Les forces spéciales américaines ont mené « avec succès » jeudi une opération antiterroriste dans la ville d’Atmé, dans le nord-ouest de la Syrie, a déclaré le Pentagone. Au moins treize personnes ont été tuées lors de cette mission, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
Des forces spéciales américaines ont été héliportées, jeudi 3 février, avant l’aube dans une région du nord-ouest de la Syrie afin de capturer des jihadistes recherchés, une rare opération du genre qui a fait treize morts dont des femmes et des enfants selon une ONG.
« La mission a été un succès » et il n’y a pas eu victimes parmi les forces américaines, a affirmé le Pentagone à propos de l’opération menée contre un bâtiment à Atmé dans la province d’Idleb. Il n’a pas fourni d’autres précisions.
Il s’agit de la plus importante opération des forces américaines en Syrie depuis la mort en octobre 2019 d’Abou Bakr al-Baghdadi, chef du groupe jihadiste Etat islamique (EI), tué dans un raid dans la région d’Idleb, qui échappe au contrôle du pouvoir syrien, a indiqué le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
« Au moins treize personnes, dont quatre enfants et trois femmes, ont été tuées dans l’opération », d’après l’ONG.
L’OSDH, qui s’appuie sur un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, indique que les militaires ont atterri en hélicoptère près de camps de déplacés de la localité d’Atmé dans la province d’Idleb, contrôlée en grande partie par les jihadistes et les rebelles.
« Des forces spéciales américaines sous la direction du commandement central américain ont mené une mission antiterroriste cette nuit dans le nord-ouest de la Syrie », a ajouté le Pentagone dans un communiqué. « D’autres informations seront fournies ultérieurement. »
L’opération a provoqué des affrontements qui ont duré deux heures, a indiqué l’OSDH sans être en mesure de préciser dans l’immédiat les identités des jihadistes recherchés.
Selon des correspondants de l’AFP sur place, l’opération américaine a visé un bâtiment de deux étages dans une zone entourée d’arbres. Une partie du bâtiment a été détruite et le parterre des pièces était couvert de sang. D’après des habitants, de hauts responsables jihadistes du groupe Al-Qaïda étaient ciblés.
Évacuer les maisons
Des habitants de la région ont indiqué à l’AFP avoir entendu des bombardements et des tirs. Dans un enregistrement audio qui a circulé parmi la population et attribué à la coalition, une personne parlant en arabe demande aux femmes et aux enfants d’évacuer les maisons dans la zone visée.
Selon des experts, des camps surpeuplés de la région d’Atmé, située dans le nord de la province d’Idleb, servent de base aux chefs jihadistes qui se cachent parmi les déplacés.
Une partie de la province d’Idleb et des secteurs des provinces voisines de Hama, Alep et Lattaquié sont dominées par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.
La province abrite également des groupes rebelles et d’autres formations jihadistes alliées du HTS, dont le groupe Hourras al-Din.
Toutes ces factions ont déjà été la cible principalement de raids aériens du régime syrien, de son allié russe, mais aussi de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis et des forces spéciales américaines.
Mais des opérations héliportées restent très rares en Syrie, où des troupes américaines sont déployées dans le cadre de la coalition antijihadistes.
« Base de repli »
Cette opération est intervenue quelques jours après la fin d’un assaut de l’EI contre une prison tenue par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, dans la région de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie.
L’assaut déclenché le 20 janvier fut la plus importante offensive du groupe jihadiste depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux FDS aidées par la coalition internationale. L’attaque de la prison, et les combats ayant suivi, ont fait 373 morts, dont 268 jihadistes, 98 membres des forces kurdes et sept civils, selon l’OSDH.
L’EI a été chassé de ses fiefs en Syrie et en Irak mais continue de mener des attaques dans ces deux pays voisins à travers des cellules dormantes.
« Al-Qaïda utilise la Syrie comme une base de repli pour se reconstituer, se coordonner avec ses affiliés et planifier des opérations à l’étranger », avait déclaré fin 2021 John Rigsbee, un porte-parole du commandement central de l’armée américaine).
La guerre complexe en Syrie, pays morcelé où interviennent différents protagonistes, a fait environ 500.000 morts depuis 2011.