Le changement climatique et le changement d’affectation des terres devraient rendre les feux incontrôlés plus fréquents et plus intenses, selon un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le centre d’information et de données GRID-Arendal.
Unsplash/Mikhail Serdyukov Le changement climatique accroît le risque de temps chaud et sec, susceptible d’alimenter les incendies de forêt.
Unsplash/Mikhail Serdyukov Le changement climatique accroît le risque de temps chaud et sec, susceptible d’alimenter les incendies de forêt.
Les experts prévoient une augmentation mondiale des incendies extrêmes pouvant atteindre 14% à l’horizon de 2030, 30% d’ici à 2050 et 50% d’ici à la fin du siècle.
Le rapport, intitulé Spreading like Wildfire : The Rising Threat of Extraordinary Landscape Fires, constate que le risque est élevé même dans l’Arctique et dans d’autres régions qui n’étaient pas touchées par les feux incontrôlés.
Le rapport est publié alors que les représentants de 193 nations s’apprêtent à se réunir à Nairobi pour la reprise de la 5e session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, du 28 février au 2 mars 2022.
La publication invite les gouvernements à adopter une nouvelle « formule de préparation aux incendies », selon laquelle deux tiers des dépenses seraient consacrées à la planification, à la prévention, à la préparation et au rétablissement, et un tiers aux interventions.
À ce jour les réponses directes aux incendies de forêt reçoivent généralement plus de la moitié des dépenses correspondantes, tandis que la planification et la prévention reçoivent moins d’1%.
Les auteurs appellent à combiner les systèmes de surveillance fondés sur les données et la science avec les connaissances autochtones ainsi qu’à renforcer la coopération régionale et internationale afin de prévenir les incendies.
« Il faut minimiser le risque d’incendies incontrôlés extrêmes en étant mieux préparés : investir davantage dans la réduction des risques d’incendie, travailler avec les communautés locales et renforcer l’engagement mondial dans la lutte contre les changements climatiques », a déclaré Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE.
Santé et faune sauvage affectées
Le rapport montre que les conséquences des feux incontrôlés se prolongent pendant des jours, des semaines et même des années après la disparition des flammes. Ils entravent les progrès en direction des objectifs de développement durable des Nations Unies et creusent les inégalités sociales.
La fumée des incendies de forêt affecte directement la santé des personnes, provoquant des troubles respiratoires et cardiovasculaires, tandis que le coût de la reconstruction peut dépasser les moyens des pays à faible revenu.
La faune et ses habitats naturels sont rarement épargnés par les incendies, ce qui rapproche certaines espèces animales et végétales de l’extinction. Un exemple récent est celui des feux de brousse australiens de 2020, dont on estime qu’ils ont causé la disparition de milliards d’animaux domestiques et sauvages.
Les incendies incontrôlés et les changements climatiques s’aggravent mutuellement
De plus, les feux incontrôlés sont aggravés par les changements climatiques en raison de l’augmentation de la sécheresse, des températures élevées de l’air, de la faible humidité relative, des éclairs et des vents violents, qui entraînent des saisons des incendies plus chaudes, plus sèches et plus longues.
Dans le même temps, les changements climatiques sont exacerbés par les feux incontrôlés car ils ravagent des écosystèmes sensibles et riches en carbone comme les tourbières et les forêts tropicales. Les paysages se transforment ainsi en poudrières, ce qui complique la lutte contre la hausse des températures.
Mieux comprendre le fonctionnement des incendies incontrôlés
Pour parvenir à une gestion adaptative des terres et des incendies et la maintenir, une combinaison de politiques, un cadre juridique et des incitations qui encouragent une utilisation appropriée des terres et des incendies sont nécessaires.
La restauration des écosystèmes est une solution importante pour atténuer les risques d’incendies avant qu’ils ne se produisent et pour mieux reconstruire après.
La restauration des zones humides et la réintroduction d’espèces telles que les castors, la restauration des tourbières, la construction de bâtiments à distance de la végétation et la préservation des espaces tampons ouverts sont quelques exemples des investissements essentiels qui doivent être faits dans la prévention, la préparation et la récupération.
« Les ripostes actuelles des gouvernements aux feux incontrôlés placent souvent l’argent au mauvais endroit », a déclaré Inger Andersen, insistant que les travailleurs des services d’urgence et les pompiers qui sont en première ligne doivent être soutenus.
Le rapport lance un appel au renforcement des normes internationales relatives à la sécurité et à la santé des pompiers et à la réduction des risques auxquels ils sont confrontés avant, pendant et après les opérations. Il s’agit notamment de sensibiliser aux risques d’inhalation de fumée, de minimiser les risques de situation de prise au piège par les flammes potentiellement mortelles et de permettre aux pompiers de s’hydrater, de se nourrir, de se reposer et de récupérer entre deux interventions.