Au moins 170 personnes ont été arrêtées, vendredi et samedi, et une cinquantaine de véhicules remorqués pour dégager le centre d’Ottawa, théâtre d’une mobilisation inédite contre les restrictions sanitaires au Canada.
Des « progrès significatifs » ont été réalisés, samedi 19 février, dans l’évacuation du centre d’Ottawa, paralysé depuis des semaines par des camionneurs anti-mesures sanitaires, a annoncé la police, qui s’employait encore à déloger un noyau dur de manifestants de la capitale canadienne.
Aspergeant les protestataires de spray au poivre, détruisant des vitres des véhicules dans lesquels certains s’étaient retranchés, les autorités avaient repris dans l’après-midi l’axe majeur devant le Parlement canadien, où des centaines de camions stationnaient depuis 23 jours.
Au moins 170 personnes ont été arrêtées vendredi et samedi, une cinquantaine de véhicules remorqués et des armes saisies, a indiqué la police, qui a aussi détruit tentes, cabanes, stands de nourriture et autres structures érigés par les manifestants.
« Cette opération est toujours en cours, elle n’est pas terminée et il faudra encore du temps pour atteindre nos objectifs », a toutefois souligné Steve Bell, chef de la police de la capitale canadienne, sans s’avancer sur un calendrier plus précis.
La tension était particulièrement palpable, samedi matin, dans cette ville d’ordinaire très calme, les manifestants jetant des fumigènes vers la police épaulée de véhicules blindés et de snipers.
Éviter « davantage de violence »
« Je ne pars pas », assure Johnny Rowe auprès de l’AFP, balayant d’un revers de la main les risques d’arrestation.
« Il n’y a pas de retour en arrière possible », dit-il. « Tout le monde ici, moi inclus, a vu sa vie détruite par ce qu’il s’est passé ces deux dernières années ».
« Je me gèle les miches, mais je reste », dit en écho un autre manifestant se faisant appeler Brian.
Certains d’entre eux formaient, samedi, une chaîne humaine sous les cris et slogans « Liberté ».
« Toute personne trouvée dans la zone » du centre de la capitale canadienne « sera arrêtée », a tweeté la police, accusant les camionneurs, nombreux à être venus accompagnés d’enfants, de mettre ces derniers en danger.
Les responsables du mouvement qui accusent la police d’abus ont, eux aussi, appelé les chauffeurs routiers à quitter les abords du Parlement pour éviter « davantage de violence ». De nombreux camionneurs ont choisi de partir d’eux-mêmes et d’enlever leur poids lourd des rues.
Un journaliste de l’AFP a observé un flux régulier de départ. « Nous emportons ça ailleurs », explique la musicienne Nicole Craig, son mari Alex ajoutant « même si les camionneurs ont quitté la ville, la protestation va continuer. Le combat continue ».
Quelques centaines de personnes ont ignoré l’ordre, bravant le froid glacial de la nuit, brandissant des drapeaux canadiens et allumant des feux d’artifice sur une barricade, au rythme de l’hymne protestataire américain des années 1980, « We’re Not Gonna Take It ».
Mesures d’urgence
Minimisé au départ par les autorités, ce mouvement dit « Convoi de la liberté », initié fin janvier, est parti de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vaccinés pour passer la frontière entre le Canada et les États-Unis.
Mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.
Après une journée de fermeture exceptionnelle due au contexte sécuritaire, le Parlement a repris, samedi, ses travaux autour de l’utilisation de la loi sur les mesures d’urgence décrétée par le Premier ministre canadien, qui a par ailleurs convoqué une réunion de crise.
La chambre examine depuis jeudi la mise en œuvre de cette loi invoquée par Justin Trudeau pour mettre un terme aux blocages « illégaux » en cours dans le pays.
C’est seulement la seconde fois que cette disposition est utilisée en temps de paix, et elle est très contestée par l’opposition conservatrice.
AFP
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