Les populations d’une grande banlieue de la capitale congolaise doivent renoncer à des repas, faute de terre et de moyens financiers. Elles appellent l’Etat à l’aide.
A Kinduti, une localité rurale de la grande banlieue de Kinshasa (17 millions d’habitants), les populations ont du mal à avoir de quoi remplir leurs assiettes. Kinduti est située au bout d’un tronçon cahoteux tracé au milieu de la savane dans la commune périphérique de Nsele. Les cultures et les fermes sont rares sur ce tronçon de 35 km.
Elysée Ngunza, restauratrice, constate qu’ « Il n’y a pas de commerce ici, il n’y a plus de forêt, nos champs sont dévastés par les rongeurs qui mangent nos pommes de terre, nous n’avons aucun moyen de procéder aux récoltes, c’est ce qui provoque la faim dans le village ».
Manque de surfaces cultivables
Les habitants témoignent aussi d’un intérêt pour la fabrication de charbon de bois plutôt que pour l’agriculture. Et les quelques rares personnes qui veulent travailler la terre se heurtent au manque de surfaces à cultiver.
A Kinduti et dans ses environs, « tout le monde n’a pas de champ à cultiver, il faut donc acheter à manger auprès des propriétaires terriens, mais la plupart des gens n’ont pas assez d’argent », raconte à l’AFP Fely Moba, un chef traditionnel de 58 ans.
Albertine Nzale, 80 ans et grande cheffe coutumière de Kinduti, appelle l’Etat à l’aide. « Concernant le problème de la faim, le gouvernement devrait envoyer des machines pour que les terres en friche soient mieux cultivées, ils devraient nous aider, nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés », se plaint-elle.
Autre problème : la Covid-19. Le confinement, la fermeture des marchés, le couvre-feu ont mis à mal l’économie de cette zone déjà fragile.
Un quart de Congolais frappés par la faim
En novembre dernier, le Programme alimentaire mondial (Pam) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont alerté sur la crise alimentaire qui touche un quart des Congolais aussi bien dans les régions en conflit que des « zones situées dans et autour de la capitale ».
Selon Mathilde Vaultier, chargée de programme du Pam en RDC, « il y a 27 millions de personnes qui sont en situation de crise ou d’urgence alimentaire. Ici à Nsele, on est dans une situation où on est à un pas de ce précipice de la faim ».
Le Pam va accompagner 4.000 ménages pendant deux ans. L’organisation ajoute que l’Etat devrait jouer un rôle plus important.
Il y a un mois, Félix Tshisekedi prenait la présidence tournante de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). A cette occasion, le président congolais a déploré le niveau de pauvreté dans la sous-région.
Selon la Banque mondiale, en 2018, près d’une personne sur six en situation d’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne vivait en RDC.
DW
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