Au moins 16 membres du groupe État islamique ont été tués dans un assaut toujours en cours contre la prison de Ghwayran, contrôlée par les forces kurdes en Syrie, a rapporté vendredi une ONG syrienne. Cette dernière affirme que 18 membres des forces de sécurité kurdes ont également été tués dans l’assaut lancé jeudi.
Des combats intenses opposent, vendredi 21 janvier, dans le nord-est de la Syrie, les forces kurdes à des combattants de l’organisation État islamique (EI), qui ont lancé une attaque meurtrière contre une prison, d’où se sont évadés des détenus jihadistes.
L’assaut a été lancé dans la nuit de jeudi à vendredi contre la grande prison de Ghwayran, située à Hassaké, qui accueille des milliers de jihadistes présumés de l’EI, a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Dix-huit membres des forces de sécurité kurdes ont été tués lors de cette attaque, qui a déclenché des combats toujours en cours à l’intérieur et à proximité du centre de détention, a précisé l’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.
L’ONG a rapporté par ailleurs qu’au moins 16 membres de l’EI ont été tués lors de ces combats.
« Un nombre de prisonniers a réussi à s’enfuir », a ajouté l’ONG, sans préciser combien, estimant qu’il s’agissait de l’attaque la plus importante depuis que l’EI a été vaincu en 2019 en Syrie lorsqu’il avait été chassé de son dernier fief dans l’Est.
L’opération de l’EI a semé le chaos à Hasaké, provoquant des coupures d’électricité et forçant des personnes à fuir le quartier.
Boucliers humains
Les combattants de l’EI se sont retranchés dans des maisons à proximité de la prison, utilisant parfois les résidents comme boucliers humains, alors que les forces kurdes se battaient pour reprendre le contrôle total du quartier et pourchassaient les prisonniers en liberté.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par des combattants kurdes, ont indiqué avoir arrêté 89 prisonniers ayant tenté de s’enfuir à la suite de l’attaque.
« Nos forces ont encerclé un groupe important de militants qui ont tenté de s’enfuir », ont indiqué les FDS.
Des militants de l’EI stationnés dans un quartier proche de la prison « tirent à feu nourri pour tenter de redonner espoir aux détenus à l’intérieur de la prison », ajoute le communiqué du FDS.
La prison de Ghwayran abrite quelque 3 500 membres présumés de l’EI, dont des dirigeants du groupe, selon l’OSDH.
Menace existentielle
La coalition internationale, dirigée par Washington et formée pour combattre l’EI, a confirmé l’attaque et a ajouté que les FDS avaient subi des pertes, sans préciser le nombre de victimes.
L’EI « reste une menace existentielle en Syrie et ne peut être autorisé à se régénérer », a déclaré la coalition dans un communiqué après l’attaque de jeudi.
« Les évasions et les émeutes dans les prisons ont été un élément central de la résurgence de l’EI en Irak et constituent une menace sérieuse en Syrie aujourd’hui », a déclaré Dareen Khalifa, analyste à l’International Crisis Group.
Elle a souligné que de nombreuses prisons dans les zones syriennes dirigées par les Kurdes, où une grande partie de l’ancienne « armée » de l’EI est détenue, étaient des écoles reconverties et mal adaptées à la détention de prisonniers pour de longues périodes.
Selon les autorités kurdes, qui contrôlent de vastes pans du nord de la Syrie, quelque 12 000 jihadistes de plus de 50 nationalités sont détenus dans les prisons sous leur contrôle.
En première ligne dans le combat contre l’EI, les FDS, soutenues par la coalition internationale, ont vaincu en 2019 le groupe jihadiste en Syrie en le chassant de son dernier fief de Baghouz dans la province de Deir Ezzor (est).
Malgré sa défaite, l’EI mène des attaques meurtrières, notamment dans le vaste désert syrien, qui s’étend de la province centrale de Homs jusqu’à celle de Deir Ezzor, à la frontière avec l’Irak.
Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s’est complexifiée au fil des ans avec l’implication de puissances régionales et internationales et la montée en puissance des jihadistes.
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