L’Assemblée générale de l’Onu a adopté [02.03.22], à une écrasante majorité, une résolution qui « exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ».
Sur les 193 membres de l’Onu, cinq ont voté contre cette résolution, dont l’Erythrée. Huit pays africains ont préféré s’abstenir (Algérie, Burundi, République centrafricaine, Mali, Sénégal, Afrique du Sud, Soudan et Angola).
Tandis que la Guinée, le Burkina Faso, le Togo, le Cameroun et le Maroc ont décidé de ne pas assister au vote.
L’écrivain guinéen Tierno Monénembo affirme que son pays a subi des pressions de la part de l’Ukraine et de la Russie.
« L’Ukraine a menacé la Guinée, elle a imposé à la Guinée de détacher son consulat de son ambassade à Moscou. Ils n’ont pas d’ambassade en Ukraine. Donc, l’ambassade est à Moscou et le consulat de Guinée en Ukraine dépend de Moscou. Et l’Ukraine a imposé à la Guinée de sortir son consulat de l’ambassade de Guinée à Moscou. Je pense qu’ils ont même ôté au consulat son statut, ils lui ont interdit de porter des plaques diplomatiques. Et, de la même manière, la Russie menace de sanctions, si jamais nous suivons les directives de l’Ukraine », explique-t-il.
Réalisme
Plusieurs analystes affirment que certains pays africains ne se sont pas prononcés sur la guerre en Ukraine par réalisme politique et diplomatique. Des pays comme la RCA ou le Mali, où sont déployés des agents du groupe privé de sécurité russe Wagner, ont opté pour la neutralité pour ne pas froisser leur allié russe et surtout pour ne pas subir des représailles de sa part, selon Thierry Vircoulon, coordonnateur de l’Observatoire de l’Afrique australe et expert à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
« Compte tenu de l’emprise de Wagner sur le gouvernement centrafricain, cela ne fait aucun doute pour la Centrafrique. En ce qui concerne le Mali, évidemment, ça a joué aussi. Donc, ça fait partie de l’influence sécuritaire du Kremlin sur un certain nombre de pays en Afrique », pense Thierry Vircoulon.
Pressions diplomatiques
Pour Jean-François Akandji-Kombé, professeur de droit public à l’Ecole de droit de la Sorbonne, à Paris, les pressions diplomatiques font partie des pratiques internationales de dissuasion.
« C’est le jeu dans la vie internationale. Les Etats, qui ont des intérêts, essaient d’obtenir qu’on vote en leur faveur. Bien sûr qu’il a pu y avoir des pressions du côté de la Russie. Mais, il a pu y avoir aussi des pressions du côté de l’Occident. L’Afrique avait à se déterminer entre ces deux sortes de pressions-là et regardait ses propres intérêts », soutient Jean-François Akandji-Kombé.
Selon Thierry Vircoulon, plusieurs pays africains se fournissent en armes dans trois pays d’Europe de l’est : la Russie, le Bélarus et l’Ukraine. Ce qui pourrait aussi expliquer leur discrétion affichée dans cette guerre.
dw
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