Les Sud-Coréens se rendent aux urnes, mercredi, pour élire leur président. Parmi les favoris, le candidat de gauche Lee Jae-myung est opposé au conservateur Yoon Suk-yeol. Au centre des préoccupations électorales : l’accroissement des inégalités, loin devant la Corée du Nord et ses provocations pourtant de plus en plus fréquentes.
Les bureaux de vote ont ouvert, mercredi 9 mars, en Corée du Sud pour l’élection d’un nouveau président. Une participation record lors du vote anticipé, la semaine dernière, a montré l’intérêt des électeurs, malgré une campagne marquée par les coups bas entre les deux favoris, le candidat de gauche Lee Jae-myung, du Parti démocratique actuellement au pouvoir, et le conservateur Yoon Suk-yeol, du Parti du pouvoir au peuple (PPP).
Les deux hommes sont au coude-à-coude dans les sondages, la différence entre eux n’excédant pas la marge d’erreur, et, bien qu’impopulaires, ils cumulent à eux deux 90 % des intentions de vote, ne laissant que des miettes aux dix autres candidats.
Les bureaux de vote, où masques et désinfection des mains sont de rigueur, fermeront à 18 h (9 h GMT), et les urnes seront ensuite accessibles jusqu’à 19 h 30 (10 h 30 GMT) pour les malades du Covid-19. Le pays de 52 millions d’habitants traverse actuellement une vague du variant Omicron, avec près de 200 000 nouveaux cas quotidiens.
La question pacifiste
Les deux partis concurrents sont très éloignés idéologiquement et la question est de savoir, selon les observateurs, si les électeurs voudront tourner le dos au Parti démocratique pacifiste en faveur du PPP, plus guerrier.
Selon les sondages, la montée en flèche des prix de l’immobilier à Séoul, les écarts de richesse croissants et le fort taux de chômage chez les jeunes sont les principales préoccupations des électeurs.
Le nouveau président sera aussi confronté à une Corée du Nord de plus en plus agressive, qui poursuit une série record de tests d’armement cette année, dont un samedi dernier.
Séoul a annoncé, mercredi, avoir procédé la veille à des tirs de semonce contre un patrouilleur nord-coréen qui tentait d’intervenir après la saisie, par Séoul, d’un navire également nord-coréen et de ses sept membres d’équipage.
Revenu universel
Lee Jae-myung, 57 ans, ancien ouvrier et gouverneur de la province la plus peuplée du pays, a proposé des mesures originales, notamment un revenu universel minimum et des uniformes scolaires gratuits.
Mais il est dans le collimateur pour une opération foncière suspecte, notamment après le suicide de deux témoins-clés de cette affaire.
Il a commencé sa campagne en s’excusant pour avoir injurié des membres de sa famille au téléphone. Sa femme a été accusée de détournement de fonds publics, et il a fait l’objet de rumeurs sur des liens supposés avec la mafia.
Son rival Yoon Suk-yeol, 61 ans, propose un assouplissement du droit du travail, visant notamment le salaire minimum et le temps de travail maximum.
Mais sa proposition qui a le plus retenu l’attention vise à supprimer le ministère de l’Égalité hommes-femmes, au motif que, malgré les données prouvant le contraire, les Sud-Coréennes ne souffrent pas de « discrimination systémique entre les sexes », selon lui.
Le conservateur a lui-même commis une série de bévues, dont la plus récente est la suppression d’un tweet sur l’Ukraine, qui comportait une mandarine avec un visage en colère dessiné dessus, une référence bizarre à la « révolution orange » dans ce pays en 2004-2005.
« Irrégularités »
La loi interdit au président sortant Moon Jae-in de briguer un second mandat de cinq ans. À ce jour, tous les anciens chefs d’État encore vivants ont fait de la prison pour corruption après leur départ.
Yoon Suk-yeol, un ancien procureur général nommé par Moon Jae-in, a déjà averti qu’il ordonnerait une enquête sur son ancien patron s’il était élu, citant des « irrégularités » présumées dont il n’a pas précisé la nature.
AFP