Un salon de l’agriculture 2022 à gros enjeux pour la profession

Le plus grand événement agricole français est particulièrement attendu par les producteurs, qui y voient une opportunité de se retrouver mais aussi d’échanger avec les consommateurs, tout en faisant passer certains messages.

Enfin ! Après un report en 2021 dû à la crise sanitaire, le Salon international de l’agriculture (SIA) fait son retour. Cette grande messe des éleveurs et des producteurs démarre à Paris le samedi 26 février pour deux semaines. Près de 600.000 visiteurs et 1.000 exposants sont attendus selon les organisateurs du Salon.

Cette année, le SIA prend le parti du rassemblement en choisissant pour thèmes principaux « les retrouvailles » et « l’agriculture, notre quotidien, votre avenir ». « L’idée du quotidien est de mettre en valeur l’importance du travail des agriculteurs dans les exploitations. Votre avenir, c’est parce qu’on a la prétention de penser que l’agriculture française est sûrement l’une des plus propres au monde, qui répond le mieux à ce que cherche le consommateur », détaille Jean-Luc Poulain, président du SIA.

Un moment d’échange avec les consommateurs

Du côté des exposants, les retrouvailles étaient aussi attendues. La pandémie, en plus d’impacter les activités économiques, a également marqué la fin des salons et concours qui constituent des moments d’échange entre exploitants agricoles. « Nous travaillons dans un métier où nous sommes isolés. Aller au SIA permet de nous retrouver entre éleveurs et de rompre avec la solitude », déclare Eric Hontang, éleveur bovin en Gironde.

Plus que les rencontres entre confrères, le SIA constitue également un moment phare de discussion avec le reste de la société civile. À l’heure où les modes de production agricole conventionnels sont critiqués, le salon amorce un dialogue entre consommateurs et producteurs. « L’agriculture est au cœur de nos débats sociétaux. Dans la sphère médiatique, elle est entourée d’attentes et d’incompréhensions. Le SIA est un moment irremplaçable où on a le temps d’échanger entre consommateur et producteur », analyse Didier Crabos, président de Pink Lady® Europe (par ailleurs partenaire de 20 Minutes durant le SIA 2022). Et d’ajouter : « On revient toujours du SIA avec un sentiment de compréhension et d’échange. Chaque acteur a la possibilité d’exprimer ce qu’il fait et pourquoi il le fait. »

Un constat partagé par Philippe Missillier, agriculteur au Grand-Bornand : « Le SIA est important pour rappeler au consommateur qu’on fait attention à notre environnement. Les agriculteurs sont souvent critiqués sur l’usage des pesticides mais l’environnement est notre outil de travail. Nous y tenons également. »

Des revendications politiques
Autre rendez-vous attendu du grand raout du monde agricole, les retrouvailles avec les politiques. Quelques semaines avant le premier tour, le passage dans les allées du salon est pour ainsi dire une figure obligatoire pour tous les présidentiables. Une opportunité dont ont bien conscience les acteurs et participants du SIA, qui souhaitent en profiter pour glisser un message aux aspirants à l’Elysée. « Les candidats se pressent au SIA car le secteur agricole compte énormément. L’agriculture est une chance pour notre pays et nous voulons le dire aux candidats », annonce Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), lors d’une conférence de presse tenue le lundi 21 février.

Antoine Lefebvre, éleveur ovin en Picardie, aimerait faire remonter aux candidats son désir de voir advenir des politiques agricoles plus proches de sa réalité : « On nous impose des choses qui nous paraissent aberrantes. Il y a un monde entre ce qui est établi par le monde politique et la réalité de nos vies. » Pour Eric Hontang, la question des conditions de travail est un axe majeur à évoquer avec candidats et représentants politiques : « J’aimerais que l’on cesse d’accabler le monde agricole d’un carcan administratif. Un agriculteur doit être un ouvrier, un patron, un comptable. Cette lourdeur administrative nous pèse. Je ne sais pas si les politiques en ont conscience. » Le monde paysan a deux semaines pour semer ses idées dans le vaste terrain de la présidentielle. A voir ce qui sortira de terre dans les cinq prochaines années.

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