Des chauffeurs maliens oisifs errant devant le port de Dakar. Cela fait déjà une semaine que Lamine et Cheikh espèrent un allègement de l’embargo et de la fermeture des frontières des pays de la Cédéao avec leur pays.
« Nous, nous sommes des chauffeurs. Nous venons chercher les véhicules pour le Mali. Depuis lundi jusqu’à présent, tout est bloqué », a déclaré Lamine Dagamaissa, chauffeur de véhicules d’occasion en transit.
« Franchement, nous sommes en difficulté ici. Nous avons des familles qui sont au Mali, et il y a des centaines de véhicules ici. Ça c’est une perte pour nous ! Ça ne va pas car les véhicules sont des commandes, regrette Cheikh Koné », lui aussi chauffeur.
Le plus grand perdant
Le plus grand perdant, c’est le Sénégal, affirment plusieurs exportateurs sénégalais qui ont préféré garder l’anonymat.
Pour El-hadj Matabara Dieye, chef transit à Transit moderne du Sénégal, les pertes seront énormes à court terme, non seulement au port de Dakar mais aussi dans plusieurs autres secteurs d’activité.
« Si ça perdure, il y aura des conséquences vraiment extraordinaires dans ce port. Imaginez que tous les conteneurs qui devraient être acheminés au Mali restent là. Notre port sera bourré de conteneurs et il n’y aura plus de places pour recevoir les navires qui vont arriver. C’est ça notre inquiétude. Le pays perd dans la mesure où les débarquements, les transports, les camions qui prenaient leur carburant ici pour aller au Mali, toutes leurs marchandises passent par le Sénégal. Donc économiquement, nous serons impactés », a souligné El-hadj Matabara Dieye.
Selon l’économiste Ndongo Samba Sylla, qui a cité dans l’un de ses tweets l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, « le Mali, comme destination à l’exportation, avec 474 milliards de francs CFA en 2020, est plus important pour le Sénégal que tous les pays de l’Union européenne réunis. »
Il en déduit qu’en acceptant les sanctions de la Cédéao contre le Mali, le Sénégal se tire une balle dans le pied.
dw