Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, des avions Rafale de la base de Mont-de-Marsan effectuent des rotations chaque jour pour surveiller l’espace aérien en Pologne
- Une mission de surveillance de l’espace aérien de l’Otan à l’est de l’Europe a été déclenchée quelques heures après l’invasion russe en Ukraine.
- La France assure la police de l’air au-dessus de la Pologne, avec des Rafale qui décollent chaque jour de la base de Mont-de-Marsan.
- S’il s’agit d’une mission de surveillance, les avions de chasse sont tout de même équipés de missiles, pour se défendre en cas d’acte hostile.
La mission a été déclenchée « dès le 24 février, juste après la déclaration de guerre de la Russie », souligne le lieutenant-colonel Antoine, commandant de la 30e escadre de chasse de Mont-de-Marsan (Landes). Depuis, deux Rafale effectuent chaque jour un aller-retour entre la base aérienne 118 et la Pologne, pour effectuer des missions de « police du ciel » sur le flanc est de l’Europe.
Le déclenchement de cette opération « Enhanced vigilance activities » (EVA) de l’Otan, « montre que l’on a été capables, quelques heures après l’invasion de l’Ukraine, d’avoir nos avions disponibles et prêts à défendre le territoire otanien », poursuit le lieutenant-colonel Antoine. « La France a ainsi décidé de montrer sa détermination à défendre ce territoire sur la frontière est », ajoute le colonel Jean-Michel Herpin, commandant de la BA 118.
« Détecter une éventuelle intrusion »
Si la France intervient au-dessus de la Pologne, « d’autres armées de l’air, européennes et américaine, sont également mobilisées et peuvent aller au-dessus de la Roumanie », insiste le lieutenant-colonel Antoine. L’idée est de maintenir une présence permanente le long de la frontière avec l’Ukraine, afin d’écarter toute éventuelle menace.
L’objectif de cette mission « est de surveiller l’espace aérien de ces pays, de détecter une éventuelle intrusion de forces aériennes étrangères, pour soit les raccompagner, soit les dérouter, détaille le lieutenant-colonel Antoine. Nous y allons avec des avions armés, car s’il y a des actes hostiles à l’encontre des avions de la coalition otanienne, il faut être en mesure de se défendre. »
Equipés de missiles « capables de détruire un avion à longue portée »
L’armement est constitué de six missiles Mica à guidage infrarouge et Meteor, « capables de détruire un avion à longue portée, soit à plusieurs dizaines de kilomètres », ajoute le commandant de l’escadre de chasse. Ces Rafale sont « en mission d’interception et de défense aérienne, précise le colonel Herpin. En plus de leurs six missiles air-air, ils sont équipés de trois réservoirs de carburant supplémentaires afin d’avoir l’endurance la plus importante possible. »
« Notre fréquence de vols est très évolutive en fonction de la présence des autres pays de l’Otan, ajoute le lieutenant-colonel Antoine, mais il y a au moins une vague de deux avions qui part chaque jour. »
Des vols de huit à neuf heures au total
Après leur décollage de Mont-de-Marsan, les Rafale rejoignent, au nord-est de la France, un avion ravitailleur qui décolle de la base d’Istres. « Nous transitons avec lui sur zone, afin qu’il ravitaille, généralement quatre fois, nos avions, poursuit le lieutenant-colonel Antoine. Cela permet d’assurer une mission qui dure généralement trois heures sur place, soit un vol de huit à neuf heures au total avec l’aller et le retour. »
L’autonomie d’un Rafale, dans cette configuration, est de l’ordre d’1h30 à 2 h de vol. « Au niveau physiologique, ce sont des missions qui sont longues, avec des créneaux de jour ou de nuit », pointe le capitaine Vincent, pilote de chasse.
Avant chaque vol, les pilotes sont briefés par un officier-renseignement, qui fait un point de situation, dresse l’état des lieux des forces en présence, précise l’état du dispositif aux côtés duquel ils vont faire leur mission.
Le capitaine Vincent précise que « nous sommes là en observation » : « les directives sont claires et nous savons exactement ce que nous devons faire, et quelle ligne nous ne devons pas franchir ». Jusqu’à présent, il n’a pas ressenti « la tension du conflit qui se déroule actuellement ». « En l’air, la situation est calme, il n’y a pas de danger. Mais nous partons armés pour que notre commandement puisse, si besoin, nous faire intervenir ». « Aucun incident » n’a été relevé depuis le début du conflit, assure le lieutenant-colonel Antoine.
Surveillance du territoire national
Cette mission de police de l’air est une des spécificités de la BA 118 de Mont-de-Marsan. « On fait la même chose en France 365 jours par an », indique le lieutenant-colonel Antoine. La 30e escadre de chasse, composée d’une quarantaine de Rafale, est en effet utilisée dans le cadre de la surveillance du territoire national. « Nous avons deux avions armés capables de décoller en quelques minutes pour intercepter ou aider un avion en difficulté sur le territoire national », complète le colonel Herpin.
Avec 3.500 personnes, la BA 118 de Mont-de-Marsan est l’une des plus importantes bases de l’Armée de l’Air. Elle abrite en tout une cinquantaine de Rafale, et une dizaine de lanceurs Mamba (défense sol-air). Ces avions sont aussi projetés sur d’autres théâtres d’opérations. « A l’heure actuelle, indique le colonel Herpin, nous avons des équipages en Jordanie, pour des missions au-dessus de l’Irak et de la Syrie, dans le cadre de l’opération Chammal. »
rtl