Nucléaire iranien : retour à la table des négociations, Washington entrevoit un accord

Alors que les négociations visant au « retour mutuel » de Washington et Téhéran dans l’accord sur le nucléaire iranien reprennent, mardi, à Vienne, les États-Unis ont affirmé qu’une entente était « en vue » à condition qu’elle intervienne « dans les prochaines semaines ».

C’est la dernière ligne droite. Les négociations sur le nucléaire iranien reprennent mardi 8 février, à Vienne. La veille, les États-Unis ont estimé qu’une entente avec l’Iran pour sauver l’accord de 2015 était « en vue » mais devenait « urgente ».

« Après des consultations dans les capitales avec leurs gouvernements respectifs, les participants vont continuer les discussions », a annoncé, dans un bref communiqué, l’Union européenne, chargée de coordonner cet exercice diplomatique à haut risque.

Les négociateurs s’étaient quittés fin janvier en appelant à des « décisions politiques », après les « progrès » réalisés au cours du mois, qui avaient permis de sortir d’une longue impasse.

« Malgré les progrès », les pourparlers « sont parvenus à un stade où une conclusion devient urgente », a toutefois dit un porte-parole du département d’État américain à l’AFP. « Un accord qui réponde aux préoccupations clés de toutes les parties est en vue, mais s’il n’est pas conclu dans les prochaines semaines, les avancées nucléaires de l’Iran rendront impossible notre retour » dans le texte de 2015, a-t-il ajouté.

Finalement pas de négociations « directes »

Les pourparlers, qui ont débuté au printemps 2021, se déroulent entre les Iraniens et les parties restantes à l’accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie), avec la participation indirecte de Washington qui s’est retiré en 2018, sous Donald Trump. Les négociations visent à mettre en œuvre un « retour mutuel » de Washington et Téhéran dans l’accord, défendu par l’actuel président américain, Joe Biden.

Mais le temps presse. Selon les experts, les Iraniens ont tellement dérogé aux restrictions prévues par l’accord de 2015 qu’ils ne sont plus qu’à quelques semaines de disposer de suffisamment de matière fissile pour fabriquer une arme atomique.

« Nous soutenons depuis longtemps qu’il serait plus productif de parler avec l’Iran de manière directe », a souligné, lundi, le porte-parole de la diplomatie américaine. « Toutefois, les pourparlers vont demeurer indirects, à la demande de l’Iran. Les États-Unis n’ont participé à aucune réunion directe avec l’Iran », a-t-il ajouté.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a jugé « le moment décisif », dans une interview au quotidien américain Washington Post mise en ligne lundi. « Nous avons adressé un message clair » à l’Iran : « C’est l’heure des décisions, pas de faire traîner le processus », a-t-il dit. « Nous espérons qu’ils saisiront cette chance. »

« Dernière étape »

La Russie a estimé qu’il s’agissait de la « dernière étape » des négociations. « Nous sommes à cinq minutes de la ligne d’arrivée », a affirmé son négociateur, Mikhaïl Oulianov, dans un entretien publié lundi par le quotidien russe Kommersant. Selon lui, un « projet de document final » de vingt pages a été mis au point, et peut servir de « base » pour « conclure assez rapidement » les discussions, même si « plusieurs points » doivent encore être débloqués.

De son côté, Téhéran a renvoyé la balle aux Américains. « Il est naturel que la République islamique d’Iran s’attende à ce que les décisions nécessaires soient prises de l’autre côté, en particulier à Washington », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Nous espérons que la délégation américaine reviendra à Vienne avec des instructions claires sur la manière de remplir ses obligations sur la levée des sanctions », a précisé Saïd Khatibzadeh, dans l’attente d' »engagements concrets ».

Vendredi, Washington avait fait un geste en annonçant le rétablissement des dérogations-clés protégeant de la menace des sanctions américaines les pays et entreprises étrangères impliqués dans des projets nucléaires civils non militaires.

Que manque-t-il à l’Iran pour se doter de l’arme nucléaire ?
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