La deuxième ville d’Ukraine, Kharkiv (nord-est), est sous le contrôle des forces ukrainiennes, a indiqué dimanche le gouverneur régional Oleg Sinegoubov, quelques heures après avoir annoncé une percée de l’armée russe et des combats de rue.
«Kharkiv est sous notre contrôle total» a écrit M. Sinegoubov sur les réseaux sociaux, assurant qu’une «élimination des ennemis dans la ville» était en cours.
Selon lui, « l’ennemi russe est totalement démoralisé », abandonnant ses véhicules et des groupes de soldats «se rendant aux militaires ukrainiens».
Kharkiv, avec 1,4 million d’habitants, est la principale ville du nord-est ukrainien et est situé non loin de la frontière russe et des territoires contrôlés par les séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk.
Dans la matinée, le gouverneur régional avait fait état d’une «percée» russe avec des blindés légers dans la ville, qui avait entraîné des combats de rue.
D’autres parties de la région de Kharkiv étaient par ailleurs encore en proie à des combats dimanche, selon la même source.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué dimanche que la nuit avait été «dure» en Ukraine, avec des bombardements russes ayant visé selon lui des zones habitées.
«La nuit passée fut dure, de nouveau des tirs, de nouveau des bombardements de quartiers habités, d’infrastructures civiles. Il n’y aujourd’hui rien que l’occupant ne considère pas comme une cible légitime», a-t-il dit dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
«Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d’autres villes vivent dans des conditions qu’on n’avait pas vues sur nos terres (…) depuis la Seconde guerre mondiale», a souligné le président ukrainien.
Il s’est adressé aux Bélarusses, dont le pays sert de base arrière aux forces russes ayant envahi l’Ukraine jeudi pour attaquer Kiev.
«De votre territoire, c’est nos enfants qu’on tue», a-t-il dit, «comment allez-vous pouvoir regarder vos enfants dans les yeux, comment allez-vous vous regarder dans les yeux, les uns les autres? Comment-allez vous regarder vos voisins dans les yeux? Vos voisins, c’est nous».
The #Ukrainian Armed Forces and the territorial defense of #Kharkiv continue to defend the city.
— NEXTA (@nexta_tv) February 27, 2022
Des combats de rue entre forces ukrainiennes et armée russe sont en cours dimanche à Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine où les autorités ont rapporté une «percée» des troupes de Moscou.
Les combats ont lieu depuis la matinée avec des blindés légers abandonnés ou en feu visibles dans les rues, tandis que les coups de feu et les explosions sporadiques résonnent dans la ville, en grande partie déserte, les habitants se terrant chez eux.
Une colonne de quatre véhicules blindés TIGR russes est notamment laissée abandonnée et un camion militaire en feu, les combats se déroulant dans plusieurs endroits y compris dans le centre, selon le journaliste de l’AFP.
Le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Sinegoubov, avait peu auparavant annoncé une percée des véhicules légers de l’ennemi russe» dans cette ville du nord-est de l’Ukraine, près de la frontière russe, qui compte 1,4 million d’habitants.
«Les forces armées ukrainiennes éliminent l’ennemi», a-t-il ajouté.
Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux ukrainiens affirme notamment montrer un véhicule blindé russe en feu dans le centre de la ville.
L’armée russe a de son côté affirmé avoir encerclé deux grandes villes du sud de l’Ukraine, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290 000 et 110 000 habitants.
«Au cours des dernières 24 heures, les forces armées russes ont complètement bloqué les villes de Kherson et de Berdiansk», a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
«La ville de Guenitchesk et l’aérodrome de Tchernobaïevka près de Kherson ont également été pris sous contrôle», a poursuivi le ministère russe.
Il a également revendiqué des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine, qui progressent avec le soutien de l’armée russe et ont avancé, selon Moscou, de 52 kilomètres depuis le début de l’offensive.
Au total, l’armée russe assure avoir détruit 975 installations militaires ukrainiennes, dont des systèmes de défense antiaérienne S-300.
Kyiv en ce moment #Ukraine pic.twitter.com/EDnmhA1JLd
— Charles Villa (@charlesvillaa) February 26, 2022
Le Kremlin et Kiev prêts à négocier
Le Kremlin a assuré dimanche être prêt à négocier avec l’Ukraine, proposant comme lieu de rencontre Gomel au Bélarus, pays d’où la Russie a envahi son voisin, tandis que le président russe saluait «l’héroïsme» de ses forces.
Une délégation de représentants des «ministères des Affaires étrangères, de la Défense et d’autres services, notamment de l’administration présidentielle est arrivée au Bélarus pour des négociations avec les Ukrainiens», selon le porte-parole de la présidence russe, cité par les agences nationales.
Le président ukrainien se dit prêt à des négociations avec Moscou, mais pas au Bélarus.
La bataille pour Kiev continue
La bataille pour le contrôle de Kiev se poursuit dimanche, alors que les Occidentaux accentuent encore la pression sur Moscou, en excluant des banques russes de la plateforme interbancaire Swift et en s’apprêtant à livrer davantage d’armes à l’Ukraine.
Au quatrième jour de l’offensive lancée par Vladimir Poutine, les sirènes d’alarme anti-aérienne ont de nouveau retenti à Kiev dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué le Service officiel des communications spéciales, appelant les habitants à se réfugier dans les abris de la capitale.
Des tirs russes y ont aussi touché la clôture d’un centre de stockage de déchets radioactifs, ont indiqué les secours ukrainiens, cités par l’agence Interfax-Ukraine.
Les forces russes «poursuivent leur offensive pour verrouiller Kiev» après avoir «terminé leur regroupement» sur le front nord, a de son côté affirmé l’armée ukrainienne samedi soir.
À une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, des combats se poursuivent pour le contrôle de la base aérienne de Vassylkiv, empêchant les pompiers d’intervenir pour éteindre l’important incendie d’un dépôt de pétrole frappé dans la nuit par un missile russe près de cette ville, a indiqué dimanche à l’aube le chef de l’administration de la région de Kiev, Oleksy Kouleba.
À Kharkiv (est), une femme a été tuée lors d’un tir russe samedi soir sur un immeuble résidentiel, selon les secours ukrainiens.
L’armée russe avait reçu samedi après-midi l’ordre d’élargir son offensive sur l’Ukraine, affirmant que Kiev avait refusé des négociations. «Toutes les unités ont reçu l’ordre d’élargir l’offensive dans toutes les directions», a déclaré le ministère russe de la Défense.
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Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a pris les armes pour défendre sa ville.
«Paria»
La violence de l’intervention russe a poussé samedi les Occidentaux à adopter un nouveau train de sanctions plus dures: ils ont notamment décidé d’exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé le gouvernement allemand, qui préside le forum du G7.
Une action qui «empêchera les banques d’effectuer la plupart de leurs transactions financières mondiales, et par conséquent, les exportations et importations russes seront bloquées», a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Par ailleurs, les partenaires occidentaux ont décidé de restreindre davantage l’accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux, et de «paralyser les actifs de la Banque centrale russe» afin d’empêcher Moscou d’y recourir pour financer le conflit en Ukraine, selon les mots de Mme von der Leyen.
Les nouvelles sanctions vont enfin s’en prendre aux oligarques russes et à leurs familles pour les empêcher d’obtenir la nationalité de pays occidentaux.
La Russie est désormais un «paria économique et financier mondial», faisant face à un rouble en «chute libre», et un groupe de travail «traquera» les «yachts, jets, voitures de luxe et maisons de luxe» des oligarques russes, a synthétisé samedi soir un haut responsable américain.
[ 🇷🇺 RUSSIE | 🇺🇦 UKRAINE ]
🔸 Affrontements en cours à Kiev (rive gauche).pic.twitter.com/J7DM97dOJE
— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) February 26, 2022
«Signes d’une résistance»
Rompant avec sa politique traditionnelle de refus d’exporter des armes létales en zone de conflit, l’Allemagne a annoncé samedi la fourniture à Kiev d’un millier de lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air.
Washington de son côté a annoncé samedi l’envoi d’une nouvelle aide militaire à l’Ukraine, d’un montant de 350 millions $ US, alors qu’un haut responsable du Pentagone disait à l’AFP voir «des signes d’une résistance ukrainienne viable».
«Nous pensons que les Russes sont de plus en plus frustrés par leur perte d’élan au cours des dernières 24 heures, notamment dans le nord de l’Ukraine», a-t-il ajouté.
Les Pays-Bas ont annoncé livrer 200 missiles antiaériens Stinger, la République tchèque a dit envoyer des armes pour une valeur de 7,6 millions d’euros, et la Belgique a indiqué fournir à Kiev 2000 mitrailleuses et 3800 tonnes de mazout.
La France a déclaré samedi soir avoir «décidé la livraison additionnelle d’équipements de défense aux autorités ukrainiennes», et le premier ministre de l’Australie, Scott Morrison, a annoncé dimanche que son gouvernement fournirait à l’Ukraine «tout le soutien possible en matière d’aide létale».
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