Tentative de coup d’État en Guinée-Bissau : Embaló accuse les réseaux de corruption et de narcotrafic

La Guinée-Bissau a frôlé le pire, ce mardi. C’est le moins qu’on puisse dire après cinq heures d’échanges de tirs nourris entre les éléments chargés de la sécurité du Président Umaro Sissoco Embaló et des militaires ayant pris d’assaut le Palais du gouvernement où se tenait un conseil extraordinaire des ministres. Dans une intervention donnée quelques heures après le retour au calme, le chef de l’État bissau-guinéen a évoqué des pistes.

Quelques heures après les échanges de tirs à l’arme lourde au Palais du gouvernement, le Président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, s’est adressé à ses compatriotes pour les rassurer de ce qu’il était sain et sauf. Concernant l’origine de ce qui apparaît comme une tentative de coup d’État, le Président Embaló est catégorique : il y voit une action des réseaux de corruption et de narcotrafiquants contre lesquels il a engagé une lutte implacable. « Je peux vous assurer qu’aucun camp n’est lié à cette tentative de coup d’État, c’est une chose isolée. Mais c’est lié aux gens qu’on a combattus. La corruption et le narcotrafic. C’est lié à ça. Ce n’est pas qu’une tentative de coup d’État, mais pour tuer le président de la République et tout le cabinet », a-t-il déclaré.

Petit pays réputé être une plaque tournante du trafic de drogue entre l’Amérique Latine et l’Europe, la Guinée-Bissau passe également pour un paradis de la corruption. Véritable narco-État, selon l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (ONUDC), la Guinée-Bissau assurait, en 2018, l’entrée et la sortie d’au moins 30 tonnes de cocaïne par an. Dès son arrivée à la tête du pays, en février 2020, dans un contexte marqué par de fortes contestations, Umaro Sissoco Embaló, ancien général, a décidé de faire de la lutte contre ces deux fléaux son cheval de bataille.

« Pendant le Covid, l’OMS a demandé de libérer des prisonniers : ceux qui sont restés derrière les barreaux étaient accusés de corruption, homicide volontaire et trafic ou consommation de drogue. Avec moi, ces gens-là n’auront pas de grâce présidentielle », avait-il confié, lors d’une interview accordée au journal Le Monde Afrique. Il avait par ailleurs ajouté, parlant des généraux impliqués dans le narcotrafic : « Je peux vous l’affirmer : plus aucun membre de l’armée n’est impliqué dans le trafic ».

Si la piste des réseaux de corruption et de narcotrafic est celle évoquée par le Président bissau-guinéen, on sait aussi que des tensions existaient entre son Premier ministre, Nuno Gomez Nabiam – également présent dans le Palais du gouvernement au moment des tirs, ce mardi – et lui. Le dernier point de friction en date est le remaniement ministériel décidé par le Président, le 26 janvier, et auquel le Premier ministre s’était, dans un premier temps, farouchement opposé, avant de se raviser.

Puisque des arrestations ont commencé à la suite de la tentative de coup d’État, l’enquête permettra certainement d’en savoir davantage sur les auteurs de cet acte et leurs motivations.

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