Au sommet de sa popularité aux Etats-Unis, la ligue professionnelle de football américain (NFL) rêve toujours de s’exporter hors de ses frontières, un défi complexe, qui pourrait être facilité par l’émergence du flag football, que certains voient déjà aux Jeux olympiques.
Une série de contrats télés signés en 2021 pour 110 milliards de dollars, l’équipe sportive la plus chère du monde, les Dallas Cowboys, estimée à 5,7 milliards de dollars par le magazine Forbes, 22 des 30 meilleures audiences aux Etats-Unis tous programmes confondus l’an passé: la NFL règne plus que jamais en maîtresse sur le sport américain.
Dominant sur le premier marché sportif mondial, le football américain ne figure pourtant pas dans les 10 disciplines les plus populaires de la planète. La NFL fait état de 150 millions de fans à l’étranger, soit l’équivalent du nombre d’amateurs aux Etats-Unis (sondage Gallup de 2017).
La ligue a déjà cherché plusieurs angles d’attaque pour s’internationaliser, au-delà des marchés de proximité que sont le Mexique et le Canada, à commencer par la création, en 1991, de la World League (rebaptisée NFL Europe puis NFL Europa), ligue mineure européenne affiliée.
Mais en 2007, la NFL a débranché la NFL Europa, qui perdait environ 30 millions de dollars par saison, recentrant sa stratégie sur son propre championnat, en misant sur le développement du streaming et des matches délocalisés, avec des rencontres de saison régulière à Londres (jusqu’à quatre en 2019) et à Mexico.
Cap sur l’Allemagne
« L’international demeure un domaine de croissance très important pour la ligue », explique à l’AFP son vice-président Peter O’Reilly. « Nous savons que la communauté des fans s’élargit lorsque s’établissent des liens plus forts avec les équipes. »
Cap maintenant sur l’Allemagne, a d’ailleurs annoncé mercredi la NFL, avec un match par an jusqu’en 2025.
Il s’agit de créer des « partenariats » avec les villes-hôtes, Munich et Francfort, « qui iront au-delà des matches et nous aideront à accélérer notre développement », a expliqué Brett Gosper, responsable de la NFL en Europe.
Pour étoffer ce lien avec le reste du monde, la ligue s’appuie aussi, depuis 2017, sur l’International Player Pathway, qui sélectionne des joueurs étrangers, ensuite mis à l’essai par une équipe du championnat.
Pour véritablement s’implanter en Europe, « cela demandera un investissement bien plus conséquent et un engagement à bien plus long terme que ce que la NFL est prête à faire », estime toutefois Andrew Zimbalist, professeur d’économie au Smith College (Massachusetts).
Pour lui, les nouveaux débouchés de la ligue demeurent aux Etats-Unis, dans le développement de la relation avec le monde des paris sportifs, autorisés seulement depuis 2018. « C’est ça le chemin de la croissance et des revenus », martèle-t-il.
Les opérateurs de paris ont, il est vrai, déjà mis plus d’un milliard de dollars sur la table pour nouer divers partenariats avec la NFL.
Mais Pierre Trochet, président de la Fédération internationale de football américain (IFAF), voit lui l’audience internationale du Super Bowl s’élargir « depuis quatre ou cinq ans ».
La révolution « flag »
« Pour nous, les conséquences du développement de la NFL, ça se traduit en nombre d’équipes, de joueurs, de pays » qui participent aux compétitions internationales de football américain, mais aussi de flag football.
Ce dernier, version allégée de la discipline, a le vent en poupe et son championnat du monde, disputé en Israël en décembre dernier, a rassemblé 46 équipes. « Quasiment le double » de la précédente édition, en 2018, fait valoir Pierre Trochet.
Pas d’équipements coûteux, pas d’effectifs à rallonge (5 joueurs minimum, contre plus de 50), le « flag » bénéficie aussi de règles simplifiées, quand celles du football américain sont d’une grande complexité. Et il présente aussi l’avantage de prohiber tout contact, évacuant le sujet délicat de la santé des joueurs.
« A l’échelle mondiale, l’opportunité d’avoir un sport global, c’est le flag football, très clairement », affirme le président de l’IFAF, au sujet d’un jeu dont le potentiel de pratique féminine est incomparablement supérieur au football américain.
L’IFAF, avec le soutien de la NFL, ambitionne d’amener le flag football aux JO.
« Le chemin est très long », prévient Pierre Trochet, mais « toutes proportions gardées, Los Angeles 2028 peut être pour le +flag+ et pour le football américain en général, ce que Barcelone 1992 a été pour le basket. »
AFP
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