Un favori, le film « Illusions Perdues », et pas de droit à l’erreur pour la soirée des César: les statuettes les plus prisées du cinéma français sont remises vendredi, après deux éditions marquées par des scandales et des flops.
La 47e soirée des César doit débuter à 21H00 à l’Olympia, sous l’égide d’Antoine de Caunes, un maître de cérémonie habitué de l’exercice, et retransmise en clair sur Canal+.
Au programme, des paillettes, avec le César d’honneur remis à l’actrice australienne Cate Blanchett par Isabelle Huppert, le souvenir des disparus, Jean-Paul Belmondo et Gaspard Ulliel en tête, et bien sûr le palmarès, pour lequel le film « Illusions perdues », fresque acide sur la presse et ses dérives, fait figure de favori.
Avec 15 nominations dont le meilleur film et la meilleure réalisation, le film de Xavier Giannoli fait la course en tête pour succéder à « Adieu les Cons » d’Albert Dupontel, qui a triomphé l’an dernier avec sept statuettes.
Derrière l’adaptation du grand roman balzacien, les membres de l’Académie ont placé l’opéra-rock « Annette » de Leos Carax (11 nominations), présenté au Festival de Cannes.
La star américaine Adam Driver est en lice pour le César du meilleur acteur pour ce film, côtoyant dans sa catégorie Benoît Magimel, Vincent Macaigne ou Pierre Niney.
Pour compléter ce trio de tête, « Aline », le biopic de Valérie Lemercier consacré à Céline Dion, dans lequel cette grande fan de la star québécoise donne le meilleur d’elle-même, a décroché dix nominations, dont logiquement la meilleure actrice, aux côtés de Léa Seydoux ou Laure Calamy, à nouveau nommée après avoir remporté le titre l’an dernier.
Dans la catégorie reine du « meilleur film », outre les trois films placés en tête, les membres de l’Académie ont également mis sur les rangs « BAC Nord » de Cédric Jimenez, sur les dérives policières dans les quartiers Nord de Marseille, « L’évènement » d’Audrey Diwan, adaptation d’un roman d’Annie Ernaux sur l’avortement qui a décroché le Lion d’Or à Venise, « la Fracture » de Catherine Corsini sur la France des « Gilets jaunes » ainsi que « Onoda, 10.000 nuits dans la jungle » d’Arthur Harari.
Désamour
Renouvelée pour répondre aux accusations d’opacité, d’entre-soi et de machisme, l’Académie des César saisira-t-elle l’occasion de montrer qu’elle a changé?
Une seule cinéaste a reçu jusqu’ici le César de la meilleure réalisation: Tonie Marshall en 2000 pour « Vénus Beauté (institut) ». Trois sont nommées cette année (Valérie Lemercier, Audrey Diwan et Julia Ducournau, qui a décroché la Palme d’Or à Cannes pour « Titane ») pour quatre hommes.
Pour tous ces films, des César pourraient faire office de lot de consolation après une année où le cinéma français a pu briller en festival mais a souffert en salles, en raison de la pandémie de Covid-19.
« J’ai envie d’une cérémonie joyeuse, où l’on célèbre le cinéma comme un art et un divertissement », a souligné Antoine de Caunes, qui devra aussi faire oublier les naufrages des précédentes éditions.
« La mission cette année, ce n’est pas de redresser la barre ou mettre le navire à flot (mais) essayer de repartir sur les bases qui ont longtemps été celles des César, de célébrer le cinéma », a-t-il ajouté.
En 2020, à l’apogée d’une crise interne, Roman Polanski, accusé de viol, était sacré meilleur réalisateur pour « J’accuse », provoquant le départ de la cérémonie de l’actrice Adèle Haenel. L’image est devenue l’un des symboles de la lutte contre les violences sexuelles et pour l’égalité dans le milieu du cinéma.
Malgré un profond renouvellement, la cérémonie de l’an dernier, marquée par un happening pro-intermittents du spectacle de l’actrice Corinne Masiero nue sur scène, a fait un flop d’audience (1,6 million de spectateurs). Et suscité un torrent de critiques déplorant le nombrilisme du monde du cinéma en pleine pandémie.
Cette année, les organisateurs ont misé sur des valeurs sûres, avec Antoine de Caunes, et la réalisatrice Danièle Thompson en présidente.