Gros plan sur les sanctions imposées à la Russie

Les diverses sanctions adoptées par les pays occidentaux à l’égard de la Russie sont des armes diplomatiques. Ces mesures de rétorsion sont ciblées, elles visent des banques et des entreprises, des oligarques, des dirigeants avec une vigueur sans précédent. Leur principal objectif : faire fléchir l’économie russe pour pousser Vladimir Poutine à renoncer à l’invasion de l’Ukraine.

Ces sanctions se subdivisent en deux grandes catégories : celles qui ont un impact économique et politique palpable et celles qui ont surtout une portée symbolique.

Implications multiples
Dans la première catégorie, se trouvent par exemple les sanctions contre les grandes banques russes. A commencer par la banque centrale.

Une partie des réserves financières de la Russie (environ 630 milliards de dollars provenant notamment de la vente de gaz et de pétrole) est déposée dans des banques en Europe et aux Etats-Unis. Or la banque centrale russe n’y a plus accès. Elle a donc moins de moyens d’intervenir sur les marchés pour acheter des roubles et soutenir la monnaie nationale en chute libre (-30% face au dollar).

Avec l’exclusion du système de messagerie interbancaire Swift, les banques russes concernées (toutes ne le sont pas encore) sont par ailleurs paralysées puisque Swift leur permet de transmettre des transactions entre banques à travers le monde.

Ces sanctions ont aussi pour effet la montée en flèche des coûts des crédits en Russie et une inflation galopante. De nombreux Russes font la queue devant les distributeurs d’argent, soucieux de leurs économies.

Toutefois, comme le rappelle la politologue et éditrice du site russia-eurasia.eu Nina Bachkatov, ces sanctions ne sont pas forcément de nature à créer de graves pénuries dans les prochaines semaines en Russie.

En revanche, elles peuvent déstabiliser les PME qui représentent jusqu’à 25% de l’économie russe et donc la classe moyenne – y compris d’ailleurs dans les pays qui ont décidé ces sanctions et dont certaines petites et moyennes entreprises dépendent du commerce avec la Russie.

Prise de distance
Même chose pour la flambée des prix du carburants et des matières premières qui affecte l’ensemble des consommateurs.

Dans le secteur du transport, l’interdiction des exportations de pièces détachées vers la Russie va pénaliser le secteur aérien civil russe qui dépend pour deux tiers des livraisons européennes.

Pour ce qui est de la haute technologie, l’Union européenne restreint aussi les exportations de logiciels et de produits pour empêcher le développement de la Russie en la matière.

Quant aux oligarques, le gel de leurs avoirs en-dehors de la Russie et les interdictions de voyager en Europe et aux Etats-Unis risquent d’affaiblir effectivement leurs affaires et donc, à terme, leur niveau de vie.

Ce qui pourrait amener certains d’entre eux à prendre leurs distances avec Vladimir Poutine, à l’instar de Mikhaïl Fridman ou du banquier Petr Aven qui nient tout lien avec le président.

Le poids des sanctions symboliques
Viennent ensuite les sanctions dans les domaines de la culture ou du sport.

Les athlètes russes sont interdits de compétitions internationales dans de nombreuses disciplines, la Russie ne pourra plus accueillir de grands événements sportifs et son équipe nationale de football est exclue de la prochaine Coupe du monde qui se tiendra au Qatar à la fin de l’année.

Enfin, dans des théâtres, des opéras européens, des ressortissants russes doivent quitter leurs fonctions.

Bien que plus symboliques, ces dernières sanctions risquent de marquer la population russe, d’après Nina Bachkatov, en fermant les derniers canaux d’échanges culturels entre populations. Le risque peut être aussi d’assimiler tous les Russes à la politique menée par le président.

Nina Bachkatov ne voit toutefois pas encore se profiler pour l’heure d’opposition coordonnée au président en Russie, étant donné la mise en condition psychologique des habitants : outre la répression des opposants, quiconque critique le gouvernement est soupçonné de pactiser avec l’ennemi.

DW

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