L’attaque militaire de l’Ukraine par la Russie, jeudi, a affolé les marchés mondiaux, faisant chuter les Bourses et s’enflammer les matières premières, pétrole et gaz en tête, tandis que la banque centrale russe a dû intervenir pour freiner un plongeon du rouble.
Alors que plusieurs villes ukrainiennes s’éveillaient au son des sirènes et des déflagrations, l’incursion militaire russe semait la panique bien au-delà des frontières ukrainiennes : sur les marchés mondiaux. Le cours de matières comme le pétrole, gaz ou l’aluminium ont fait un bond historique, tandis que la chute inédite du rouble a forcé la banque centrale russe à intervenir.
Panique sur les marchés
Les places boursières européennes s’effondraient dans les premiers échanges : vers 08 h 15 GMT, la Bourse de Paris perdait 3,15 %, Francfort 3,73 %, Londres 2,45 % et Milan 3,10 %. L’indice européen de référence Eurostoxx 50 chutait de 3,48 %.
La Bourse de Moscou plongeait même de plus de 30 % et la monnaie russe, le rouble, a atteint un plus bas historique face au dollar avant l’intervention de la banque centrale du pays.
En Asie, Hong Kong perdait 3,24 %. Tokyo a fini en forte baisse de 1,81 % et Shanghai de 1,70 %. Le prix du baril de pétrole Brent de la mer du Nord a dépassé les 100 dollars pour la première fois en plus de sept ans. L’aluminium aussi battait des records.
« C’est la panique sur les marchés », résume Ipek Ozkardeskaya, analyste chez la société d’investissement SwissQuote.
Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé, jeudi à l’aube, le début d’une « opération militaire » en Ukraine, Kiev affirmant de son côté qu’une « invasion de grande ampleur » était en cours.
Dans la foulée, de puissantes explosions et les sirènes d’alerte aérienne ont été entendues à Kiev, Odessa (sud), Lviv (ouest), Kharkiv à la frontière russe et dans l’est de l’Ukraine. Des forces terrestres russes sont entrées sur le territoire ukrainien, notamment depuis la Crimée annexée, ont indiqué les garde-frontières ukrainiens.
« À ce stade, il est impossible de parier sur un quelconque scénario », se résigne Ipek Ozkardeskaya. « Nous ne pouvons que suivre de près les derniers développements et nous tenir prêts à davantage de volatilité. »
L’offensive russe a déclenché une vague de condamnations internationales, le président américain, Joe Biden, dénonçant « l’attaque injustifiée » de la Russie. Le secrétaire général de l’ONU a, lui, imploré Vladimir Poutine de ramener ses « troupes en Russie » « au nom de l’humanité ». L’annonce russe est intervenue au beau milieu de la session du Conseil de sécurité.
Les matières premières s’embrasent
Vers 08 h 10 GMT, le cours du baril de pétrole Brent de la mer du Nord s’envolait de 6,01 % à 102,60 dollars et celui du baril de WTI américain bondissait de 5,39 % à 97,14 dollars.
Du côté du gaz naturel, le marché de référence en Europe, le TTF (Title Transfer Facility) néerlandais, se négociait à 107,615 euros le mégawattheure (MWh), en explosion de 21 % par rapport à la veille. Le prix de l’aluminium a atteint un nouveau record historique à 3 382,50 dollars la tonne.
La flambée des matières premières « constitue une menace croissante » rappelle l’analyste de Swissquote, puisqu’elle exerce une pression sur l’inflation, déjà très élevée aux États-Unis et en Europe, ce qui pourrait « obliger la Réserve fédérale (Fed) à agir de manière plus agressive pour maîtriser » cette hausse des prix.
Chute du rouble, bond du dollar
Après un plus bas historique à 90 roubles pour un dollar, la devise russe réduisait ses pertes : elle reculait de 6,39 % et s’échangeait à 87,19 rouble pour un dollar, à 08 h 10 GMT.
La banque centrale russe a annoncé, jeudi, commencer des « interventions » sur le marché des changes afin de « stabiliser la situation » après la chute du rouble.
Le dollar, considéré comme une valeur refuge, prenait 0,41 % face à la monnaie européenne, à 0,8884 euro pour un dollar. Le bitcoin baissait de 4,77 % à 35 700 dollars.
AFP