Le « One Ocean Summit », sommet organisé dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, à Brest, du 8 au 11 février, pour tenter de sauver les océans, s’est conclu vendredi sur davantage de promesses des États participants que d’engagements concrets.
Protéger la haute mer et lutter contre l’invasion du plastique : une trentaine de chefs d’État et de gouvernement ont promis, vendredi 11 février, à Brest, autour d’Emmanuel Macron, d’en faire plus pour protéger l’océan, indispensable à la régulation du climat et riche en biodiversité, mais mis à mal par les activités humaines.
Les dirigeants politiques, présents ou en vidéo, se sont engagés sur plusieurs dossiers, avec quelques avancées sur des traités mondiaux de protection de la haute mer et contre la pollution du plastique.
« La mobilisation d’aujourd’hui a permis de concrétiser beaucoup d’engagements, des coalitions nouvelles d’acteurs privés et publics, d’États », a estimé le président français en conclusion du sommet.
Vers un traité destiné à protéger la haute mer
Ursula von der Leyen a annoncé le lancement d’une coalition comptant les 27 États membres de l’UE et 13 autres pays pour conclure un traité destiné à protéger la haute mer, qui n’est sous la juridiction d’aucun État.
Des négociations en cours sous l’égide de l’ONU depuis 2018, ont été interrompues par l’épidémie de Covid-19. La quatrième et théoriquement dernière session de négociations est prévue en mars à New York.
« Nous sommes très proches mais nous devons donner de l’impulsion pour le conclure cette année », a insisté la dirigeante européenne. « Il s’agit d’un engagement important et providentiel », a salué Peggy Kalas de la High Seas Alliance, qui rassemble plusieurs ONG.
Les fonds pour l’initiative « Clean Ocean » portés à 4 milliards d’euros d’ici 2025
La France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont annoncé vendredi porter à quatre milliards d’euros d’ici 2025 le montant des financements fournis dans le cadre de l’initiative européenne « Clean Ocean ».
Cette initiative, qui sert à financer des projets visant à réduire la pollution des fleuves et des mers due aux plastiques, disposait jusqu’ici d’un financement de deux milliards d’euros d’ici 2023.
La France élargit la protection des territoires français de l’antarctique
Emmanuel Macron a annoncé l’extension de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, qui va ainsi devenir la deuxième plus grande aire marine protégée du monde.
Le décret a été publié vendredi matin au Journal officiel. « La superficie totale de la réserve naturelle nationale (…) est d’environ 1 662 000 km2, dont environ 7 700 km2 de partie terrestre », précise le texte. Selon le décret, cela signifie par exemple que la pêche peut y être interdite ou réglementée. Des mesures peuvent être prises pour la « limitation significative des pressions affectant de manière caractérisée la conservation des oiseaux et mammifères marins », et l’exploitation minière y est interdite.
Cette réserve compte la population d’oiseaux marins « la plus importante du monde et les populations de mammifères marins parmi les plus diverses et abondantes de la partie indienne de l’océan austral », selon les autorités françaises.
La Polynésie française promet la création d’une « aire marine protégée » de 500 000 km2
Le président de Polynésie française, Edouard Fritch, a annoncé le projet d’une « aire marine protégée de plus de 500 000 km2 » et des zones réservées à la pêche côtière sur une surface équivalente. Le projet qui sera lancé cette année et devrait être finalisé d’ici 2030, concerna une zone « située dans la partie sud-est de notre zone économique ».
Ces deux annonces portant sur un million de km2 marquent « une énorme victoire pour les écosystèmes polynésiens d’une richesse exceptionnelle », s’est réjouie la navigatrice Dona Bertarelli, dont la fondation soutient la protection des océans.
Soutien des États-Unis à un accord international contre la pollution du plastique
Les États-Unis ont annoncé pour leur part soutenir le lancement de négociations sous l’égide de l’ONU pour un accord international contre la pollution du plastique.
Les États-Unis rejoignent ainsi une dizaine de pays et l’ensemble de l’Union européenne.
Le lancement de ces négociations sera examiné lors de la 5e Assemblée des Nations Unies pour l’environnement fin février, afin d’aboutir à un accord international contre la pollution provoquée par les 8,3 milliards de tonnes de plastiques produits depuis les années 1950.
« Nous avons besoin d’un accord qui assure le plus haut niveau d’ambition possible », a réclamé John Kerry.
Tortue, surpêche et critiques des ONG
D’autres sujets ont été abordés, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur maritime, qui n’est pas concerné par l’Accord de Paris sur le climat.
Ou encore, comme l’a réclamé Emmanuel Macron, la suppression des subventions publiques encourageant la surpêche et la pêche illicite, sujet en cours de discussion à l’Organisation mondiale du commerce.
Il a aussi promis d’en faire plus pour protéger les tortues avec des dispositifs évitant qu’elles restent coincées dans les filets. La présidente d’honneur du WWF France Isabelle Autissier a salué cette annonce, tout en « restant vigilant sur la mise en œuvre réelle de cette promesse ».
Pour des ONG, la France, deuxième puissance maritime mondiale, n’est pour autant pas à la hauteur pour bien protéger ses mers et océans. Environ 150 personnes se sont rassemblées vendredi matin à Brest à l’appel de Greenpeace et de l’association Pleine mer pour dénoncer « une opération de blue washing ».
Emmanuel Macron « annonce qu’il est le champion des océans et qui derrière ne fait rien, voire défend des activités industrielles extrêmement destructrices », a déploré auprès de l’AFP François Chartier, de Greenpeace France.
« On a très peu parlé de surpêche, on n’a pas parlé de choses fondamentales, sur une protection effective et réelle des aires marines protégées (…) On est passés complètement à coté du sujet », a commenté Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, à l’AFP.
AFP
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