Les salles permanentes qui abritent les œuvres d’art d’Afrique noire sont en réfection au Musée Métropolitain de New York depuis quelque temps. Mais durant cette période de rénovation, les visiteurs auront toujours la chance de voir les œuvres d’art issus de cette région. Sur initiative de la Curatrice de l’aile Egypte Antique, Diana Craig Patch et de sa collègue de l’aile Afrique subsaharienne,Asie, Océanie, Amérique, Alisa LaGamma, une exposition de 21 paires d’objets historiques issues des deux collections a été initiée au Met à cette occasion. Alisa LaGamma est revenue dans cet entretien avec «Les Echos» sur comment leur est venue l’idée de cette exposition et pourquoi porte-t-elle le nom de l’œuvre de Cheikh Anta Diop. La Curatrice qui a eu à organiser plusieurs expositions sur l’Afrique est aussi revenue sur l’œuvre du savant sénégalais et aabordé des thèmes comme la restitution des œuvres d’art africaines au continent ; mais aussi la lutte contre le racisme.
Les Echos : Cette exposition de quoi s’agit-il ?
Alisa LaGamma : «The African Origin of Civilization», le nom de cette exposition, rend hommage à l’œuvre de Cheikh Anta Diop (Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique) et on est en train de célébrer le rapport entre les anciennes civilisations de l’Afrique,notamment l’Égypte et les traditions artistiques de l’Ouest et du Centre de l’Afrique qui ont été produitesdurant les siècles plus récents.
Comment vous est venue l’idée d’organiser cette exposition ?
Il y a 3 ans, la direction du musée a annoncé que les salles permanentes d’arts africains ici au Musée Métropolitain de New York devront être rénovées. Pour cette raison, il y avait la possibilité de transférer temporairement ces œuvres vers d’autres salles d’exposition du musée et finalement, on les a installées dans l’aile Égypte. Alors avec ma collègue de l’aile Egypte, nous avons développé ce projet pour que pendant que les salles permanentes seront en rénovation, le grand public puisse toujours avoir la possibilité d’apprécier ces œuvres de l’Afrique. Mais il était aussi important pour moi en temps qu’africaniste d’être en dialogue avec un archéologue qui est spécialiste de l’Égypte pour faire des juxtapositions entre chefs d’œuvres de l’Afrique subsaharienne et l’Egypte. Et on apprécie dans cette exposition la profondeur des parallèles culturelles qui existent entre les deux collections, mais aussi des différences qui sont aussi très intéressantes.
Et en quoi cela correspond-il à l’œuvre de Cheikh Anta Diop dont l’exposition porte le nom ?
Cheikh Anta Diop a insisté sur le fait que l’Égypte comme ancienne civilisation est à la fondation des civilisations classiques du monde, y compris l’Afrique. Il était donc normal qu’on cherche quels sont les rapports entre l’Égypte et le reste du continent. Alors, c’est un travail qui demande beaucoup de recherches continuelles et jusqu’à présent, pas mal de questions n’ont pas de réponses. Mais c’était essentiel de voir dans cette exposition qu’il y avait des liens entre les Egyptiens et le reste du continent et qu’il y avait des échanges. Cheikh Anta Diop était très fier d’insister que l’Egypte est ancrée même dans la culture du reste du continent et c’est l’idée qu’on célèbre dans cette exposition. Par exemple, dans ce cas à l’entrée de l’exposition, on juxtapose 2 couples et dans le cas de l’objet qui vient du Mali, c’est un grand chef d’œuvre de la culture dogon et l’autre œuvre (couple Memi et Sabu) est de l’Egypte antique. Il y a des milliers d’années entre ces 2 créations artistiques, mais c’est vraiment étonnant le fait que le geste soit exactement le même (dans les deux cas) l’homme à son bras sur l’épaule de la femme et ils forment un couple. Ils sont à la fondation de la création de la vie. Vous voyez La chaine chronologique qu’on a établie en haut de la salle d’exposition explique un peu la profondeur de l’histoire de l’Afrique les couches de l’histoire, du commencement de notre développement intellectuel jusqu’à aujourd’hui. Vraiment que l’Afrique est au début des premiers efforts d’expression que ce soit dans le domaine des traditions visuelles ou de la communication d’idées complexes et abstraites.
Cette exposition peut-il aider à lutter contre le racisme ?
Oui, parce qu’aujourd’hui, on est très fier de célébrer la réalité que durant les années 70, Cheikh Anta Diop avait insisté avec ses recherches et ses écrits que c’est vraiment l’Afrique qui est au cœur de la créativité humaine et c’est la matrice d’origine pour nous tous. Le continent où tout a commencé et on est tous des immigrés originaires d’Afrique. Et cette Afrique est au commencement de notre histoire comme nation, alors c’était vraiment important que l’art africain ait une place majeure dans le musée et ça a été une lutte dans l’histoire des États-Unis, parce que dans les années 60, les visiteurs ne pouvaient pas avoir d’exposition sur l’Afrique à cause du racisme. C’est assez récent que les collections africaines ont eu une place centrale dans les musées américains.
Qu’en est-il des Afro-Américains qui ne se sont jamais rendus en Afrique ; qu’est-ce que cette exposition peut-elle leur apporter ?
Je sais que j’ai plusieurs amis qui sont très fiers de leur héritage africain comme américain et auparavant, c’était vraiment l’Egypte qui les fascinait le plus, mais avec cette exposition qui fait le lien entre l’Egypte qu’on connaît très bien avec le reste du continent, tous ces autres cultures qui sont le voisinage et sous l’orbite de l’Égypte, alors je pense que ça c’est quelque chose de nouveau. Parce que les traditions subsahariennes sont méconnues et on avait vraiment besoin de les introduire ; et c’est pour ça que c’est vraiment important que l’Afrique ait une présence dans un musée comme le Met, parce qu’on a en un public américain énorme et les visiteurs viennent de toutes les régions des États-Unis. En plus, c’est assez rare qu’on ait un musée où il y a l’Égypte, la Grèce, l’Afrique saharienne et les visiteurs ne viennent pas nécessairement pour voir les objets de l’Afrique, mais en visitant, ils apprennent la richesse culturelle de l’Afrique et ça c’est très important pour donner une appréciation respectueuse de la valeur du génie.
Ce n’est pas la première fois que vous organisez des expositions sur l’Afrique pouvez-vous revenir sur vos expositions précédentes ?
Avant la pandémie, on avait inauguré une exposition très ambitieuse sur l’art de la région du Sahel ; c’était un projet merveilleux. J’ai travaillé sur ce projet pendant 4 ans avec les collègues du Niger du Mali de la Mauritanie et du Sénégal pour assembler les trésors archéologiques des collections nationales de la région et pour vraiment expliquer cette histoire incroyable de la région du Sahel y compris l’empire du Mali avec des images concrètes. Parce qu’aux États-Unis, les étudiants ont un chapitre au sujet de l’empire du Mali, mais c’est assez abstrait ; alors faire une exposition, avec des objets qui ont été créés pendant cette même période était vraiment quelque chose qui inspire l’imagination du grand public ; mais à cause de la pandémie l’exposition n’a pas eu les le nombre de visiteurs qu’on aurait souhaité et sans doute on va organiser une suite car la tradition ici au Met, c’est que tous les 4 ans, on cherche à organiser quelque chose de très ambitieux autour de l’Afrique.
Qu’est-ce qui vous lie à l’Afrique et au Sénégal ?
J’ai eu la chance que mon père fût un diplomate américain qui était en service en Afrique et je suis née à Lubumbashi au Congo et j’ai passé toute ma jeunesse et fait mes études et mes recherches en Afrique. J’ai eu la chance de vivre à Dakar pendant 3 ans quand j’étais universitaire et je suis vraiment formée par les expériences que j’ai eues dans ma jeunesse et que j’ai continué à avoir en visitant et en travaillant en Afrique.
Quel message pour la jeunesse sénégalaise notamment les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop ?
Il faut continuer d’étudier l’Histoire, vous avez une histoire unique et soyez fiers de l’héritage que vous avez dans ce centre très influente du savoir à Dakar. Votre (ancien) chef d’Etat Léopold Sédar Senghor était un homme de grande culture et par coïncidence était de la même génération que Cheikh Anta Diop qui était un intellectuel qui avait des idées importantes pour nous actuellement à New York.
LES ECHOS
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