L’invasion russe en Ukraine, jeudi, a mis un coup d’arrêt à la campagne présidentielle française, obligeant les candidats à reporter certains de leurs déplacements et à montrer leur unité dans la condamnation de l’intervention armée ordonnée par Vladimir Poutine.
Comme un air d’union sacrée, au moins pour un jour : Emmanuel Macron a plaidé, jeudi 24 février, l' »unité » des Français face à l’invasion russe de l’Ukraine, unanimement condamnée par les candidats à six semaines du premier tour de la présidentielle.
Lors d’une courte allocution télévisée, le président sortant a appelé à « ne rien céder autour de nos principes de liberté, de souveraineté et de démocratie », avertissant les Français que cet « acte de guerre » aura « des conséquences profondes, durables sur nos vies et la géopolitique de notre continent ».
En ces heures troubles où renaissent les fantômes du passé, où les manipulations seront nombreuses, ne cédons rien de notre unité. pic.twitter.com/dtJYtVNQmo
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 24, 2022
Il a également promis que la France et ses alliés décideront de sanctions contre la Russie « à la hauteur de l’agression dont elle se rend coupable ». Emmanuel Macron doit aussi adresser un message au Parlement lors d’une séance solennelle vendredi.
À l’unisson, les candidats à la présidentielle de droite comme de gauche ont condamné jeudi cette intervention armée, appelant au cessez-le-feu et à mêler action diplomatique et sévères sanctions ciblées contre Moscou, voire, pour l’écologiste Yannick Jadot, à livrer des armes à Kiev.
Y compris dans le camp de ceux qui ont le plus ménagé la Russie de Poutine, comme le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon ou encore les candidats d’extrême droite Éric Zemmour (Reconquête!) et Marine Le Pen (Rassemblement national).
À 46 jours du premier tour, il est encore trop tôt pour juger de l’impact de l’événement sur les Français et la présidentielle, mais elle bouleverse complètement la campagne.
Si les enjeux de politique étrangère pèsent généralement peu sur une élection présidentielle, le fait que la guerre soit aux portes de l’Union européenne et qu’elle ait un impact sur l’entrée en scène d’Emmanuel Macron pourrait changer la donne et favoriser le président sortant, estiment des analystes.
« C’est du jamais-vu »
Le chef de l’État se retrouve pris en tenaille, lui qui est monté en première ligne pour tenter de dénouer, sans succès, la crise russo-ukrainienne, ce qui lui a valu des critiques de l’opposition. Il est le grand favori des sondages d’intentions de vote mais il voit sa campagne de réélection aller de report en report.
Plus largement, ces événements « empêche(nt) la campagne de progresser », souligne le sondeur de PollingVox Jérôme Sainte-Marie, pour qui « ça va encore plus affaiblir les enjeux réels de la campagne, notamment les enjeux sociaux qui sont inaudibles ».
« C’est du jamais-vu » d’avoir une guerre en temps de campagne », note de son côté Frédéric Dabi, directeur général opinion à l’Ifop. « Mais ça reste très difficile à prédire. Ce qu’on peut peut-être anticiper, c’est une logique de distinction entre le président et les autres candidats » selon qui est le plus « présidentiable ».
Attendu dans la soirée au traditionnel dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) – une des figures imposées de campagne – le chef de l’État avait dû annuler sa venue pour se rendre à un Conseil européen extraordinaire à Bruxelles.
De leurs côtés, plusieurs candidats comme Yannick Jadot ou Christiane Taubira ont reporté ou annulé des déplacements prévus jeudi pour participer à des manifestations pro-Ukraine. Et France 2 a déprogrammé un débat dans la soirée avec Marine Le Pen.
La collecte des parrainages, en revanche, se poursuit. Dans son dernier décompte, publié jeudi à 17 h, le Conseil constitutionnel a révélé que Jean-Luc Mélenchon avait à son tour dépassé le cap des 500 signatures, tandis qu’Éric Zemmour (415 parrainages) et Marine Le Pen (414 parrainages) se rapprochent du but.
AFP
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