claude Lelièvre dans un entretien à Libération. « C’est tout à fait exceptionnel. De ce point de vue-là, cette journée et cet appel sont manifestement historiques. »
Jean-Michel Blanquer, un ministre dans la tourmente
Et la tension monte, avec un ministre de l’Éducation autrefois bon élève du gouvernement et aujourd’hui dans la tourmente. Face aux appels à la démission, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a assuré mercredi que l’exécutif était « très en soutien » de son ministre Jean-Michel Blanquer.
« Soit on veut créer des polémiques, ce qui est assez facile vu les difficultés que pose ce virus, soit on cherche l’union nationale autour de notre école », s’est défendu le ministre de l’Éducation mercredi devant le Sénat.
Dans un communiqué, la mission commune d’information au Sénat sur les conséquences de l’épidémie a dit « déplorer le pari du gouvernement face à la flambée de l’épidémie dans les écoles ».
L’appel à la grève a été lancé par la quasi totalité des syndicats enseignants : Snuipp-FSU, SE-Unsa, Snes-FSU, Snalc, CGT Éduc’action, SUD Éducation, FO et Sgen-CFDT.
Et pour une fois, ce mouvement a reçu des soutiens au-delà de la sphère des professionnels de l’éducation. La FCPE, première organisation de parents d’élèves, a signé l’appel à la grève et invité les parents à se mobiliser jeudi pour protester contre la gestion par le gouvernement de la crise sanitaire à l’école.
L’Unaape (Union nationale des associations autonomes de parents d’élèves) appelle elle aussi « à soutenir par solidarité le mouvement de toutes les équipes éducatives » et à « ne pas envoyer les enfants à l’école jeudi », selon son président, Patrick Salaün.
Même le principal syndicat de chefs d’établissement, le SNPDEN-Unsa, « s’associe » au mouvement de protestation.
AFP
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