Centrafrique : négociations en cours pour libérer les quatre militaires de l’armée française

Des négociations sont en cours entre l’ONU et Bangui pour obtenir la libération des quatre militaires du corps de la Légion étrangère de l’armée française arrêtés et placés en détention depuis lundi en Centrafrique. Selon Paris, les légionnaires qui opéraient sous la bannière onusienne ont été victimes d’une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux les accusant d’avoir voulu « assassiner » le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra.

Selon les informations de France 24, des négociations sont en cours entre l’ONU et la Centrafrique pour obtenir la libération des quatre militaires de l’armée française qui ont été arrêtés lundi 21 février, alors qu’ils escortaient le général français Stéphane Marchenoir, chef d’état-major de la force de maintien de la paix en Centrafrique (Minusca), à l’aéroport.

Les militaires font partie du corps de la Légion étrangère et, selon le procureur de la République de Bangui, sont « de nationalité française, italienne, roumaine et bulgare ».

Une source proche du dossier s’est même dite « optimiste » quant à l’issue des négociations, alors que des hauts responsables de l’ONU ont rencontré le président Faustin-Archange Touadéra pour évoquer cette affaire.

« Tout le monde essaie de dénouer cela pour que l’on assiste à la libération au plus vite des quatre militaires », avait indiqué mardi le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric, lors de son point-presse quotidien.

À Bangui, la justice centrafricaine a ouvert une enquête mardi « pour faire la lumière sur les faits », alors que les quatre légionnaires, qui opéraient sous la bannière de l’ONU, sont accusés sur les réseaux sociaux d’avoir voulu « assassiner » le président Touadéra, dont le convoi devait passer au même endroit.

Coïncidence ou non, cette affaire a éclaté le jour où la France et les États-Unis ont accusé devant le Conseil de sécurité les « mercenaires » de la société privée russe Wagner d’avoir « massacré » et « exécuté » des dizaines de civils en janvier. Les paramilitaires russes sont présents depuis 2018 en Centrafrique, où ils assurent la sécurité des dirigeants et protègent la capitale.

La tension diplomatique est également vive entre la France et la Centrafrique, à laquelle Paris reproche d’être « complice » d’une campagne antifrançaise orchestrée par Moscou, notamment sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Des motifs qui ont poussé la France à couper, en juin 2021, son soutien militaire et son aide financière à Bangui.

« Désinformation grossière »
C’est dans ce contexte particulier que la France a dénoncé « l’instrumentalisation immédiate » sur les réseaux sociaux de l’arrestation des quatre officiers de sécurité, qu’elle a qualifiée d’ »incident », et condamné une campagne de « désinformation grossière » qui s’en est suivi.

Même ton du côté de la Minusca, qui regrette dans un communiqué « cet incident et condamne vivement son instrumentalisation sur les réseaux sociaux, dans une tentative de manipulation de l’opinion publique ».

« Ils étaient à l’aéroport pour escorter le général, c’est un concours de circonstances qui a fait qu’au même moment, l’avion du président Touadéra atterrissait », a expliqué mardi l’état-major parisien des armées à l’AFP.

« Sans raisons particulières, ils ont été arrêtés par la gendarmerie centrafricaine alors qu’ils se trouvaient près de l’aéroport et des accusations relatives à une tentative d’attentat ont été portées via les réseaux sociaux », a poursuivi cette source.

Mardi, le Journal de Bangui a indiqué que des images des quatre militaires arrêtés, de leurs badges « Nations unies » et de leur équipement militaire « ont inondé Internet » dès lundi, par le biais de « dizaines de comptes à travers l’Afrique ». Et ce, avant toute communication officielle des autorités locales. Au moment de leur arrestation par la gendarmerie, les légionnaires étaient armés et en uniforme. Ils portaient notamment des fusils d’assaut et des pistolets.

« Ces images étaient accompagnées du commentaire ‘tentative d’assassinat du président centrafricain’, poursuit le journal local. Une version reprise par un site d’information réputé proche des intérêts russes en Centrafrique, mais démentie par l’ambassade de France et la Minusca. »

Selon le Journal de Bangui, c’est le véhicule utilisé par ces militaires qui est à l’origine de leur arrestation. « C’est un véhicule de location, immatriculé en Centrafrique, qui aurait attiré l’attention des services de sécurité. Selon plusieurs sources, il s’agissait d’un véhicule provisoire mis à disposition du chef d’état-major de la Minusca, le général Marchenoir, dans l’attente d’une voiture officielle. »

En mai dernier, l’arrestation d’un ressortissant français, Rémy Quignolot, en possession d’armes de guerre et présenté comme un « espion » ou un « mercenaire » sur les réseaux sociaux et par certains médias, avait également été dénoncée par la France. Paris avait même pointé du doigt le rôle de la Russie, sans la nommer. L’ancien militaire, installé en Centrafrique depuis huit ans, est toujours détenu. Accusé d’atteinte à la sûreté de l’État, il encourt les travaux forcés à perpétuité.

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