Pour montrer sa fermeté envers Moscou, Washington a annoncé lundi avoir placé jusqu’à 8 500 militaires en état d’alerte, prêts à renforcer les troupes de l’Otan. Les Européens, plus prudents, appellent à ne pas créer davantage de « volatilité » dans la crise ukrainienne.
En annonçant le possible déploiement de milliers de militaires américains pour renforcer les troupes de l’Otan, Joe Biden a nettement accru la pression sur Moscou, lundi 24 janvier.
Les États-Unis ont placé jusqu’à 8 500 militaires en état d’alerte. Cela signifie qu’ils pourraient être prêts en cinq jours à renforcer la Force de réaction rapide de l’alliance militaire, constituée de 40 000 militaires, a précisé lundi le porte-parole du Pentagone, John Kirby. « Aucune décision n’a été prise sur un déploiement de forces en dehors des États-Unis pour l’instant », a-t-il ajouté. Mais « il est très clair », a-t-il ajouté, « que les Russes n’ont actuellement pas l’intention d’amorcer une désescalade ».
Le président américain tente de faire basculer en sa faveur le rapport de forces qu’a instauré son homologue russe Vladimir Poutine, en massant des troupes et des équipements à la frontière de l’Ukraine.
« Totale unanimité »
Joe Biden a eu lundi une visioconférence d’un peu moins d’une heure et demie avec plusieurs dirigeants européens, que cette montée en pression des Américains a semblé prendre de court.
Il a vanté la « totale unanimité » entre Américains et Européens peu après la fin de cette réunion, à laquelle ont participé Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, le Premier ministre italien Mario Draghi, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, le président polonais Andrzej Duda, le Premier ministre britannique Boris Johnson, le président du Conseil Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Selon un communiqué de la Maison Blanche, les dirigeants ont « souligné leur désir commun d’une résolution diplomatique », mais aussi évoqué leurs « préparatifs en vue d’imposer des conséquences massives et des coûts économiques sévères à la Russie » en cas d’invasion, et de « renforcer la sécurité sur le front oriental de l’Otan ».
Les participants « ont été tous de l’avis qu’il appartient à la Russie d’entreprendre des initiatives visibles de désescalade », a commenté de son côté le chancelier allemand, assurant que Moscou subirait des « conséquences très lourdes » en cas d’invasion.
À l’unisson, Jens Stoltenberg a lui évoqué dans un tweet « des coûts sévères » en cas de « nouvelle agression » contre l’Ukraine.
« Volatilité »
Les Européens avaient semblé auparavant circonspects face à la rhétorique et aux décisions de plus en plus musclées des États-Unis, qui ont par exemple décidé de faire partir les familles des diplomates en poste à Kiev, une initiative suivie par Londres et Canberra.
La France, qui assume actuellement le commandement de la Force de réaction rapide de l’Otan, a appelé à ne « pas créer d’ambiguïté, de volatilité supplémentaire ». Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a lui invité à ne pas « dramatiser ». Les autorités ukrainiennes ont elles aussi jugé la décision de Washington concernant leur représentation diplomatique « prématurée » et « excessive ».
Moscou a dénoncé une « hystérie » et accusé les États-Unis et l’Otan « d’exacerber les tensions par des annonces et des actions concrètes ».
« Un chemin de désescalade »
Parallèlement à cette montée en pression, les Occidentaux continuent malgré tout à explorer la voie diplomatique. Selon une source européenne, une nouvelle réunion serait ainsi prévue entre le secrétaire d’État Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov.
Les États-Unis ont promis une réponse écrite aux demandes russes. Lors de l’entretien avec Joe Biden, le président français a souligné « l’importance que l’Union européenne puisse prendre toute sa part » dans cette réponse, selon un communiqué de l’Élysée.
Dans ce texte, qui contrairement à celui des Américains ne mentionne pas expressément l’Otan, la France insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts diplomatiques. Emmanuel Macron veut proposer « un chemin de désescalade » à son homologue russe Vladimir Poutine lors d’un entretien « dans les prochains jours ».