Pour s’hydrater au bureau, dans les transports ou en plein effort, rien de tel qu’une bouteille en plastique réutilisable ? Pas si sûr nous préviennent aujourd’hui des chimistes car ces bouteilles-là libèrent dans l’eau que nous buvons, des produits chimiques qui pourraient s’avérer toxiques.
Le plastique, décidément, n’est pas si fantastique que ça. Nous le savons tous désormais, les bouteilles en plastique que l’on jette à la pelle nuisent à l’environnement. Pour cette raison, il est recommandé d’utiliser des bouteilles en plastique réutilisables. Mais des chercheurs de l’université de Copenhague (Danemark) nous apprennent aujourd’hui qu’ils ont trouvé plusieurs centaines de substances chimiques dans des eaux qui étaient passées par ce type de bouteilles. Dont certaines potentiellement nocives pour notre santé.
Des produits destinés à rendre le plastique plus souple, des agents de démoulage et même une substance connue pour être activement présente dans des sprays antimoustiques — le fameux Deet. Au total, les chimistes ont détecté, à l’aide d’un chromatographe et d’un spectromètre, plus de 400 produits issus du plastique en lui-même. Et jusqu’à 3.500 substances dérivées des produits utilisés dans les lave-vaisselles.
Les tests ont été menés sur de l’eau du robinet placée dans des bouteilles en plastique réutilisables, après que l’eau a séjourné 24 heures dans les bouteilles, neuves ou usagées, avant et après lavage en machine. Puis, après un rinçage soigneux. Et les résultats ne sont pas rassurants, car il semble bien que le passage au lave-vaisselle ait pour effet d’user le plastique et ainsi, d’augmenter la lixiviation. Comprenez, la libération de substances solubles.
Reusable plastic bottles shown to release hundreds of chemicalshttps://t.co/4yT3k9WUWr pic.twitter.com/tmnNQt1Qaa
— K Pavithran (@drkpavithran) February 12, 2022
Identifier les produits nocifs pour la santé
Même après un rinçage supplémentaire, il reste dans l’eau quelque 500 produits chimiques différents, dont plus de cent issus du plastique dont est constituée une bouteille pourtant neuve. « Ce n’est pas parce que ces substances se trouvent dans l’eau que l’eau est toxique et nous affecte, nous les humains. Mais le problème est que nous ne savons tout simplement pas. Et en principe, ce n’est pas si bien de boire des résidus de savon ou d’autres produits chimiques », souligne Selina Tisler, auteure principale de l’étude, dans un communiqué de l’université de Copenhague.
Les chimistes notent que seulement une partie de ces substances sont intentionnellement ajoutées à la formulation des plastiques. Les autres se forment au cours du processus de production ou pendant l’utilisation de la bouteille : ainsi, sans doute, le Deet qui pourrait être le résultat de la dégradation d’une substance servant à rendre le plastique plus souple.
L’ennui, c’est que pour l’heure, les scientifiques n’en savent que très peu sur la toxicité de toutes ces substances. Ce qui, selon eux, devrait nous encourager à la prudence. Et à préférer les bouteilles en verre. « L’étude illustre le peu de connaissances sur les produits chimiques émis par les produits avec lesquels nos aliments et boissons entrent en contact », souligne Jan H. Christensen, professeur de chimie analytique environnementale. Avec son équipe, il appelle à des réglementations plus strictes en la matière.