Élections locales du Sénégal : la redistribution politique enclenchée ?

Pour ce premier scrutin depuis 2019 et la réélection de Macky Sall, les électeurs sénégalais étaient appelés dans les bureaux de vote le 23 janvier dernier pour élire leurs maires et conseillers départementaux. Si les deux principales coalitions, celle de l’opposition Yewwi Askan Wi (« Libérez le peuple » en wolof ? YAW) et celle de la majorité présidentielle Benno Bokk Yaakar (« Ensemble pour un Sénégal émergent » en wolof ? BBY), se disent satisfaites de la tenue de ces élections, leur appréciation des résultats diffère.

Tous gagnants ?
« Nous avons remporté beaucoup de victoires : des mairies très importantes comme Dakar, Thiès, Diourbel? ont été acquises. Ces villes concentrent 60 % du poids électoral sénégalais », se félicite El Malick Ndiaye, vice-président de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi (YAW).

Parmi ces villes, la capitale sénégalaise remportée par le candidat Barthélémy Dias, membre de la coalition YAW, est l’un des plus beaux succès de l’opposition. D’après les résultats par la Commission départementale de recensement des votes, la coalition de l’opposition YAW a pris le contrôle de 12 des 19 communes de Dakar tandis que la coalition de la majorité présidentielle, Benno Bokk Yaakar (BBY), en a gagné quatre. Cette défaite de BBY dans la capitale est surtout symbolisée par l’échec d’Abdoulaye Diouf Sarr, ancien maire de Yoff, dont le quartier était le fief. Le ministre de la Santé et de l’action sociale n’a obtenu que 8 727 voix, soit 8 conseillers, contre 11 364 pour YAW, qui a obtenu 53 conseillers.

Mais pour le président Macky Sall, Dakar n’ayant jamais été pro-BBY, ces résultats ne sont guère étonnants et reflètent encore moins le signe d’un quelconque échec de sa coalition. « BBY a conservé les villes et les communes qui étaient déjà dans son escarcelle. Il faut reconnaître que nous avons été battus dans plusieurs villes par l’opposition, mais certaines de ces villes dont Dakar ont toujours été acquises à l’opposition. Il ne s’agit donc pas de pertes », insiste Pape Mahawa Diouf, coordinateur de la cellule communication de la coalition BBY. Au-delà de Dakar, l’opposition a également raflé Thiès, Ziguinchor et Diourbel, entre autres.

Selon la présidence, les résultats provisoires donneraient BBY gagnant dans 36 ou 37 collectivités sur un total de 46 départements. « Nous avons gagné environ 80 % des départements. L’assise de BBY à l’intérieur du pays ne fait aucun doute. Si nous étions dans un contexte de présidentielles, la majorité gouvernementale aurait gagné dès le 1er tour. Il n’y aurait pas de confusion possible. Nous avons massivement gagné ces élections », appuie Pape Mahawa Diouf, qui rappelle également que « la coalition BBY est celle qui dure depuis le plus longtemps et qui a obtenu le plus de résultats depuis 2012 ».

Un nouveau rapport de force
« Macky Sall essaye de se consoler en disant qu’il a conservé la majorité des départements », ironise El Malick Ndiaye. Selon lui, ces élections ont été un moyen de sanctionner le système et de marquer une volonté de renouveau politique. « Les Sénégalais ont montré qu’ils en ont assez du pouvoir en place et des politiciens de profession. Ce sont toujours les mêmes. Désormais il faudra compter avec cette prise de conscience de la population » assure-t-il.

Il en est certain, le leadership d’Ousmane Sonko a été un apport décisif dans ces municipales pour permettre à la coalition de remporter des municipalités. « Il a fait une campagne nationale pour appuyer les candidats de la coalition : même s’ils étaient parfois peu connus, ils ont bénéficié de son aura et de son soutien. Les manifestations de mars ont aussi assis le leadership de Sonko, ce qui a été un atout pour ces élections », rapporte le chargé de communication.

Les élections à venir dans un futur plus ou moins proche, avec la tenue des législatives d’ici 4 mois, puis les présidentielles en 2024, ont fait peser sur ces municipales des enjeux bien au-delà du cadre local initial. « Elles s’inscrivent pour nous dans un processus global qui vise à récupérer la majorité à l’Assemblée nationale cette année pour qu’ensuite 2024 et l’alternance du pouvoir ne soit plus qu’une formalité », détaille El Malick Ndiaye. La question d’un éventuellement 3e mandat du président Macky Sall planait également dans les esprits. Si pour El Malick Ndiaye, c’est certain, « l’opposition se trouve désormais renforcée », Pape Mahawa Diouf mise sur « les législatives pour clarifier les choses » et donc confirmer ou infirmer cette poussée.

lepoint

1 Commentaire
  1. type beat japanese

Laisser un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

You may like