L’économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE), Philip Lane, a déclaré aux autres responsables de l’institution que le conflit en Ukraine pourrait réduire de 0,3 à 0,4 point de pourcentage la croissance économique de la zone euro cette année, a-t-on appris de quatre sources proches du dossier.
Ce « scénario central » a été présenté par Philip Lane lors de la réunion informelle du Conseil des gouverneurs jeudi à Paris, quelques heures après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe.
Philip Lane a aussi présenté un scénario plus sombre dans lequel le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro serait amputé de près de 1% et un plus bénin dans lequel les événements en Ukraine n’auraient aucun impact sur la croissance, ce que les sources ont jugé improbable.
L’une de ces personnes a évoqué des estimations « faites sur un coin de table », une autre les a jugées « très préliminaires » et une troisième a expliqué qu’elles étaient liées principalement à l’évolution des cours des matières premières.
Toutes les sources ont déclaré que Philip Lane présenterait des prévisions plus précises pendant la réunion de politique monétaire du 10 mars, lors de laquelle le Conseil est censé décider de l’avenir du Programme d’achats d’actifs (APP) de la BCE.
L’institution de Francfort a jusqu’à présent déclaré qu’elle cesserait ces achats après mars.
Philip Lane n’a pas présenté de nouvelles prévisions d’inflation mais a déclaré jeudi que la prévision 2022 serait revue en nette hausse, en laissant entendre que les estimations les plus lointaines resteraient sous l’objectif de 2% que s’est fixé la BCE.
Un porte-parole de la banque centrale a refusé de commenter ces informations.
Les prévisions de la BCE portent jusqu’à présent jusqu’en 2024.
Les nouvelles prévisions présentées le 10 mars seront déterminantes pour l’arrêt de l’APP, considéré comme une étape clé avant une possible hausse de taux d’intérêt qui serait la première pour la BCE depuis plus de dix ans.
Le gouverneur de la banque centrale grecque, Yannis Stournaras, a déclaré à Reuters qu’il était favorable à ce que la BCE continue d’acheter des obligations d’Etat au moins jusqu’à la fin de l’année afin d’atténuer les retombées de la crise ukrainienne.
Son homologue autrichien, Robert Holzmann, considéré comme un « faucon », a reconnu que les événements en Ukraine pourraient retarder la fin des mesures de soutien monétaire.
Il y a quelques jours encore, les investisseurs tablaient sur un arrêt des achats d’actifs de la BCE puis un relèvement des taux de 50 points de base d’ici fin décembre mais la probabilité de voir ce scénario se réaliser a reflué avec l’invasion russe.
reuters