Sahel : quand la France souffle le chaud et le froid

French President Emmanuel Macron and Niger's President Mohamed Bazoum attend a video summit with leaders of G5 Sahel countries after France's decision last month to reduce French anti-terror troops in West Africa, at the Elysee presidential Palace in Paris, France July 9, 2021. Stephane de Sakutin/Pool via REUTERS

Des chefs d’Etat dont les pays font partie de la ligne de front au Sahel participent ce mercredi à Paris à un mini-sommet sur la sécurité dans cette région d’Afrique secouée par des attaques terroristes. Autour de l’hôte du sommet, le président français Emmanuel Macron, ses homologues Mohamed Ould El-Ghazaouani de la Mauritanie, Mohamed Bazoum du Niger, Mahamat Idriss Déby du Tchad, ainsi que le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine (UA).

Comme on peut le constater, manquent à l’appel le Burkina-Faso et le Mali, deux pays dirigés par des juntes militaires, ce qui les met au banc des accusés. L’absence du Mali est encore plus visible, en ce sens que c’est ce pays qui abrite le dispositif sécuritaire Barkhane coordonné par la France avec la participation des forces armées des pays de la région. La détérioration des relations diplomatiques entre la France et le Mali qui a dans la foulée expulsé l’ambassadeur de France, l’oblige à démanteler la force Barkhane sur le territoire malien.

Selon nos informations, la France qui ne veut pas définitivement quitter le Sahel au risque de voir son influence se diluer dans le pré-carré surtout que la montée en puissance d’autres pays notamment la Chine et la Russie n’est pas pour arranger les choses pour Paris, a organisé ledit sommet juste pour trouver un autre pays pour abriter la force Barkhane. Sauf changement, le Niger est bien parti pour servir d’hospitalité à Barkhane, d’autant que le Burkina- Faso qui était également pressenti s’est disqualifié suite au putsch perpétré le mois dernier par des militaires. On comprend pourquoi le porte-parole du gouvernement français a tôt fait de préciser qu’il ne s’agit pas d’un « sujet franco-malien », mais que l’objectif est de revoir « le modèle d’intervention militaire » au Sahel ».

S’appuyant sur des considérations géostratégiques, cette approche de la diplomatie française a tout sens, d’autant qu’aucun pays, notamment ceux de la région n’est épargné par des attaques terroristes. Par ailleurs, rapportent des sources proches du dossier, au sein de l’establishment politico-militaire français, une autre formule serait en étude, avec l’éventualité de renforcer le dispositif sécuritaire dans les pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest à l’instar du Gabon et de la Côte d’Ivoire qui abritent déjà des bases militaires françaises. L’objectif, servir de base d’appui à la force Barkhane qui devrait être restructurée en vue de renforcer ses capacités d’opération. Mieux que quiconque, la France à en croire des analystes sait pertinemment que c’est son avenir en Afrique qui se joue. Pas question donc de perdre la main à la première difficulté au regard des enjeux géostratégiques.

Les décisions qui sanctionneront ce mini-sommet devraient avoir toute leur importance, d’autant que la situation sécuritaire en Afrique en général et au Sahel en particulier sera débattue lors du sommet Afrique-Europe prévu dès demain à Bruxelles, en Belgique.

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