Un ancien conseiller du Premier ministre, Dominic Cummings, affirme avoir personnellement mis en garde Boris Johnson sur la tenue d’un de ces événements, pour lequel une centaine d’invitations avaient été envoyées.
Le « Partygate » aura-t-il la peau de Boris Johnson ? Empêtré dans la polémique, le Premier ministre britannique a « catégoriquement » réfuté ce mardi 18 janvier avoir été prévenu qu’une fête contraire aux règles anti-Covid serait organisée à Downing Street en mai 2020, comme l’en accuse son ancien conseiller Dominic Cummings.
Dévoilé par la presse, le « partygate », des pots qui auraient été organisés à Downing Street malgré les drastiques restrictions anti-Covid, a plongé Boris Johnson dans la pire crise depuis son arrivée au pouvoir à l’été 2019.
La semaine dernière déjà, il avait dû présenter ses excuses au Parlement après de premières révélations sur sa présence à une fête le 20 mai 2020 dans le jardin de sa résidence officielle. Le tout en plein confinement. Il affirmait alors avoir pensé qu’il s’agissait d’une réunion de travail.
Mais Dominic Cummings, cerveau de la campagne victorieuse pour le Brexit, affirme avoir lui-même mis en garde Boris Johnson avant la tenue de cet événement, pour laquelle le secrétaire particulier du Premier ministre avait envoyé une centaine d’invitations enjoignant les destinataires à « apporter leur alcool ».
« Le Premier ministre a été prévenu à propos de ces invitations, il savait que c’était un pot, il a menti au Parlement », a écrit sur son compte Twitter celui qui lance régulièrement des attaques contre son ancien chef depuis son départ fin 2020 dans un contexte de luttes intestines. Dans un billet de blog, il a également accusé Boris Johnson d’avoir balayé ses inquiétudes quand il lui avait demandé de « reprendre en main cet asile de fous ». Et s’est dit prêt à le « jurer sous serment ».
Interrogé, Boris Johnson dément à nouveau : « Je peux vous dire catégoriquement que personne ne m’a dit qu’il s’agissait de quelque chose qui contrevenait aux règles anti-Covid, que ce n’était pas un événement de travail », a-t-il plaidé en renouvelant ses excuses ce mardi face aux caméras de télévision en marge d’une visite d’un hôpital londonien.
Pressé par une journaliste, il a toutefois refusé de dire que les accusations de Dominic Cummings étaient mensongères, préférant mentionner des « erreurs ».
Un mensonge au Parlement pourrait lui coûter son poste
Déjà fragilisé par une multiplication des appels à la démission, même dans les rangs conservateurs, et des sondages désastreux, Boris Johnson joue gros. Tromper délibérément le Parlement peut lui coûter son poste, en vertu du code de conduite ministériel.
Mais interrogé à plusieurs reprises sur une possible démission, il a systématiquement éludé, renvoyant aux conclusions attendues prochainement d’une enquête interne menée par Sue Gray, haut fonctionnaire réputée pour son intégrité.
Avant son fracassant départ de Downing Street, Dominic Cummings avait lui-même été pointé du doigt pour avoir contrevenu aux règles anti-Covid au printemps 2020 en effectuant des déplacements avec sa famille en plein confinement, ce qui était interdit.
Boris Johnson doit-il démissionner si un mensonge au Parlement est avéré ? « Le code ministériel est clair à ce propos », a répondu son ministre des Finances Rishi Sunak, perçu comme un potentiel candidat à sa succession. Il a toutefois dit « bien sûr » croire le Premier ministre, appuyant « pleinement » son appel à la « patience » en attendant les résultats de l’enquête interne.
Pour le Parti travailliste, principale formation d’opposition, il n’est en revanche pas opportun d’attendre. Sa numéro deux, Angela Rayner, a appelé le Premier ministre à « dire la vérité » et à « démissionner » plutôt que de « se cacher dernière des enquêtes internes ».
Selon les médias britanniques, Boris Johnson prévoit une série de mesures aux accents populistes surnommées « Opération os à ronger » pour sauver son poste et reconquérir sa base. L’une d’elles, le gel de la redevance de la BBC annoncée lundi, a suscité la controverse.
Dans les coulisses des conservateurs, une autre « opération » se met en place : « Operation Save big dog » ou « Sauvetage du gros chien », comme l’ont titré le « Daily Mail », « the Independent » et « the Guardian » : certains collaborateurs gênants, dont le secrétaire à l’origine des invitations de l’événement du 20 mai, ont été priés de prendre la porte afin de lisser l’image de Downing Street. Difficile de savoir si cela suffira à sauver la peau de son principal occupant.
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