Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, se rencontrent vendredi à Genève, en Suisse, pour discuter des tensions croissantes à propos de l’Ukraine, malgré les fortes divergences de points de vue et la centaine de milliers de soldats russes massés aux frontières ukrainiennes.
Les chefs de la diplomatie américaine et russe se sont donné une poignée d’heures, vendredi 21 janvier à Genève, pour une ultime tentative de désamorcer la crise ukrainienne, Washington soupçonnant Moscou de vouloir envahir son voisin malgré des menaces de lourdes représailles.
La rencontre entre Sergueï Lavrov et Antony Blinken dans un palace du bord du lac Léman est le dernier pas de deux d’un intense ballet diplomatique qui avait commencé il y a 11 jours, déjà à Genève, entre leurs adjoints.
Ils avaient convenu de continuer à dialoguer malgré les fortes divergences de points de vue et la centaine de milliers de soldats russes massés aux frontières de l’Ukraine.
Si la séquence diplomatique du 10 janvier avait duré près de huit heures, le face-à-face Blinken-Lavrov ne devrait pas excéder deux heures.
Les deux hommes, négociateurs chevronnés, se connaissent depuis de nombreuses années. Antony Blinken a la réputation d’un calme inébranlable, Sergueï Lavrov est plus sanguin et a le verbe mordant.
« Une réponse rapide, sévère et unie »
« Nous sommes confrontés à des problèmes complexes et les résoudre prendra du temps. Je ne m’attends pas à ce que nous les réglions à Genève », a dit jeudi à Berlin Antony Blinken, qui table sur une « compréhension mutuelle » et une désescalade côté russe pour apaiser les tensions.
Mercredi, le président Joe Biden a jugé que son homologue Vladimir Poutine « va entrer » en Ukraine et il lui a promis « une réponse rapide, sévère et unie des États-Unis et de nos alliés » si l’armée russe franchit la frontière.
Le Kremlin a dénoncé jeudi les remarques « déstabilisatrices », qui pourraient donner des idées « aux têtes brûlées parmi les représentants ukrainiens ».
La Russie, qui soutient déjà la rébellion dans l’est du pays qui a fait plus de 13 000 morts depuis 2014 et a annexé la Crimée, nie tout projet d’invasion. Mais le Kremlin insiste sur des garanties écrites pour sa sécurité, y compris sur la promesse que Kiev n’intègrera pas l’Otan et que l’Alliance ne cherche pas à s’étendre dans ce qu’elle considère comme son pré carré.
Les États-Unis ont déjà opposé une fin de non-recevoir à ces demandes, jugées déraisonnables.
Nouvelle guerre froide ?
Antony Blinken arrive à Genève après une tournée express qui l’a mené de Kiev à Berlin, la ville symbole de la réunification de l’Europe après la guerre froide, pour y discuter avec les alliés allemands, français et britanniques.
« Laisser la Russie violer ces principes en toute impunité nous ramènerait tous vers des temps plus dangereux et plus instables, lorsque ce continent – et cette ville – étaient coupés en deux, séparés par un no man’s land quadrillé par des patrouilles de militaires, et lorsque la menace d’une guerre totale pesait lourdement sur la vie de chacun », a rappelé Antony Blinken dans un discours prononcé avant son départ pour la Suisse.
« Cela enverrait également le message, à d’autres à travers le monde, que ces principes peuvent être sacrifiés », a-t-il mis en garde.
Mais la porte n’est pas tout à fait fermée pour autant, l’administration Biden ayant répété à plusieurs reprises qu’elle était prête à discuter des craintes des Russes pour leur sécurité.
Lors des premiers entretiens la semaine dernière en Suisse, la secrétaire d’État adjointe américaine Wendy Sherman a proposé de s’inspirer du défunt traité de désarmement sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), signé pendant la guerre froide avec Moscou.
En 2019, l’ancien président américain Donald Trump s’était retiré du traité, accusant la Russie de violations.
Mercredi, le président Biden s’est dit prêt à un nouveau sommet avec Vladimir Poutine, après celui du 16 juin 2021 à Genève.
La Russie n’a pas dit non aux propositions sur les missiles et les manœuvres mais rappelé que là n’était pas l’essentiel. Pour faire bonne mesure, elle a annoncé jeudi des manœuvres navales d’envergure en janvier et février dans l’Atlantique, l’Arctique, le Pacifique ou encore la Méditerranée.
Le chef de la diplomatie américaine a exhorté mercredi Vladimir Poutine à choisir la « voie pacifique » et il a aussi fait clairement savoir qu’il ne proposerait pas de réponses écrites aux demandes très détaillées faites il y a quelques semaines par les Russes sur les points de contentieux.
Pour Washington, l’heure tourne, et la semaine dernière les États-Unis ont accusé la Russie d’avoir « prépositionné » des agents en Ukraine pour mener une opération qui puisse servir de « prétexte pour une invasion ».
AFP
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