Des militaires et des hommes armés ont échangé des tirs mercredi dans l’ouest du Cameroun en proie à un sanglant conflit entre l’armée et des séparatistes anglophones, dans la ville de Buea abritant des équipes en lice pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football, ont indiqué jeudi des sources militaire et humanitaire.
Aucune information officielle sur ces affrontements ni sur un éventuel bilan n’ont encore filtré au lendemain des tirs, qui n’ont pas non plus été revendiqués.
Des groupes armés sécessionnistes, qui réclament l’indépendance de deux régions de l’ouest habitées principalement par la minorité anglophone du Cameroun, avaient menacé avant l’ouverture de la CAN dimanche de perturber le déroulement de la compétition-reine du football africain.
« Les séparatistes ont attaqué plusieurs quartiers de Buea, les renforts de l’armée sont arrivés et ont riposté », a affirmé à l’AFP un haut responsable militaire contacté par téléphone et qui a requis l’anonymat. « Cela s’est produit au terme de l’entraînement de la sélection du Mali, donc cela n’a pas eu d’influence sur la séance d’entraînement de l’équipe », a assuré l’officier.
Buea est le chef-lieu du Sud-Ouest qui, avec le Nord-Ouest, sont les deux régions à majorité anglophone dans un pays habité à 80% par des francophones.
« Il y a eu des échanges de coups de feu nourris entre militaires et séparatistes », a confirmé à l’AFP par téléphone Me Agbor Balla, directeur de l’ONG Centre for Human Rights and Democracy in Africa. « Plus les séparatistes avançaient vers le centre-ville, plus c’était la panique », a précisé l’avocat, qui évoque un mort dans les combats, « qui portait une tenue civile », et un blessé. Aucune autre source n’a confirmé ce bilan.
Depuis cinq ans, après la répression de manifestations pacifiques accusant le pouvoir central et la majorité francophone du pays d’ostracisme à l’égard des anglophones, séparatistes armés et militaires s’affrontent dans un conflit meurtrier.
Des ONG internationales et l’ONU blâment régulièrement les deux camps pour des crimes et atrocités visant les civils.
Le conflit a fait plusieurs milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés depuis début 2017, selon l’ONU et les humanitaires.
Quelques semaines avant le début de la CAN, certains groupes armés ont promis de perturber la compétition et envoyé des lettres de menace aux équipes qui doivent jouer leurs matchs à Limbé, station balnéaire du Sud-Ouest, et s’entraîner à Buea.
Agence France-Presse
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