Le bras de fer juridique continue entre le gouvernement australien et le champion de tennis Novak Djokovic, qui a été intégré jeudi au tableau de l’Open d’Australie mais demeure sous la menace d’une expulsion.
Le gouvernement australien fait durer le suspense dans l’affaire du visa de Novak Djokovic. Alors que le numéro 1 mondial du tennis mondial a été ajouté au tableau de l’Open d’Australie, jeudi 13 janvier, le ministre de l’Immigration n’a pas encore rendu sa décision quant à la possible expulsion du champion.
Les espoirs du Serbe de 34 ans de remporter un 21e titre record en Grand Chelem sont plus que jamais menacés, depuis qu’il a reconnu avoir commis des « erreurs » dans son comportement après avoir été testé positif au Covid-19 en décembre et en remplissant son formulaire d’entrée en Australie.
S’il n’est pas expulsé, il sera opposé à son compatriote serbe Miomir Kecmanovic (78e) au 1er tour de l’Open d’Australie, selon le tirage au sort effectué jeudi avec plus d’une heure de retard.
Les organisateurs n’ont pas précisé si ce retard était dû aux incertitudes quant au sort de Djokovic, alors que le gouvernement envisage pour la deuxième fois d’annuler son visa.
Une première annulation de ce précieux sésame par les autorités a été révoquée le 10 janvier par un juge australien, une décision qui a fait grand bruit.
Jeudi après-midi, le Premier ministre, Scott Morrison, a affirmé qu’aucune décision n’a encore été prise concernant une éventuelle annulation du visa et expulsion du joueur.
La position du ministre de l’Immigration, Alex Hawke, qui avait dit être en train de réfléchir à une annulation en vertu de ses pouvoirs discrétionnaires, « n’a pas changé », a ajouté Scott Morrison au cours d’une conférence de presse.
Il a rappelé que la décision était entre les mains du ministre, avant de se refuser à tout autre commentaire.
Le directeur de l’Open d’Australie et président de la Fédération australienne, Craig Tiley, l’un des principaux acteurs du fiasco Djokovic, a refusé de répondre aux questions des journalistes à l’issue du tirage au sort.
Une affaire politique
Selon le Melbourne Herald Sun, un responsable du gouvernement a affirmé qu’autoriser Djokovic à rester en Australie sans être vacciné contre le Covid-19 créerait un dangereux précédent.
Cette source aurait affirmé qu’une annulation du visa serait dans la droite ligne des efforts déployés par l’île-continent pendant des mois pour lutter contre la propagation du virus.
La bataille juridique que livre le gouvernement dans cette affaire revêt un caractère politique dans ce pays qui est parmi ceux à avoir connu des restrictions parmi les plus draconiennes de la planète, et à quatre mois d’élections générales.
« La politique australienne est de ne pas autoriser l’entrée sur son territoire des personnes non vaccinées. Comment en sommes-nous arrivés là, cela dépasse mon entendement », a déclaré jeudi le chef de l’opposition travailliste, Anthony Albanese. « Comment se fait-il que Novak Djokovic ait pu venir ici ? »
Le gouvernement de l’État de Victoria, où se situe Melbourne qui accueille l’Open d’Australie, a aussi annoncé jeudi que la capacité d’accueil du public sera limitée à 50 % en raison d’une hausse du nombre de cas de Covid-19 et des hospitalisations dans la région.
Une « erreur de jugement »
Novak Djokovic est arrivé à Melbourne le 5 janvier, en se prévalant d’une exemption de vaccination contre le Covid-19 due à un test positif daté du 16 décembre.
Les services d’immigration ont rejeté cette demande de dérogation en déclarant qu’une infection récente était une raison insuffisante. Ils ont annulé son visa et le joueur a été placé dans un centre de rétention.
Mais l’équipe de juristes de Djokovic a réussi à faire annuler cette décision le 10 janvier par un tribunal, pour une question procédurale liée à son interrogatoire à l’aéroport.
Sur Instagram, le numéro 1 mondial a admis mercredi des « erreurs », pour n’avoir pas respecté les règles d’isolement en Serbie après sa contamination et avoir rempli de façon incorrecte son formulaire d’entrée en Australie.
Le joueur aux vingt titres majeurs a assuré avoir effectué deux tests antigéniques négatifs avant des événements en public les 16 et 17 décembre à Belgrade.
Il reconnaît en revanche une « erreur de jugement », lorsqu’il a reçu, se sachant malade asymptomatique, le quotidien français L’Équipe pour une interview le 18 décembre.
Djokovic plaide aussi « l’erreur humaine » pour expliquer comment une mauvaise case dans son formulaire d’entrée a été cochée.
Ce document, largement diffusé par les médias australiens, montre qu’il a attesté ne pas avoir voyagé dans les 14 jours précédant son arrivée. Or, il était en Serbie puis en Espagne.
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