Crise en Ukraine : on vous résume en cinq actes le week-end d’escalade entre Russes et Occidentaux

Echanges infructueux entre présidents, manœuvres militaires, appels à quitter l’Ukraine… L’escalade s’est poursuivie et même accélérée depuis vendredi soir dans ce dossier et dans un contexte de menace d’invasion.

Un « parfum de Munich » flotte-t-il dans l’air à propos de l’Ukraine, comme l’a affirmé dimanche 13 février le ministre de la Défense britannique, Ben Wallace ? Personne n’est aujourd’hui capable de dire si la situation est la même qu’au moment de l’accord de 1938 avec l’Allemagne nazie, avant la Seconde Guerre mondiale. Mais les Occidentaux redoutent en tout cas le basculement vers la guerre, au terme d’un week-end d’escalade continue avec la Russie.

Depuis vendredi soir, la situation semble s’accélérer, alors que les Etats-Unis ont affirmé qu’ils craignaient une invasion « imminente » de l’Ukraine et que l’Allemagne a jugé la situation « critique ». Franceinfo revient sur deux jours d’invectives et d’initiatives diplomatiques mises en échec.

Acte 1 : les Etats-Unis s’inquiètent d’une invasion imminente

Les JO de Pékin ont débuté depuis une semaine, vendredi 11 février, lorsque Jake Sullivan prend la parole à la Maison Blanche. Pour le conseiller pour la sécurité nationale de Joe Biden, la traditionnelle trêve olympique n’existe pas dans le dossier ukrainien : l’invasion de l’Ukraine peut « intervenir à tout moment » selon lui, même avant la fin de la compétition, le 20 février. Les Etats-Unis estiment que l’invasion russe commencerait certainement par des bombardements aériens et pourrait inclure « un assaut rapide » contre Kiev.

Acte 2 : Russes et Américains redéploient leurs forces

Après des déclarations alarmistes sur une invasion imminente, Washington s’active pour se préparer au conflit. Les Etats-Unis décident d’envoyer 3 000 soldats supplémentaires en Pologne pour « rassurer les alliés de l’Otan ». Basés à Fort Bragg, en Caroline du Nord, ils avaient été placés en état d’alerte fin janvier à la demande de Joe Biden. Ils devraient arriver sur place « en début de semaine prochaine ». Samedi, en milieu de journée, le Pentagone ordonne le retrait des 160 soldats américains qui entraînaient les forces ukrainiennes pour les « repositionner ailleurs en Europe ».

Dans le même temps, la Russie continue elle aussi de se préparer en vue d’une possible offensive. Samedi, Moscou affirme avoir commencé à réduire sa présence diplomatique en Ukraine face aux « provocations » de la part des autorités ukrainiennes ou de « pays tiers ».

Acte 3 : des échanges diplomatiques dans l’impasse

Face au risque de plus en plus grand de l’éclatement d’un conflit en Ukraine, les sonneries téléphoniques retentissent de plus belle pour tenter de relancer le dialogue. Le premier entretien a lieu samedi midi, heure française, entre Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain, et Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères. Ce dernier estime que les déclarations américaines sur une invasion imminente de l’Ukraine sont une « provocation ».

Emmanuel Macron appelle Vladimir Poutine peu avant 14 heures, pour un échange de plus d’une heure et demie. Le président français affirme, à la fin de cet appel, qu’un « dialogue sincère » n’est « pas compatible avec une escalade » militaire, deux jours après une entrevue en tête à tête à Moscou qui n’a rien réglé.

Vers 17 heures, c’est au tour de Joe Biden de s’entretenir par téléphone avec Vladimir Poutine. L’entretien, qui dure un peu plus d’une heure, n’apporte pas non plus de « changement fondamental », selon un responsable américain : Joe Biden avertit son homologue russe des « répercussions sévères et rapides », tandis que le Kremlin évoque vers 20 heures une « hystérie » américaine à « son apogée ». La poursuite « des contacts à tous les niveaux » est l’un des seuls signes positifs de cet appel. Mais alors que cette séquence diplomatique aurait pu amorcer une désescalade, il n’en est rien.

Acte 4 : les Occidentaux appellent la population à la prudence

La voie diplomatique dans l’impasse, les pays occidentaux prennent des mesures en vue d’un possible conflit, à commencer par les messages auprès de leur population. Samedi soir, Paris déconseille aux Français de voyager en Ukraine. En revanche, à ce stade, le gouvernement ne recommande pas à ses ressortissants de quitter le sol ukrainien, contrairement aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à l’Allemagne, aux Pays-Bas ou à la Belgique.

La compagnie aérienne KLM, du groupe Air France-KLM, annonce qu’elle suspend jusqu’à nouvel ordre ses vols vers l’Ukraine.

Acte 5 : la tension se déporte sur le terrain militaire

Les tensions entre la Russie et les Etats-Unis trouvent également un écho sur le terrain militaire. Dimanche matin, l’armée américaine dément les affirmations de Moscou, selon qui un sous-marin nucléaire américain a été chassé par l’un de ses destroyers samedi matin au large des îles Kouriles, dans les eaux territoriales de la Russie.

Selon le ministère russe de la Défense, le destroyer de la flotte russe du Pacifique Maréchal Chapochnikov a diffusé un message sous-marin ordonnant au submersible de classe Virginia « de faire surface immédiatement ». Face à son refus, des « moyens » non identifiés ont été utilisés, forçant le sous-marin américain à « quitter les eaux territoriales de la Russie à pleine vitesse ». « Il n’y a aucune vérité dans les affirmations russes concernant nos opérations dans leurs eaux territoriales. Nous volons, naviguons et opérons en toute sécurité dans les eaux internationales », précise le capitaine Kyle Raines, porte-parole du Commandement américain pour la région Indo-Pacifique, refusant de commenter l’emplacement précis des sous-marins américains dans la région.

Alors que la Russie a lancé samedi de nouvelles manœuvres navales en mer Noire pour s’exercer à « défendre » la Crimée, la situation est désormais « critique », selon l’Allemagne.

franceinfo

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