Présidentielle : Entre Macron 2017 et Macron 2022, trois grandes différences sur la réforme des retraites

Projet du candidat Macron en 2017, la réforme des retraites est aussi un projet du candidat Macron 2022. Après un sérieux relooking

La réforme des retraites n’a jamais pu se faire pendant le quinquennat en cours, la faute au coronavirus et une série de rendez-vous manqués. Emmanuel Macron en fait l’un des projets majeurs de sa candidature pour 2022 et d’un éventuel nouveau quinquennat.

Mais entre la version 2017 et les esquisses de 2022, cette fameuse réforme a déjà beaucoup changé.
C’est la première mesure officielle du programme du néocandidat Emmanuel Macron pour 2022. Si le président sortant est réélu, l’âge de départ à la retraite sera progressivement allongé jusqu’à 65 ans. Un projet confirmé par le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur RTL ce jeudi, après que l’information soit sorti dans Les Echos la veille.

La réforme des retraites et Emmanuel Macron, c’est pourtant l’histoire de plusieurs rendez-vous manqués. Annoncé dès 2017 durant sa campagne, mis sur la table fin 2019, le projet avait rencontré une vive opposition dans la rue, avant que le coronavirus​ ne vienne geler le projet. Lors du fameux discours « Nous sommes en guerre » du 16 mars 2020, annonçant notamment le confinement, le président indiquait alors que « toutes les réformes en cours sont suspendues, à commencer par la réforme des retraites ». Plus tard, lors du déconfinement, la réforme avait de nouveau été envisagée. Mais à chaque fois, le coronavirus est revenu s’imposer dans l’actualité, au point que le projet a petit à petit été abandonné.

Voilà donc la réforme des retraites officiellement de retour pour cette campagne 2022. Mais en cinq ans, le candidat Macron a modifié pas mal de choses dans ses plans. 20 Minutes fait le point.

L’âge de départ
Commençons par l’évidence, et la principale annonce pour le moment du projet. L’âge de départ à la retraite passerait à 65 ans, donc, une nouveauté par rapport à il y a cinq ans. Le 12 mars 2017, le candidat Macron, interviewé sur TF1, présente ses projets de réformes et indique ne pas toucher à « l’âge de départ à la retraite durant le quinquennat », fixé à 62 ans. Sur son site de campagne, l’ambiguïté règne : « Il y aura toujours un âge légal de la retraite à partir duquel on pourra liquider ses droits. Il restera à 62 ans. Mais ceux qui le souhaitent pourront choisir de travailler plus longtemps afin d’améliorer leur pension. »

En 2019, quand le Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, présente le projet de réforme devant le Conseil économique, social et environnemental puis sur TF1, il annonce l’instauration d’un « âge d’équilibre » fixé à 64 ans, afin de toucher une retraite à taux plein, soulevant de vives oppositions.

« Cette fois, il n’y a plus d’âge pivot, plus d’âge d’équilibre, et il n’y a plus d’ambiguïté possible. L’âge est même la première annonce de cette nouvelle réforme. C’est bel et bien un report du départ à la retraite », note Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Cinq ans plus tard, Emmanuel Macron veut faire clair.

Une réforme bien moins complexe
En 2017, le candidat En Marche souhaite réformer en profondeur le système des retraites, pour mettre en place « un système universel de retraites où un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé », selon son site de campagne. Tout le monde doit être logé à la même enseigne et sous un seul régime : « Fonctionnaires, salariés, indépendants auront tous les mêmes droits, le calcul de la retraite sera le même pour tous », précise le site.

Dans le projet 2022, certains régimes spéciaux seraient supprimés, comme celui de la RATP par exemple, a indiqué Gabriel Attal. Mais il en est fini du projet d’universalité. « On ne touche plus aux régimes des fonctionnaires, on ne touche pas aux régimes autonomes, on n’harmonise pas les différents statuts », avance Henri Sterdyniak.

Ce changement a deux avantages, analyse l’expert. Premièrement, il devrait entraîner beaucoup moins de contestation, notamment chez les catégories professionnelles supérieures, parmi les plus gros votants d’Emmanuel Macron. « Les enseignants et autres fonctionnaires sans systèmes de primes étaient les principaux perdants du précédent projet de retraite universel. C’est une base qui sait se faire entendre. La réforme version 2022 retarde leur âge de retraite, mais ne s’attaque pas aux spécificités de leur régime », indique Henri Sterdyniak.

Deuxième point : la réforme, qui nécessite bien moins de modifications en profondeur, sera plus simple à mettre en place : « La réforme de 2017 supposait de fusionner les régimes très disparates, entre la retraite des pilotes de ligne, des avocats, des dentistes, des médecins généralistes… Elle ne pouvait s’établir qu’après une longue période de transition et d’aménagement », poursuit l’économiste. Rien à voir désormais puisqu’« il s’agit cette fois d’une réforme paramétrique : on touche simplement à l’âge de départ sans changer le reste », synthétise Henri Sterdyniak.

La retraite minimum
Dernier changement (pour l’heure), le minimum retraite sera de 1.100 euros, a annoncé Gabriel Attal, contre 1.000 euros dans le projet de 2017. Mais l’avancée est faible, estime Henri Sterdyniak : « Avec l’inflation, 1.100 euros en 2022 correspondent à 1.000 euros en 2017, voire moins. Et c’est faible pour faire passer la pilule des 65 ans ».

Pas de quoi en faire un changement majeur, contrairement aux deux premiers points. Pour l’économiste, il est clair que « la réforme de 2022 n’a plus rien à voir avec celle de 2017 ». Définitivement un rendez-vous manqué pour cette dernière.

20minutes

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