« Nous avons beaucoup travaillé à sens unique par le passé, maintenant il faut œuvrer dans les deux sens. »
« Nous avons beaucoup travaillé à sens unique par le passé, maintenant il faut œuvrer dans les deux sens. » Wen Gang, l’auteur de cette sentence, est le vice-président de China Communications Construction Company Limited (CCCC), l’un des principaux groupes chinois de travaux publics actifs sur le continent. Un conglomérat coté en bourse mais contrôlé par l’État, ce qui laisse à penser que lorsque M. Gang s’exprime en public, ses propos n’engagent pas que lui. « Cela ne veut pas dire que les entreprises africaines doivent aller en Chine, poursuit-il, mais au moins que les bénéfices soient mutuels ou multilatéraux. »
Relation à sens unique
Cette idée d’une relation économique et commerciale fonctionnant à sens unique revient beaucoup lorsqu’on évoque les relations sino-africaines, en particulier les échanges commerciaux. Et les chiffres confirment cette impression : si les flux d’importation et d’exportation ne cessent d’augmenter entre la Chine et le continent depuis vingt ans, la balance reste désespérément déséquilibrée.
En 2019, dernière année pour laquelle les chiffres sont connus, l’empire du Milieu a exporté pour 113 milliards de dollars de marchandises vers l’Afrique, et importé pour 95 milliards. Étudiée pays par pays, la situation se révèle cependant très hétérogène. Principaux exportateurs vers la Chine, la RDC, l’Angola et l’Afrique du Sud affichent un ratio positif grâce à leurs matières premières et à leurs hydrocarbures. Mais pour d’autres nations moins riches en ressources naturelles, le bilan est cruel : la balance entre exportations et importations frise les 1 pour 5 (Côte d’Ivoire), et même 1 pour 7 (Nigeria et Maroc).
Nouveau document bilatéral
Lors du sommet de Dakar, les présidents congolais et sud-africain, ainsi que le ministre kényan des Affaires étrangères, ont appelé à corriger ce déséquilibre persistant. Félix Tshisekedi s’est montré le plus explicite en appelant « à la rectification des conditions [du] partenariat » et à « équilibrer tant soit peu les échanges commerciaux ».
Le président Xi Jinping a annoncé la création de « corridors verts »
Les partenaires chinois assurent qu’ils partagent cet objectif, et ont même évoqué des projets précis visant à faciliter l’importation de produits africains en Chine – en particulier ceux issus de l’agriculture –, leur référencement sur les plateformes de e-commerce et leur présence dans les grandes foires internationales.
Le nouveau document bilatéral censé fixer les grandes orientations du partenariat à l’horizon 2035 confirme la volonté d’ »augmenter les importations de produits hors ressources naturelles », afin de corriger l’impression persistante selon laquelle Pékin s’intéresse avant tout à l’Afrique pour son pétrole et ses minerais. Quant au président Xi Jinping, il a lui-même annoncé la création de « corridors verts » : des routes logistiques, mêlant rail et transport maritime, supposées faciliter et accélérer l’exportation de produits agricoles africains vers son pays.
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