Aujourd’hui, plus d’un tiers des réserves de poissons sont touchées par la surpêche, selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Au Sénégal, les pêcheurs artisanaux en subissent de plein fouet les conséquences. Reportage.
Autour de Mbour, l’un des plus grands ports du Sénégal, les pêcheurs artisanaux ont toujours fait partie du paysage. À bord d’une pirogue, un fil de pêche à la main, ils sont à l’affût des poissons qui rejoindront ensuite les étals des commerces du pays et ceux des États voisins. Mais depuis quelques années, le butin de ces pêcheurs se fait de plus en plus maigre. En cause, la surpêche industrielle pratiquée par les gros chalutiers étrangers quelques kilomètres plus loin.
« Avant, à 7 ou 8 km des côtes, on avait beaucoup de poissons. Aujourd’hui, même en allant à une trentaine de kilomètres, on ne pêche presque rien. La pêche n’est plus rentable », explique auprès de France 24, Ibrahima Niang.
« Ils ne nous laissent que des miettes »
Ce pêcheur, comme ses collègues, accusent les gros chalutiers étrangers de vider les fonds marins. On a vendu la mer aux bateaux étrangers. Ils ne nous laissent que des miettes », déplore Pape Sakho, qui a préféré abandonner le métier il y a quelques mois. « La seule solution qui nous reste, nous qui connaissons bien l’océan, c’est de tenter la traversée pour l’Europe », estime-t-il.
Le désarroi des hommes de Mbour, Abdoulaye Ndiaye le connaît bien. Cet ancien pêcheur, désormais chargé de campagne Océan à Greenpeace Afrique, travaille étroitement avec les communautés locales et appelle les autorités à une gestion durable de la ressource halieutique. « S’il y avait du poisson, les caisses de pêche seraient remplies », déplore-t-il.
« Ces bateaux raclent les océans du Sénégal et des pays limitrophes et privent de nourriture des millions de personnes. Il ne faut pas oublier que c’est la pêche artisanale qui nourrit les Sénégalais de l’intérieur, mais aussi les pays limitrophes comme le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et autres. » Au total, selon les autorités sénégalaises, 20 % de la population vit directement ou indirectement des produits de la pêche.