La vente du club britannique de football de Chelsea est suspendue en raison des sanctions annoncées jeudi par le gouvernement britannique contre son propriétaire russe Roman Abramovitch, en représailles à l’invasion russe de l’Ukraine.
Le propriétaire du club de Premier League (1e division anglaise) figure parmi sept riches et influents Russes proches du Kremlin ciblés jeudi par le gouvernement britannique.
Roman Abramovitch, 55 ans, avait jusqu’à présent été épargné par la vague de sanctions prises par le Royaume-Uni contre des personnes et entités liées au pouvoir en Russie, dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine.
Il subit désormais un gel de ses avoirs, une interdiction de transactions avec des particuliers et des entreprises britanniques et une interdiction de voyager.
Première conséquence: la vente du club de Chelsea qu’il avait annoncée la semaine dernière anticipant de possibles sanctions à son encontre, est en suspens.
« Compte tenu de l’impact significatif » des sanctions sur le club qu’il possède, le gouvernement a publié « une licence autorisant la poursuite d’un certain nombre d’activités » pour Chelsea qui pourra continuer à jouer des matchs et payer ses joueurs.
Cette licence n’autorise pas la vente du club mais le gouvernement pourra examiner une demande de licence permettant cette vente si celle-ci ne profite pas à M. Abramovitch.
« En aucun cas Roman Abramovitch ne pourrait tirer profit de cette vente », a déclaré un porte-parole du gouvernement.
« Le gouvernement est ouvert à la vente du club, mais cela nécessiterait une autre licence et des discussions avec le Trésor et d’autres ministères », a-t-il ajouté.
« Sang sur les mains »
Les autres oligarques visés par les sanctions annoncées jeudi sont le milliardaire et fondateur du géant de l’aluminium Rusal Oleg Deripaska, le directeur général du géant pétrolier russe Rosneft Igor Setchine, le président de la banque VTB – la deuxième plus grosse banque de Russie – Andreï Kostin, le PDG de la société énergétique Gazprom, Alexeï Miller, le président du poids lourd du pétrole et du gaz Transneft, Nikolai Tokarev et le président du conseil d’administration de Bank Rossiya Dmitri Lebedev.
« Les sanctions d’aujourd’hui montrent une fois de plus que les oligarques et les kleptocrates n’ont pas leur place dans notre économie ou notre société. Avec leurs liens étroits avec (le président russe Vladimir) Poutine, ils sont complices de son agression », a déclaré dans un communiqué la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss à propos de l’invasion russe de l’Ukraine.
« Ils ont le sang du peuple ukrainien sur leurs mains. Ils devraient baisser la tête de honte », a-t-elle ajouté.
Roman Abramovitch avait acheté l’équipe de Premier League en 2003 pour 140 millions de livres (168 millions d’euros). Plusieurs acquéreurs potentiels s’étaient manifestés, même si le prix de 3 milliards de livres (3,6 mds d’euros) que semblait espérer Abramovitch aurait été difficile à atteindre.
Avant de se résoudre à vendre, il avait essayé de sauver ce qui pouvait l’être en confiant fin février la gestion au quotidien du club aux six administrateurs de sa fondation caritative.
Il avait aussi promis que le « produit net » de la vente serait versé à une fondation caritative au profit de « toutes les victimes de la guerre en Ukraine ».
Mais il n’a finalement pas échappé aux sanctions qui touchent par ricochet Chelsea.
Le gouvernement britannique a estimé la richesse de Roman Abramovitch à 9,4 milliards de livres sterling.
En plus d’être propriétaire de Chelsea, M. Abramovitch détient des participations dans le géant de l’acier Evraz – dont le cours de l’action a chuté jeudi à Londres après l’annonce des sanctions, avant d’être suspendue temporairement par l’autorité britannique des marchés. Il détient aussi des parts dans la société russe Norilsk Nickel, spécialisée dans l’exploitation et la transformation du nickel et du palladium.
Un des autres oligarques sanctionnés, Oleg Deripaska, possède un portefeuille immobilier de plusieurs millions de livres au Royaume-Uni. Sa richesse est estimée à deux milliards de livres.
Ces sanctions s’inscrivent dans une série de mesures de représailles prises par le gouvernement britannique pour toucher l’économie russe, le Premier ministre Boris Johnson promettant d’être « impitoyable dans la poursuite de ceux qui permettent le meurtre de civils, la destruction d’hôpitaux et l’occupation illégale d’alliés souverains ».
Le Royaume-Uni a déjà sanctionné plus de 200 des personnes, entités et filiales les plus importantes de Russie depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février.
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