Un convoi des forces armées maliennes a été attaqué, lundi, par des insurgés islamistes. Selon Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes à France 24, cet incident révèle la présence au Mali d’opératifs russes aux côtés des soldats maliens attaqués. Explications et analyse.
France 24 a pu confirmer, suivant plusieurs témoignages locaux et internationaux, la première altercation au Mali, lundi 3 janvier, entre des opératifs russes et des jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jnim), affilié à Al-Qaïda, dans le centre du pays. D’après ces témoignages, des mouvements militaires maliens ont eu lieu dans le centre du pays, accompagnés d’éléments russes.
Il s’avère qu’un groupement des forces armées maliennes a été attaqué lundi à Mandoli par les jihadistes et qu’au moins un opératif russe a été blessé puis transféré vers la localité de Sévaré. Des morts sont à déplorer du côté malien et du côté des jihadistes.
Néanmoins, un flou persiste sur la nature de la présence russe au Mali. Il peut très bien s’agir de mercenaires de la compagnie Wagner ou de militaires russes déployés dans le cadre des relations bilatérales entre les deux pays, ou des deux. Moscou, à travers le groupe Wagner, assure ses intérêts sans en assumer les conséquences ou la responsabilité directes. Cette capacité, qu’on peut qualifier d’hybride, donne à la Russie une capacité de manœuvre sur différents théâtres d’opérations des forces occidentales et/ou onusiennes, comme la Syrie, la Libye, la Centrafrique ou même le Mozambique, où l’intervention de Wagner face aux jihadistes du groupe État islamique s’est soldée par un échec.
Faire appel à Wagner : un pari risqué
L’engagement du groupe Wagner au Mali est envisagé par les pays occidentaux suivant trois scénarios, l’un n’excluant pas l’autre : 1. une « garde prétorienne » de l’actuel pouvoir ; 2. une activité à la périphérie des zones d’action des forces française de Barkhane ; 3. une activité au cœur des zones d’action de Barkhane.
À l’heure actuelle, c’est le deuxième cas de figure qui semble primer. Le troisième impliquerait le départ des forces françaises, européennes et potentiellement onusiennes, si les « lignes rouges » tracées par Paris ne sont pas respectées.
Si les forces françaises se maintiennent, un processus de ‘déconfliction’, à l’instar du processus syrien, sera inévitable et indispensable entre les Russes et les autres forces en présence. Cela mènera de facto à une acceptation officielle de la présence et de l’influence russe au Mali et à la reconnaissance de cette présence et de son cadre de la part de Moscou et de Bamako.
Pourtant, le pari des autorités maliennes sur l’option Wagner n’est pas non plus dénué de risque. Des centaines d’opératifs étrangers, aguerris au combat en Syrie et en Libye, et qui évoluent d’une manière indépendante, peut s’avérer plus que contraignant pour ces mêmes autorités. L’exemple centrafricain, où l’UE a suspendu sa mission de formation des forces armées en raison de la présence de Wagner, étant dans tous les esprits.
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