Au treizième jour des combats en Ukraine, faute d’emporter des victoires symboliques ou écrasantes, la Russie continue de frapper intensément des positions ukrainiennes, des infrastructures critiques, des immeubles résidentiels, des universités ou des écoles. « Le groupement des forces de défense aérienne des forces armées ukrainiennes réussit mieux à lutter contre les missiles et les frappes aériennes » russes, annonce ce mardi matin l’état-major ukrainien. Pour autant, des centaines de milliers de civils attendent de fuir les villes assiégées. Lundi, la Russie avait offert des routes de sortie aux Ukrainiens, mais elles menaient pour l’essentiel en Russie et en Biélorussie, et l’Ukraine, comme la France, avait dénoncé une proposition « immorale » et « cynique ».
Ouverture attendue des couloirs humanitaires
À 8 heures, heure française, la Russie cessera ses tirs d’artillerie pour permettre aux civils de quitter les villes de Kiev, Chernihiv, Soumy, Kharkiv et Marioupol. Mais une heure plus tôt, l’Ukraine n’avait toujours pas répondu officiellement aux Russes. Comme lundi, les couloirs humanitaires ouverts mèneront pour la plupart en Russie ou en Biélorussie. Le général de corps d’armée Mikhail Mizintsev, chef du Centre de contrôle de la défense nationale russe, a précisé dans la nuit qu’en plus du corridor menant de Kiev à Gomel, en Biélorussie, il était possible d’évacuer des civils vers le sud.
« Afin de prendre des mesures pratiques pour évacuer la population civile et les citoyens étrangers le long des itinéraires convenus dans le cadre d’une opération humanitaire, il est décidé d’établir une communication continue entre les parties russe et ukrainienne à partir de 9 h 30 (heure de Moscou) le 8 mars 2022, afin de partager des informations sur le déroulement des préparatifs et l’avancement de l’évacuation de la population civile et des citoyens étrangers », a-t-il proposé. Le Quartier général conjoint de coordination de la Russie pour la réponse humanitaire en Ukraine affirmait lundi soir avoir reçu « rien qu’entre le 5 et le 7 mars 2022 » « 2 000 417 demandes » d’évacuation. Il assure aussi que 173 773 personnes, dont 44 187 enfants, et 19 969 véhicules personnels, ont été évacués des environs de Louhansk et de Donetsk vers la Russie, deux territoires où les séparatistes se mobilisent avec la Russie.
De nombreuses villes sous la mitraille
Dans les oblast de Kharkiv, Soumy, Tchernihiv et Kiev, selon l’état-major des forces ukrainiennes, les forces russes, « démoralisées », se livrent de plus en plus au pillage, à la confiscation de logements et à des violences contre les habitants. Skhidnaya, Pivnichnaya, Siversky tentent de se défendre. A Pivdenny, un cordon sanitaire est en cours d’élaboration sur la côté. Les forces ukrainiennes se mobilisent aussi pour reprendre aux Russes Mykolayev et Kherson. Au moyen de « dix groupes tactiques de lutte psychologique », selon l’armée ukrainienne, les Russes mèneraient un travail de propagande auprès de la population. Le FSB, l’ancien KGB, serait aussi au travail pour identifier les volontés de résistance. Les civils durement touchés Des avions russes ont largué des bombes dans la nuit de lundi sur la ville de Soumy, endommageant des maisons dans des zones résidentielles, a déclaré Dmytro Jivitski, le chef de l’administration militaire de la ville sur Telegram. « Il y a des morts et des blessés », a-t-il dit.
Le bilan des frappes russes, dimanche, sur un immeuble résidentiel de la ville est passé à dix victimes. Un enfant a été retrouvé mort dans les décombres, selon le gouverneur régional Dmytro Zhivitsky. Des médias ukrainiens affirment ce mardi que le 4 mars, des soldats russes ont froidement tiré sur des jeunes Ukrainiens qui apportaient de la nourriture à un refuge pour chiens de Bucha, près de Kiev. Selon ce récit, les corps de Serhiy Ustymenko, 25 ans, Maxym Kuzmenko, 28 ans et Anastasia Yalanska, 26 ans, se trouvaient toujours, lundi, dans la cave du père de Serhiy Ustymenko qui les a recueillis et s’y protège des bombardements.
Un général russe tué ?
Les services de renseignements militaires ukrainiens ont affirmé à l’aube qu’un général russe avait été tué près de Kharkiv. Le général de division Vitaly Gerasimov, premier commandant adjoint de la 41e armée russe, aurait été tué, huit jours après la mort du général Andrei Sukhovetsky, également commandant adjoint de la 41e armée. L’Ukraine affirme que ses forces ont tué plus de 11 000 soldats russes. La Russie a confirmé environ 500 pertes. Aucune des deux parties n’a révélé les pertes ukrainiennes.
leparisien
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